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jeudi 5 septembre 2024

[EDITO] Faudrait peut-être voir à prendre une décision !


macron

 

 

Ça y est, on a franchi la barre des cinquante jours. 

Cinquante et un jours, exactement, ce 4 septembre, que le gouvernement est démissionnaire. Un record sous la Ve et même sous cette malheureuse IVe tant décriée ! La IVe, parlons-en, justement. Certes, vingt-deux gouvernements en douze ans, mais, au moins, le président de la République qui inaugurait les chrysanthèmes ne mettait pas deux mois pour nommer un président du Conseil (c’est ainsi qu’on appelait à l’époque le Premier ministre).

Macron, inventeur du quinquennat à deux ans

Et, « petit détail » qui échappe à beaucoup aujourd’hui, la prochaine élection du président de la République au suffrage universel ne venait pas polariser, pour ne pas dire polluer, le débat politique, puisque le chef de l’Etat, élu par les parlementaires, comptait alors pour des prunes. Ne nous racontons pas d’histoires et n’essayons pas de la refaire, mais sous la IVe, par exemple, un Laurent Wauquiez, fort de son « groupe charnière » à la Chambre, serait entré au gouvernement, n’ayant pas le souci de la prochaine présidentielle. Nous ne disons pas que c’était mieux sous la IVe mais, aujourd’hui, cette Ve finissante semble cumuler les tares, de la Vet de la IVe. Et on dit « merci qui » ? Merci, Emmanuel Macron qui donc a fait pire que Jacques Chirac. Ce dernier avait inventé le septennat à deux ans en décidant la dissolution de 1997, Macron, lui, a fait beaucoup mieux : il a inventé le quinquennat à deux ans avec sa dissolution, du genre coup d’un soir du 9 juin. Car, ne nous y trompons pas : malgré toutes les tentatives du magicien de l’Elysée pour faire entrer un rond dans un carré – ou le contraire, c’est vous qui voyez -, le temps d’un Emmanuel Macron omnipotent est terminé, révolu. Tout le monde l’a bien compris. Sauf lui, peut-être. C’est bien là le problème.

Cinquante et un jours, donc, et toujours pas de Premier ministre nommé. On s’attendait à ce que la fumée soit blanche ce mercredi. Et puis non. Peut-être après la fin des jeux paralympiques, nous murmure-t-on.

Me direz-vous, au point où on en est... Comme on a « pété » les scores de nos républiques, on se console maintenant en allant avoir ailleurs : en Belgique, par exemple. C’est ce que faisait Le Monde, ce 4 septembre. Pour le déficit, on peut faire pareil : allez voir du côté de la Grèce ou, mieux, dans un charmant pays d’Amérique du sud, il y a une trentaine d’années, par exemple. On se console comme on peut et comme on veut.

Le RN, faiseur de roi ?

Résumons très rapidement ces derniers jours : on nous a d’abord fait lambiner sur un éventuel « profil technique ». Un oiseau rare venu du CESE, dont le profil militant s’avérait un véritable épouvantail. Puis, on a ressorti l’option Bernard Cazeneuve et son chien de faïence Xavier Bertrand. Et c’est là que les choses deviennent intéressantes. Ce chien de faïence, le RN lui garde un chien de sa chienne : consulté téléphoniquement par Emmanuel Macron, Marine Le Pen a sorti la carte « censure ». Des années à se faire insulter, mépriser par l’assureur de Saint-Quentin ne prédisposent pas à l’indulgence. Ainsi, le RN, évacué de manière éhontée en juillet dernier des responsabilités au sein de l’Assemblée nationale, devient en quelque sorte faiseur de « roi » de cette partie de poker qui n'en finit pas. « Roi » : un bien grand mot pour un personnage qui risque fort de ne pas avoir trop le temps de prendre des mauvaises habitudes à l’hôtel de Matignon... Idem pour Cazeneuve : « censure ». On retient de Cazeneuve son élégance vestimentaire mais on a vite oublié ses déclarations d’une grande violence verbale à l’Assemblée, lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, à l’égard de Marine Le Pen, qui, alors, était bien seule au sein de l’hémicycle.

Ce mercredi soir, on en vient à se dire que l’option Castets, finalement, avait peut-être du bon. Macron l’aurait nommée et aurait convoqué en session extraordinaire l’Assemblée. L’option serait aujourd’hui réglée, purgée et les choses seraient plus claires de ce côté-là. Censurée, la DAF de la mairie de Paris aurait remballé ses augmentations d’impôt et l’appel à manifester de l'extrême gauche passerait pour de la sédition. Mais non. Le maître des horloges a cru arrêter les aiguilles du temps. Il ne réussira qu’à casser le ressort.

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