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jeudi 30 novembre 2023

Interview exclusive : un Ukrainien témoigne des réalités de la guerre (suite et fin)


 
Interview Victor D. Partie 2
 
Victor D. : "Zelensky va certainement partir. C’est la seule solution pour que nous retrouvions la paix."
M.R.
 
Auteur(s)
M.R. pour francesoir
Publié le 30 novembre 2023
 

Relations de la population du Donbass avec l'armée russe, fin du conflit, avenir de l'Ukraine et de Zelensky : seconde et dernière partie de notre entretien avec Victor D.

 

On a accusé Vladimir Poutine d’avoir enlevé des enfants ukrainiens en Russie. Est-ce que qu’il y a un fond de vérité dans cette affirmation ?

Absolument pas. Les petits enfants sont partis avec leurs parents. C’est la génération des trentenaires qui ont des enfants en bas âge. Les plus grands, les adolescents, sont partis seuls hors du Donbass pour poursuivre leurs études en internat, en sécurité dans différentes régions de Russie. Jamais la Russie n’a enlevé d’enfants ! C’est un grand mensonge. De la provocation de la part de l’Occident. La seule chose que nous, nous pourrions reprocher à Vladimir Poutine, c’est d’être intervenu bien trop tard.

A votre avis, ce conflit va-t-il encore durer longtemps ?

Tout le monde espère que ça va se terminer en 2024. Il ne faut pas oublier que cela fera dix ans que nous vivons sous les bombes des bandéristes. Depuis février 2022, le conflit a évolué. Il y a de plus en plus de militaires russes au Donbass. Ils ont instauré le couvre-feu et une discipline sévère. On ne peut pas se promener ni se réunir facilement. Une de mes amies devait fêter les 60 ans de la création de l’école mais elle n’a pas pu, ça a été interdit. En fait, c’est pour éviter que les bandéristes ne voient les rassemblements des civils grâce à leurs satellites et ne les bombardent. L’armée russe a dû prendre des précautions pour éviter des tueries de masse parmi les civils. 

Avec une amie d’enfance, nous sommes allés à Makiïvka, ma ville de naissance, et nous avons rendu visite à une autre amie qui avait été blessée et qui, de ce fait, restait dans son pavillon, pouvant compter sur l’aide de ses petits-enfants. Elle avait fait une bonne récolte de cornichons, de légumes et de fruits dont elle faisait des conserves. Elle nous a raconté qu’un jour un char s’est garé dans son potager. Elle a eu peur que ce soit des Ukrainiens mais quand ils ont commencé à tirer des missiles vers les bandéristes, elle a compris que c’étaient des Russes. Elle était tellement contente qu’elle leur a apporté de grandes boîtes de bocaux de cornichons. Le char est reparti mais les bandéristes ont continué à tirer sur son jardin et ont détruit entièrement son verger. Pour rien, puisque le char était parti.

"Jamais les gens du Donbass n’ont considéré les Russes comme des envahisseurs"

Apparemment, à vous entendre, l’armée russe entretient de bonnes relations avec les habitants. Contrairement à ce qui est dit dans la presse en Occident, vous ne considérez pas les Russes comme des envahisseurs ?

De très bonnes relations. Mes amis qui habitent encore sur place font du pain, des gâteaux, des confitures, qu’ils apportent aux militaires Russes.

Jamais les gens du Donbass n’ont considéré les Russes comme des envahisseurs. Je sais par les amis qui sont restés là-bas que c’est ce qui se colporte mais c’est faux. Nous les considérons comme des libérateurs. Malheureusement, ils sont venus trop tard. Il aurait fallu qu’ils viennent en 2014. Nous comprenons néanmoins qu’en 2014, la Russie n’était pas encore prête à combattre toutes les nations de l’Occident réunies, mais huit ans, c’était très, très long. Ceci dit la plupart d’entre nous le conçoivent. Mais tant de sacrifices, tant de victimes… A Donetsk il y a un monument qui est surnommé "L’allée des anges" en hommage aux enfants assassinés par les bandéristes.

Comment expliquez-vous que les Ukrainiens continuent à se faire tuer " jusqu’au dernier" pour un combat qui est perdu d’avance ?

Les enfants de mes amis du Donbass qui étaient sur le front côté russe disent que les soldats ukrainiens sont probablement drogués. Ils ne sentent pas la douleur et quand ils sont faits prisonniers et qu’ils retrouvent leurs esprits, ils réagissent différemment. On dirait qu’ils redeviennent normaux. 

Beaucoup d’Ukrainiens essaient d’échapper à la conscription. Mais c’est très difficile du fait des contrôles aux frontières, tant du côté russe qu’ukrainien.

Ceci dit, Vladimir Poutine a voulu faciliter l’arrivée des Ukrainiens sur le territoire russe mais encore faut-il pouvoir quitter l’Ukraine, et c’est devenu extrêmement dangereux.

Comment expliquez-vous le fait que Volodymyr Zelensky qui ne parlait que russe, et a dû apprendre l’Ukrainien quand il est devenu président, a pu se dresser contre une partie de son propre peuple ?

"Money, Money, Money" ! Vous connaissez la chanson... Il est totalement vendu à l’Occident. Mais, désormais, il n’a plus le choix. Il a fait le mauvais choix au départ. Au Donbass, Zelensky est exécré par les habitants, et c’est apparemment le cas dans une grande partie de l’Ukraine aussi. Bien qu’apparemment à Kiev, et même en Russie, les gens ne se rendent pas vraiment compte de la situation. Il faut vivre les événements pour comprendre.

Pourtant, lors de son élection, ne s’était-t-il pas engagé de mettre fin à la corruption et à être le président de tous les Ukrainiens ?

En effet. Nous étions très contents lorsqu’il a été élu. Nous l’avions cru sincère. Nous le connaissions comme un artiste, un humoriste très populaire. Nous espérions qu’il allait tenir ses promesses.

"Zelensky a été acheté. Nous espérons qu'il soit éliminé"

Pour vous le Donbass est un pays qui a de l’avenir ?

Oui. Nous espérons. La terre est bonne. Malgré les bombardements, l’industrie est florissante, avec la sidérurgie, l’électronique, la chimie. Les gens travaillent sur place et, parfois, ne rentrent pas chez eux car dans les usines il y a des abris et tout ce qu’il faut pour survivre. Les bâtiments qui datent de l’époque soviétique sont très, très solides. Souvent, ils ne rentrent chez eux qu’une fois par semaine. C’est moins dangereux que de devoir faire la route tous les jours.

Regardez ce qu’est devenu Marioupol. Maintenant, c’est la Russie. La ville renaît de ses cendres. C’est devenu une belle ville entièrement reconstruite, avec des jardins d’enfants, de beaux immeubles, des hôpitaux... Quelques régions russes ont parrainé la ville.

Que faudrait-il selon vous pour que ce conflit s’arrête ?

Il faudrait des pourparlers, mais avec Zelensky ce n’est pas possible parce qu’il est vendu ! Il a été acheté. Nous espérons que Zelensky soit éliminé. Peut-être sera-t-il tué, où qu’il se sauvera… mais il va certainement partir. C’est la seule solution pour que nous retrouvions la paix.

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