La colombe est, depuis l’arche de Noé, symbole de paix.
Colombe
est, depuis la pièce d’Anouilh du même nom, symbole d’ingénuité.
Et
c’est pacifique et ingénue que Colombe a répondu au journaliste de TF1, Paul Larrouturou, qui l’interrogeait à l’entrée du meeting de Bardella à Perpignan.
Sans se méfier, sans imaginer que sa franchise sans fard, ses larmes en
racontant sa détresse, lui vaudraient - lui coûteraient, devrait-on
dire, car même si elle n’est pas rémunérée, l’aide que cette
bénéficiaire du RSA donne aux autres lui est rendue en dignité - sa
place de bénévole aux Restos du cœur. Les gens sans malice n’imaginent
pas celle des autres.
La vidéo, devenue vite virale, a ému beaucoup de Français - jusqu’à
faire réagir François Ruffin et Léon Deffontaines - sauf, visiblement,
les Restos du cœur, dont la compassion pour les plus pauvres est censée
être, pourtant, tout l’objet. Rien dans les propos de Colombe de
répréhensible, ni même de politique, au sens politicien du terme : «
On est arrivé dans un monde fou, il faut qu'on trouve des solutions. On
a du mal à vivre, on ne peut pas payer les factures, on a les
huissiers, les menaces [...] Il n'y a pas de travail, pas d'usines. » Sauf qu’elle a ajouté in fine, au micro du journaliste : « Je ne trouve pas de travail, mais je suis bénévole aux Restos du cœur et j'aide les gens de la rue. » Et que Marine Le Pen l’a publiquement assurée de son soutien : « Quand certains jours la bataille politique nous paraîtra difficile, il suffira de penser à Colombe. » Elle aurait donc été « poussée vers la sortie », selon les mots du Figaro,
qui tient l’information de plusieurs sources concordantes. Lui aurait
été reproché son manque de neutralité politique, une condition exigée
par les Restos du cœur…
La bonne blague ! Les premiers « bénévoles » - si tant est que
s’afficher avec un cœur-gros-comme-ça, pour un artiste, ne soit pas tout
bénéfice - ne sont-ils pas « Les Enfoirés » ? Et parmi les plus
célèbres d’entre eux, il est de notoriété publique (pour n’en citer que
deux), que Patrick Bruel s’est durement opposé au FN puis au RN (allant
même jusqu’à refuser de donner des concerts dans des villes dirigées par
le RN), tandis que Slimane, vent debout dans la presse contre Éric
Zemmour, l’a étrillé dans l’une de ses chansons. Les Restos ont
visiblement moins de cœur que de culot.
Sur la chaîne YouTube d’extrême gauche Le Média, affiliée à Mediapart, l’essayiste Mathieu Slama appelle à ne pas « trouver d’excuses au vote d’extrême droite » de Colombe. C’est drôle. La gauche prône la culture de l’excuse pour tous, sauf pour Colombe.