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jeudi 5 décembre 2019

Alexandre Langlois : « Notre pays attire les Black Blocs étrangers car ils s’y savent en toute impunité ! »

 
 


Alexandre Langlois réagit à la venue annoncée de 1.000 casseurs à la manif du 5 : « Cela décourage les gens de venir manifester. »

Il fait le point sur les moyens mobilisés par la préfecture de police et s’inquiète de la stratégie du préfet Lallement.



La manifestation intersyndicale prévue jeudi aura bien lieu à Paris.
Elle fait partie des 245 points de manifestations recensés par le ministère de l’Intérieur.
Le préfet de police de Paris annonce la venue de 1.000 casseurs.
Ces casseurs pourront-ils être neutralisés avant qu’ils ne commettent les violences dont on les accuse d’avance ?

Le syndicat VIGI préconise d’interpeller toutes ces personnes et de leur interdire l’accès à la manifestation avant qu’elles commettent des dommages.
Sur les manifestations, comme celles des gilets jaunes, de la loi Travail ou encore de la Manif pour tous, des gens viennent désorganiser les manifestations et ne sont quasiment jamais interpellés.
On se demande ce que M. Lallement entend par casseurs.
S’il considère qu’une dame de 60 ans qui n’est pas dans le même camp que lui est une casseuse, alors il va y avoir de nombreux casseurs.
Si ce sont réellement des casseurs tels les Black Blocs, qui viennent commettre des actions criminelles et délictuelles pour de vrai, on retrouve toujours un noyau dur de 300 à 400 personnes sur les grosses manifestations parisiennes, connues des services de renseignement.
Des personnes viennent toujours profiter de ces manifestations pour se déguiser en noir et se donner une dose d’adrénaline.
Par conséquent, on trouve tout et n’importe qui dans ce Black Bloc.
Notre pays attire les Black Blocs étrangers pour la simple et bonne raison qu’ils peuvent agir en toute impunité chez nous.

Ce phénomène peut aussi gonfler les chiffres.
Sur le mouvement des gilets jaunes, il a été possible de faire des interpellations préventives pour des motifs divers et variés.
On aimerait que le préfet de police Lallement applique la même sévérité pour des personnes qui causent réellement des dommages et des destructions.

Comment explique-t-on cette impression d’impunité de ces militants d’extrême gauche ?

Je ne donnerais pas d’étiquette politique.
On ne sait toujours pas qui est derrière ces Black Blocs.
Par rapport au Code pénal, j’ai juste parlé de criminels et de délinquants.
Chacun fera son analyse.
Ces personnes-là peuvent agir en toute impunité à chaque fois.
Nos collègues sur le terrain n’ont pas ordre de les interpeller quand ils se présentent devant eux. Depuis plusieurs années, quand les CRS, les policiers et les gendarmes mobiles ont enfin l’ordre d’intervenir, ces personnes lâches s’enfuient très rapidement et laissent les manifestants prendre les coups à leur place.
Par conséquent, les gens n’ont plus envie de manifester, craignant pour leur sécurité.
25 personnes ont été mutilées depuis le début du mouvement des gilets jaunes.
C’est quand même un record, en France, pour des gens qui n’ont rien fait.
Si ces gens commettaient des agressions, jetaient de l’acide ou des pavés, ce serait dans le cadre de la légitime défense.
Mais dans ce cas précis, ces gens n’ont rien fait.
En revanche, cela permet de faire de « jolies images ».
Lors d’un acte des gilets jaunes sur la place de la République, trente délinquants avaient crié aux policiers « Suicidez-vous ».
Mes collègues sur place m’ont témoigné qu’ils n’avaient pas eu l’ordre de les interpeller.
Autant il est idiot de traiter ces personnes par du maintien de l’ordre, autant, dans une opération de police judiciaire, c’est très efficace.
Qui sont ces personnes ?
Pourquoi ne les interpelle-t-on pas ?
Seules les personnes dans la salle de commandement ont ces réponses.
Ce soir-là, M. Castaner avait déclaré « Je vais tout mettre en œuvre pour retrouver ces personnes ». Les services de police judiciaires sont déjà submergés de travail pour qu’on leur rajoute le travail qui aurait dû être fait en cinq minutes l’après-midi.
On donne dans la posture politique et la communication politique.
En revanche, d’un point de vue opérationnel, on frôle le niveau zéro.
Cela aggrave même la situation et complique le travail des policiers sur le terrain.

La préfecture prend-elle cette manifestation au sérieux ? A-t-on une idée des effectifs qui seront déployés jeudi ?

La préfecture de police prend cette manifestation très au sérieux.
Si le préfet de police obtient gain de cause, 55 unités de gendarmes mobiles et CRS seront sous ses ordres.
Cela fait quasiment la moitié des forces disponibles sur le territoire.
Au début, il en voulait la moitié, mais on lui a dit qu’il n’y avait pas uniquement Paris en France.
Six canons à eau seront déployés, dont deux de la préfecture de police et ceux des compagnies de CRS.
Beaucoup de matériel sera déployé.
Les unités vont être déployées, mais la vraie question est de savoir comment elles vont être utilisées.
Certains de nos collègues sur le terrain sont très professionnels, mais encore faut-il qu’ils soient dirigés de façon cohérente par des professionnels.
Le préfet de police Lallement a dit qu’il serait lui-même dans la salle de commandement et qu’il contrôlerait tout par l’intermédiaire des caméras de surveillance et des caméras tactiques, et qu’il donnerait lui-même les ordres.

Vu ce qui s’est passé sur ses précédentes opérations de maintien de l’ordre, on peut craindre le pire, non pas parce que mes collègues ne sont pas bons sur le terrain, mais parce qu’ils sont mal dirigés.

Alexandre Langlois

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