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mardi 27 février 2024

Crise agricole : quand les écolos noyautent l’administration et la présidence


 
 

 

 Clémence de Longraye 26 février 2024

« Vos conseillers sont hors-sol. » Au milieu du tumulte des agriculteurs regroupés autour du chef de l’État, ce samedi 24 février, à l’occasion de l’inauguration chaotique du Salon de l’agriculture, une agricultrice réussit à faire entendre sa voix. 

Elle reproche au chef de l’État d’être entouré de conseillers plus idéologues que pragmatiques. Une critique rapidement balayée par le président de la République, mais qui n’est pourtant pas sans fondement.

Deux conseillers proches de Pascal Canfin

L’invitation adressée aux Soulèvements de la Terre par les services de l’Élysée pour participer à un débat sur le monde agricole en est l’illustration même. Si Emmanuel Macron assume la « responsabilité » de cette lourde erreur qui a mis le feu aux poudres, quelques heures avant l’ouverture du Salon, le magazine Le Point révèle l’identité des deux conseillers qui seraient à l’origine de ce tollé. Loin d’être des stagiaires novices, les deux hommes occupent des postes stratégiques au sein du cabinet du président de la République. L’un d’eux, Benoit Faraco, dirige ainsi le pôle « écologie, agriculture, énergie, transports, logement » du cabinet. Le second, placé sous ses ordres, Mathias Ginet, s’occupe de toute la partie agriculture. Leur parcours en dit long sur leur vision de l’écologie et du monde paysan. Tous les deux ont ainsi, comme nous l’apprend leurs CV respectifs, fait leurs armes auprès de Pascal Canfin. Mathias Ginet a ainsi commencé sa carrière - en tant que stagiaire - aux côtés de l’ancien patron de WWF [World Wildlife Fund/ Fonds mondial pour la nature, NDLR]. Son collègue a, quant à lui, rejoint le gouvernement de François Hollande en tant que conseiller du désormais célèbre Pascal Canfin, alors ministre délégué au Développement.

Cette invitation - ou du moins cette intention d’invitation - n’est d’ailleurs pas la première prouesse idéologique de ces deux hommes. Comme le rapporte Le Point, ils auraient ainsi été à l’origine d’une proposition ubuesque ajoutée à la loi d’orientation agricole visant à obliger les agriculteurs à réaliser des analyses de sol sur leurs terres à l'échelle cadastrale - et ce, alors qu'il y a 92 millions de parcelles. Un penchant sans doute influencé par leur mentor. Pascal Canfin, désormais député européen dans les rang de Renaissance, est notamment l’un des artisans du Green Deal, aujourd’hui vivement critiqué par les agriculteurs. Symbole d’une Europe normative, il a également œuvré pour le projet « Farm to Fork », accusé d’encourager une agriculture décroissante.

Un noyautage par des think tanks

Après avoir été invectivé par cette agricultrice au sujet de ses conseillers, Emmanuel Macron aurait une nouvelle fois été interpellé sur le noyautage de son administration par les écologistes. Le nom du « Réseau Le Lierre » aurait ainsi été évoqué au milieu du brouhaha du Salon de l’agriculture. Si l’association qui réunit 1.500 professionnels autour des questions écologiques ne semble pas au premier abord avoir des liens directs avec les membres du gouvernement, ses fondateurs assument vouloir infiltrer les administrations pour peser sur les politiques publiques en matière environnementale. « On se prépare à la prise du pouvoir, en plantant les graines d’un réseau qui nous permettrait de diriger », explique ainsi Wandrille Jumeaux, l’un de ses fondateurs, à L’Obs, en 2020. Ce think tank écologiste fondé en 2019 dispose d’ores et déjà de relais dans de nombreuses administrations. Et notamment dans certains ministères, dont le ministère de la Transition écologique, ainsi qu’au sein des plus grandes institutions. Aujourd’hui mis en cause sur les réseaux sociaux, le Réseau Le Lierre réfute toutes les accusations d’entrisme. Pourtant, force est de constater que certains de ses membres ont travaillé et travaillent toujours comme conseillers de ministre ou chargés de mission au sein des ministères. Or, Le Lierre soutient le Green Deal et appelle à une conversion de l’agriculture vers « l’agroécologie », voire vers le modèle biologique, alors même que les agriculteurs qui ont tenté l’aventure du bio font souvent machine arrière. Wandrille Jumeaux ne cache d’ailleurs pas ses positions très proches du Parti écologiste.

Ce noyautage par les militants écologistes n’est pas sans rappeler un récent épisode subi par la rédaction de BV. Alors que le président de la République organisait une grande conférence de presse, BV n’avait pas réussi à obtenir une accréditation. En revanche, le média d’extrême gauche Reporterre avait reçu ce précieux sésame et avait même pu poser l’une des 24 questions adressées au chef de l’État. Une enquête de plusieurs de nos confrères avait révélé que cette conférence de presse tout comme les questions posées avaient été contrôlées par le conseiller presse d’Emmanuel Macron, un certain Jonas Bayard. S’il fait peu état de ses convictions sur les réseaux sociaux, ses passages au sein du ministère de la Transition écologique - sous Brune Poirson - ainsi qu’auprès de Nathalie Kosciusko-Morizet laissent entrevoir certaines convictions écologiques. De là à parler de militantisme, il n’y a qu’un pas.

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