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jeudi 22 septembre 2022

[Point de vue] Mouvement « national-populiste » : écume ou lame de fond ?


 

 Georges Michel 21 septembre 2022

Luc de Barochez, rédacteur en chef du service « Monde » du Point, signe un éditorial titré « Du nord au sud de l’Europe, la banalisation du national-populisme », sous-titré « Les nationalistes exploitent avec succès la complaisance des partis établis face à l’immigration illégale et à l’islamisme »

 Le parti des Démocrates de Suède, classé à l’extrême droite et allié à la « droite classique », vient en effet d’arriver en deuxième position aux élections législatives et, en Italie, le parti Fratelli d’Italia, dirigé par Giorgia Meloni, est donné en tête des sondages des élections législatives qui auront lieu dimanche 25 septembre.

On n’en sort pas : d’un côté, l’extrême droite surferait sur les peurs pour prospérer et, de l’autre, les « partis établis » (au passage, qu’est-ce, aujourd’hui, qu'un parti établi ?) surferaient sur la peur de la supposée extrême droite pour, non pas prospérer, mais pour se maintenir au pouvoir ou dans une alternance de l’entre-soi. Ajoutons à cela le fameux argument miroir que l’on se balance entre « partis établis », notamment à l’occasion des campagnes électorales : « Vous faites le jeu des extrêmes ! » En fait, ce mouvement « national-populiste », pour reprendre l’expression de Barochez, relève plus de la lame de fond que de l'écume et ne se contente pas d’« exploiter » les faiblesses des « partis établis » mais tente de s’affirmer peu à peu comme une véritable alternance. C’est le cas, notamment en France, avec le Rassemblement national qui, à la suite de ses universités d’été à Agde, reprend l’alternance comme slogan.

Une lame de fond car les peuples sont sans doute en train de réaliser que si lesdits « partis établis » sont complaisants face à l’immigration et à l’islamisme, ce n’est pas par paresse, négligence, incompétence, manque de lucidité ou de courage.

Certes, il y a sans doute un peu de tout cela à des degrés et nuances divers, mais c’est d’abord, essentiellement, parce que ces « partis établis » obéissent à une idéologie. On amuse un peu la galerie avec un Darmanin qui chasse l’Iquioussen comme d’autres le dahu, mais au fond, il faut dérouler la feuille de route de cette idéologie incarnée par les Leyen, Macron et consorts. Celle d’un néolibéralisme qui considère que tout, finalement, n’est que marché. Les fameuses « valeurs » de l’Union européenne se résument, en fait, à la liberté de circulation des personnes, des biens et des capitaux. Le Royaume-Uni voulait bien de la liberté de circulation des biens et des capitaux, moins de celle des personnes. Mais pour l’Union européenne, le « package » était à prendre ou à laisser. D’où le Brexit. Avec cette idéologie, la frontière, c’est mal. Il n’y a plus de nations, il y a un vaste marché. Il faut des bras pour faire tourner l’économie. On en manque ? Alors faisons venir des bras d’ailleurs ! Peu importe le coût « sociétal », voire civilisationnel.

Tant pis si les cohésions nationales doivent en pâtir. De toute façon, à terme, on en viendra à bout, de ces nations ! L’économie est tout. Lorsque Macron déclare que la politique d’immigration est « absurde, inefficace et inhumaine », il faut bien comprendre qu’il n’a nullement l’intention de mettre fin à l’immigration. Pas un mot, d’ailleurs, sur le risque de perte d’identité. Non, on reste dans la gestion des stocks et flux pour faire tourner la machine. Le souci d’humanité, c’est le côté bonne conscience, genre commerce équitable. D’ailleurs, lorsque Macron « propose » de répartir les immigrés dans nos campagnes, on ne manque pas de mettre en avant les avantages économiques : maintien des commerces de proximité, par exemple. Vous verrez que cela passera par le chantage aux subventions… Peu importe si, « à terme », la boucherie-charcuterie du village sera remplacée par une boucherie halal ou un kebab ! Si ça correspond aux besoins de « la population du territoire », on ne voit pas où est le problème !

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