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vendredi 16 octobre 2020

Couvre-feu : la France entre dans la nuit


 
 

« Couvre-feu ». Le dictionnaire nous dit qu’il s’agit d’un signal qui indique l’heure de rentrer chez soi et d’éteindre la lumière.

Le soir du 14 octobre 2020, c’est précisément ce que vient d’accomplir notre Président à la pensée si complexe dans son intervention télévisuelle. 

C’est un caporal, fatigué et fatigant, plutôt qu’un général d’armée sabre au clair que nous avons entendu, sans même plus l’écouter.

En ordonnant le confinement nocturne de 21 h 00 à 6 h 00 à partir du samedi 17 octobre à 0 h 00, il a signifié à près de 20 millions de Français qu’ils devaient à nouveau se séquestrer à leur domicile, jusqu’au 1er décembre vraisemblablement. Il a aussi brutalement ordonné l’extinction des feux pour les milliers de , de cafés, de brasseries, de théâtres, de cinémas ou de salles de sport. Le Président a prononcé leur mise à mort probable. Combien ne s’en relèveront pas ?

C’est pour sauver des vies, me direz-vous. Pas si sûr. Il s’agit, avant tout, de ne pas engorger les salles de réanimation des hôpitaux. Il s’agit de permettre aux personnels soignants de ne pas trier les patients, faute d’un nombre de lits suffisant pour les accueillir tous et les soigner. Durant l’été est venue se greffer la difficulté à recruter du personnel, mise en exergue avec la crise sanitaire. L’hôpital public n’attire plus. Les salaires y sont trop faibles, la charge de travail trop lourde, l’administration hospitalière trop omniprésente, etc. Les personnels soignants sont formidables, professionnels et dévoués, nous dit . Mais, mi-octobre, ils n’ont guère vu concrètement les effets des quelque 8 milliards du Ségur de la santé sur leur quotidien. À tel point qu’en 2019, 3.400 lits avaient été supprimés en France, conformément au volet hospitalier du plan de financement de la Sécurité sociale.

Notre premier de cordée à la pensée si complexe refuse, depuis le début de la crise sanitaire, de choisir, obsédé qu’il est par son « en même temps » idéologique. C’est pourtant son job de trancher. « Sauver des vies quoi qu’il en coûte » plutôt que de sauvegarder l’économie déjà fragile et endettée du pays et assumer, ainsi, quelques milliers de morts supplémentaires. Je crois que la réalité va le rattraper dans les six prochains mois. S’il faut continuer, malheureusement, à s’attendre quotidiennement à quelques dizaines de morts du Covid-19 dans les hôpitaux ou les EHPAD, combien d’entreprises vont mourir ? Combien de Français vont perdre définitivement leur emploi ? Combien de milliards d’euros de dettes supplémentaires l’État français va-t-il emprunter pour distribuer, ici et là, les aides financières alors que l’encours de l’endettement public s’élèvera à 117 % du PIB fin 2020, d’après les chiffres annoncés par Bruno Le Maire lui-même ?

En décrétant le confinement nocturne jusqu’au 1er décembre, Emmanuel Macron détruit encore un peu plus l’économie du pays, sous le regard hébété des Français, apeurés et si dociles. Tel un canard sans tête – et sans stratégie –, il gesticule et parle pour ne rien dire. Certes, j’ai appris deux choses hier soir.

– la nécessité d’ouvrir ses fenêtres dix minutes, trois fois par jour, pour aérer mon logement ;
– la règle des six, sous-entendu pas plus de six personnes à table.

J’en ajoute une troisième, qui n’est pas la moindre. La nuit va frapper la France jusqu’à l’été 2021. Au moins.

 

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