Publié le vendredi 9 février 2018
Une enquête-choc publiée vendredi par le quotidien britannique The Times allègue que plusieurs employés d' Oxfam se sont offert les services de prostituées haïtiennes dans des résidences payées avec de l'aide humanitaire destinée à alléger les souffrances de la population après le séisme de 2010.
Selon le journal, l'organisation caritative aurait finalement décidé, après enquête, de laisser trois hommes démissionner de leurs fonctions et d’en congédier quatre autres.
Le tout aurait cependant été étouffé afin de ne pas nuire à la réputation d'Oxfam, et aucun dossier n'a été soumis à la police.
Selon un rapport confidentiel rédigé pour le compte d’Oxfam en 2011, le directeur local d’Oxfam en Haïti, Roland van Hauwermeiren, a admis avoir reçu des prostituées dans la villa qui avait été louée pour lui.
Plutôt que d'être congédié, il s'est vu offrir la possibilité de démissionner avec un préavis d’un mois, s’il collaborait à l’enquête.
« Cette proposition a été subséquemment approuvée par [la directrice générale d’Oxfam] Barbara Stocking […] en raison des retombées potentiellement graves pour le programme et ses partenaires affiliés et pour la suite de l’enquête, s’il devait être démis de ses fonctions », lit-on dans le rapport.
Deux autres employés d’Oxfam ont démissionné alors qu’ils faisaient l'objet d'une enquête pour avoir embauché des prostitués et pour intimidation, et quatre autres ont été renvoyés par Oxfam pour grossière indécence.
Il s’agissait dans tous les cas de travailleurs humanitaires d’expérience.
Parmi ces quatre employés, certains ont « utilisé les services de prostituées dans des propriétés d’Oxfam », tandis que d’autres ont enregistré du « matériel pornographique ou illégal » sur des ordinateurs de travail.
Plus généralement, le rapport évoque une « culture d’impunité » parmi les employés.
Réaction d'Oxfam-Québec
Contactée par Radio-Canada, la directrice d'Oxfam-Québec, Denise Byrnes, affirme qu'elle était au courant de l’histoire du Times depuis 2011, et qu’elle en avait été outrée.
Elle souligne que ses employés ne sont pas en cause dans ces événements.
« Ce sont des comportements qui sont inexcusables et qui vont totalement à l'encontre des valeurs profondes d'Oxfam. Nous ne pouvons tolérer aucun comportement de ce genre et nous devons nous assurer d'avoir toutes les mesures possibles en place pour éviter que ça n'arrive encore. »
Denise Byrnes pense toutefois que, comme tous les autres secteurs de la société, Oxfam n’est pas à l’abri de ce type de comportement.
« L’important c’est de mettre en place des politiques qui permettent aux gens de dénoncer », dit-elle.
Des chauffeurs menacés
Une source du Times dit avoir informé Oxfam que des orgies avaient eu lieu dans des appartements transformés en « bordel ».
Cette source dit avoir vu une vidéo filmée par un résident de ces appartements.
« Ils se faisaient dire : "Écoutez, si vous voulez que vos contrats soient prolongés, nous avons besoin de filles, et nous avons besoin que vous les transportiez." »
La prostitution est illégale en Haïti, et l’âge requis pour consentir à des relations sexuelles est de 18 ans.
Oxfam, qui reçoit chaque année environ 300 millions de livres (environ 525 millions de dollars canadiens) du gouvernement britannique et du public, a un code de conduite qui interdit toute exploitation sexuelle.
Elle souscrit également à un code de conduite des Nations unies qui interdit tout achat de services sexuels.
Enquête interne
Contactée par le Times, Oxfam a nié avoir tenté d'étouffer l'affaire.
Elle assure qu’elle traite « extrêmement sérieusement » toutes les allégations d’inconduite.
Dans le cas soulevé par le quotidien, indique-t-elle, une enquête interne a été lancée immédiatement, annoncée publiquement, et les employés visés ont été suspendus en attendant sa conclusion.
« Certaines allégations ont été retenues, et un certain nombre d’employés ont été congédiés en conséquence », a précisé Oxfam.
« D’autres ont quitté l’organisation avant que l’enquête soit complétée – les fiduciaires d’Oxfam, la Charity Commission [une agence gouvernementale] et le ministère du Développement international ont été informés. »
M. Van Hauwermeiren « a pris toute la responsabilité pour les événements qui ont eu lieu sous sa direction, et il a été autorisé à démissionner, car il avait soutenu et coopéré à l’enquête sans réserve », a-t-elle ajouté.
Oxfam précise par ailleurs que des allégations selon lesquelles certaines des prostituées étaient mineures « n’ont pas été prouvées ».
Qui plus est, aucun cas n’a été soumis à la police haïtienne.
« L’avis juridique que nous avons reçu en Haïti était que, étant donné la nature des allégations, il était hautement improbable qu’une action allait être entreprise, considérant les bouleversements continus et le chaos », a commenté une porte-parole.
À la fin de son enquête, à l’été 2011, Oxfam s’était contentée de publier un communiqué indiquant qu’un petit nombre d’employés avaient été « impliqués dans quelques cas d’inconduite », en prenant soin de dire qu’il n’y avait pas eu de fraude, mais sans faire la moindre mention de délits sexuels.
La Charity Commission a indiqué au Times qu’elle n’avait jamais reçu le rapport d’enquête final d’Oxfam, et que les allégations visant les employés n’avaient jamais été précisées.
Elle presse maintenant l’organisation de clarifier ce qui s’est passé.
« Nous n’avons aucune tolérance pour le harcèlement ou les agressions sexuelles », a commenté le ministère du Développement international.
« Nous nous attendons à ce que nos partenaires mettent en place des systèmes robustes pour prévenir ces comportements inacceptables, enquêter sur les plaintes comme le requiert la Charity Commission, et soutiennent ceux qui ont été concernés. »
Le secrétaire en chef du Trésor britannique, Liz Truss, dit avoir trouvé les révélations du Times « choquantes, écoeurantes et déprimantes ».
Le tout aurait cependant été étouffé afin de ne pas nuire à la réputation d'Oxfam, et aucun dossier n'a été soumis à la police.
Selon un rapport confidentiel rédigé pour le compte d’Oxfam en 2011, le directeur local d’Oxfam en Haïti, Roland van Hauwermeiren, a admis avoir reçu des prostituées dans la villa qui avait été louée pour lui.
Plutôt que d'être congédié, il s'est vu offrir la possibilité de démissionner avec un préavis d’un mois, s’il collaborait à l’enquête.
« Cette proposition a été subséquemment approuvée par [la directrice générale d’Oxfam] Barbara Stocking […] en raison des retombées potentiellement graves pour le programme et ses partenaires affiliés et pour la suite de l’enquête, s’il devait être démis de ses fonctions », lit-on dans le rapport.
Deux autres employés d’Oxfam ont démissionné alors qu’ils faisaient l'objet d'une enquête pour avoir embauché des prostitués et pour intimidation, et quatre autres ont été renvoyés par Oxfam pour grossière indécence.
Il s’agissait dans tous les cas de travailleurs humanitaires d’expérience.
Parmi ces quatre employés, certains ont « utilisé les services de prostituées dans des propriétés d’Oxfam », tandis que d’autres ont enregistré du « matériel pornographique ou illégal » sur des ordinateurs de travail.
Plus généralement, le rapport évoque une « culture d’impunité » parmi les employés.
Réaction d'Oxfam-Québec
Contactée par Radio-Canada, la directrice d'Oxfam-Québec, Denise Byrnes, affirme qu'elle était au courant de l’histoire du Times depuis 2011, et qu’elle en avait été outrée.
Elle souligne que ses employés ne sont pas en cause dans ces événements.
« Ce sont des comportements qui sont inexcusables et qui vont totalement à l'encontre des valeurs profondes d'Oxfam. Nous ne pouvons tolérer aucun comportement de ce genre et nous devons nous assurer d'avoir toutes les mesures possibles en place pour éviter que ça n'arrive encore. »
Denise Byrnes pense toutefois que, comme tous les autres secteurs de la société, Oxfam n’est pas à l’abri de ce type de comportement.
« L’important c’est de mettre en place des politiques qui permettent aux gens de dénoncer », dit-elle.
Des chauffeurs menacés
Une source du Times dit avoir informé Oxfam que des orgies avaient eu lieu dans des appartements transformés en « bordel ».
Cette source dit avoir vu une vidéo filmée par un résident de ces appartements.
Selon une source du Times, les chauffeurs employés par l’organisation étaient menacés de perdre leur contrat s’ils ne collaboraient pas.Ils faisaient de grosses fêtes avec des prostituées. Ces filles portaient des t-shirts d’Oxfam, se promenaient à moitié nues. C’était comme une orgie de Caligula. C’était incroyable. C’était fou.
« Ils se faisaient dire : "Écoutez, si vous voulez que vos contrats soient prolongés, nous avons besoin de filles, et nous avons besoin que vous les transportiez." »
La prostitution est illégale en Haïti, et l’âge requis pour consentir à des relations sexuelles est de 18 ans.
Oxfam, qui reçoit chaque année environ 300 millions de livres (environ 525 millions de dollars canadiens) du gouvernement britannique et du public, a un code de conduite qui interdit toute exploitation sexuelle.
Elle souscrit également à un code de conduite des Nations unies qui interdit tout achat de services sexuels.
Enquête interne
Contactée par le Times, Oxfam a nié avoir tenté d'étouffer l'affaire.
Elle assure qu’elle traite « extrêmement sérieusement » toutes les allégations d’inconduite.
Dans le cas soulevé par le quotidien, indique-t-elle, une enquête interne a été lancée immédiatement, annoncée publiquement, et les employés visés ont été suspendus en attendant sa conclusion.
« Certaines allégations ont été retenues, et un certain nombre d’employés ont été congédiés en conséquence », a précisé Oxfam.
« D’autres ont quitté l’organisation avant que l’enquête soit complétée – les fiduciaires d’Oxfam, la Charity Commission [une agence gouvernementale] et le ministère du Développement international ont été informés. »
M. Van Hauwermeiren « a pris toute la responsabilité pour les événements qui ont eu lieu sous sa direction, et il a été autorisé à démissionner, car il avait soutenu et coopéré à l’enquête sans réserve », a-t-elle ajouté.
Oxfam précise par ailleurs que des allégations selon lesquelles certaines des prostituées étaient mineures « n’ont pas été prouvées ».
Qui plus est, aucun cas n’a été soumis à la police haïtienne.
« L’avis juridique que nous avons reçu en Haïti était que, étant donné la nature des allégations, il était hautement improbable qu’une action allait être entreprise, considérant les bouleversements continus et le chaos », a commenté une porte-parole.
À la fin de son enquête, à l’été 2011, Oxfam s’était contentée de publier un communiqué indiquant qu’un petit nombre d’employés avaient été « impliqués dans quelques cas d’inconduite », en prenant soin de dire qu’il n’y avait pas eu de fraude, mais sans faire la moindre mention de délits sexuels.
La Charity Commission a indiqué au Times qu’elle n’avait jamais reçu le rapport d’enquête final d’Oxfam, et que les allégations visant les employés n’avaient jamais été précisées.
Elle presse maintenant l’organisation de clarifier ce qui s’est passé.
« Nous n’avons aucune tolérance pour le harcèlement ou les agressions sexuelles », a commenté le ministère du Développement international.
« Nous nous attendons à ce que nos partenaires mettent en place des systèmes robustes pour prévenir ces comportements inacceptables, enquêter sur les plaintes comme le requiert la Charity Commission, et soutiennent ceux qui ont été concernés. »
Le secrétaire en chef du Trésor britannique, Liz Truss, dit avoir trouvé les révélations du Times « choquantes, écoeurantes et déprimantes ».
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