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vendredi 29 novembre 2024

Un ex-journaliste de France Info condamné pour 700 viols ; motus à gauche


Capture écran Mistral TV Drôme Ardèche sur YouTube 
 
Capture écran Mistral TV Drôme Ardèche sur YouTube

 

 

Il est des procès qui font plus de bruit que d’autres.

Celui des viols de Mazan est l’un des plus médiatiques du moment. 

Toute la presse s'est emparée de cette affaire et relaie, jour après jour, ce qui se dit et se passe entre les murs de la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon. Au vu des faits qui sont reprochés aux cinquante et un accusés, cela ne semble pas illégitime. Le viol, et encore plus le viol aggravé, sont des sujets sensibles. Dans le cas de Mazan, en tout cas.

C’est un peu moins le cas quand l’accusé se nomme Jean-Philippe Desbordes. L'ancien journaliste de France Info, du Canard enchaîné, de Charlie Hebdo et d’Envoyé spécial n’a pas droit au même traitement médiatique que Dominique Pélicot et consorts. Ce, alors que les faits qui lui sont reprochés sont aussi d’une extrême gravité. Il était jugé, la semaine passée, aux assises de l’Ariège, pour viols, actes de torture et de barbarie sur les trois filles de son ex-compagne.

L’horreur

Durant le procès, l’aînée a décrit des scènes d’horreur : « Il pouvait me consommer comme il en avait envie. Il avait décidé que je devais lui faire une fellation matin et soir tous les jours, le midi aussi quand je n'avais pas école. Il aimait quand c'était douloureux pour moi. Je vomissais. » La jeune femme estime avoir été violée à près de 700 reprises au cours d’une année.

De son côté, Jean-Philippe Desbordes s’est autoproclamé « cible », « bouc émissaire », « proie » et victime de « féminazies ». Une défense qui n’a vraisemblablement pas convaincu les jurés puisque, le vendredi 22 novembre dernier, en clôture du procès, l’ancien journaliste, écrivain et professeur d’aïkido spécialisé dans la thérapie par le sport a été condamné à vingt ans de réclusion criminelle.

L’information n’était pas évidente à trouver. Contrairement à ce qui s’est fait pour Mazan, cette affaire n’a pas fait la une de tous les journaux. Elle n’a pas, non plus, été décrite comme le procès de la « culture du viol », du « patriarcat », de « tous les hommes », de la « domination masculine ». Le procès de Jean-Philippe Desbordes est passé sous les radars.

Le silence 

France Info, qui a publié plus de cinquante papiers sur l’affaire Mazan, n’a pas écrit une ligne sur son ancien journaliste. 

Si ce n’est La Dépêche, qui a suivi le procès, seule France 3 Occitanie s’est fendue d’un article. Rien dans les colonnes de Libération, de Mediapart, de L’Humanité, du Monde, d'Ouest-France… Rien, non plus, sur l’antenne de BFM TV ou celle de LCI.

Une différence de traitement qui irrite Gilles-William Goldnadel : « Je pense que quand vous commettez des actes de barbarie avec des viols sur trois de vos belles-filles avec la complicité de leur mère, c’est quasiment aussi choquant que l’affaire Pélicot. » Il dénonce « l’attitude de l’audiovisuel public » : « Parce que c’est l’un des leurs, je les soupçonne, avec quelques fondements, d’avoir pratiqué l’omerta » alors que, « parce que c’est l’un des leurs, ils auraient dû se faire le devoir d'en parler. » Il semble que pour une certaine presse, l’indignation et la morale soient à géométrie variable.

À noter, également : sous peine d'écoper de cinq années de prison supplémentaires, Jean-Philippe Desbordes devra se soumettre à un suivi socio-judiciaire de sept ans avec injonction de soins et ne devra en aucun cas entrer en contact avec les trois victimes et son ex-compagne. Cette dernière a, elle, été condamnée à cinq ans de prison pour complicité et, comme lui, a été inscrite au Fichier national des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes. Ils ont, tous deux, dix jours pour interjeter appel du jugement.

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