Georges Haddad, président de l’université Paris 1 Sorbonne, fait part de son inquiétude alors que les locaux de la faculté sont occupés par une minorité d’étudiants.
Georges Haddad, le président de l’université Paris-1 Sorbonne, se dit « inquiet » et « en colère », alors que les locaux de Tolbiac qui dépendent de sa faculté sont occupés depuis deux semaines.
Quelle est actuellement la situation dans votre université ?
Sur les 45 000 étudiants de Paris 1, 30 000 ont cours.
Mais le bâtiment de Tolbiac est bloqué par des militants dont le nombre est variable, entre une quarantaine et plusieurs centaines.
Quelques milliers d’étudiants en éco, gestion, histoire, mathématiques et informatique, etc. n’ont pas de cours et nous envoient des mails très inquiets.
Que leur dites-vous ?
Que l’année sera un peu réduite au niveau des contenus, mais il y aura de vrais partiels avec de vraies notes.
Et pas 10/20 à tout le monde, ce qui n’aurait aucun sens.
Jamais, moi président, je n’autoriserai des partiels au rabais et des notes de complaisance.
Il est impossible de les envisager à Tolbiac.
Nous travaillons avec le rectorat pour obtenir des lieux appropriés pour ces examens.
Il est hors de question qu’ils se passent sous tension.
Nous annoncerons les lieux en temps et en heure, assez tard pour éviter des débordements.
Mes services y travaillent d’arrache-pied.
Avez-vous déjà connu une occupation comme celle-ci ?
Non. Il y a déjà eu des blocages, mais jamais à ce niveau-là et avec cette dimension politique et idéologique.
Cela a commencé comme une contestation de la loi sur Parcoursup, par des étudiants, avec des revendications que je peux comprendre.
Mais maintenant, j’observe une contestation globale, qui demande la démission du Président de la République, la fin du capitalisme et des Etats…
J’ai peur que Tolbiac se transforme en une ZAD universitaire.
Allez-vous faire appel à la police ?
Je suis le seul à pouvoir le faire, en tant que président de l’université. Je ferai tout ce qui est humainement possible pour l’éviter.
Mais au moment où je sentirai que le seuil critique peut basculer, je serai peut-être amené à le faire, à mon corps défendant.
Comprenez-vous que des étudiants se mobilisent contre la réforme de l’accès à l’université Parcoursup ?
Oui, je la comprends. Parcoursup a du positif, en ce sens qu’il va responsabiliser les établissements dans la réussite de leurs étudiants, et qu’il va rapprocher les lycées et les universités.
Mais c’est vrai aussi qu’il implique de la sélection.
Il va falloir noter chaque dossier de candidature sans ex aequo, et quelle sera la différence entre un dossier à 18,877/20 et un autre à 18,876/20 ?
Cela choque le mathématicien que je suis.
Et comment va-t-on noter les lettres de motivation que doivent rédiger les élèves, mais qui sont souvent écrites par d’autres ?
Les enseignants de votre université vont-ils appliquer ces règles prévues dans Parcoursup ?
Si mes collègues ne veulent pas participer à ce tri, c’est moi qui devrais m’y coller. Mais alors le gouvernement devra attendre 2019 pour les résultats car je ferai une lecture de chaque dossier point par point.
Je lirai toutes les lettres de motivation, et je ferai le tri entre celles qui ont été écrites par des élèves ou d’autres.
Je saurai le faire : j’en ai moi-même rédigé récemment pour le compte de jeunes de milieux modestes qui n’avaient pas les moyens de se payer un coach.
J’ai travaillé dessus tout un week-end.
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