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vendredi 7 février 2020

Xavier Raufer : « Le sentiment d’injustice est très fort lorsque les racailles des cités hors contrôle sont rarement arrêtées »

 
 
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À quelques semaines des municipales, la préoccupation majeure des Français reste la lutte contre l’insécurité, qui explose dans le pays.

Au micro de Boulevard Voltaire, Xavier Raufer explique le sens de cette fonction régalienne qu’est la sécurité intérieure et le maintien de l’ordre public.



On est à quelques semaines des municipales. L’heure est au bilan.
Or, le bilan est désastreux et tous les chiffres sont dans le rouge.
L’insécurité, dans ce pays, explose et on a de plus en plus de violence.
Récemment, à Reims un agriculteur a tiré sur un homme appartenant à la communauté des gens du voyage qui voulait lui voler son carburant.
L’agriculteur est, aujourd’hui, en prison. Que se passe-t-il, dans ce pays ?

Comme je le répète souvent, après l’élection du Président Macron, on a assez vite réalisé qu’il ne comprenait pas bien l’aspect régalien du pouvoir.
Ce pouvoir s’exerce dans différentes dimensions.
Naturellement, l’une des plus importantes est la dimension régalienne.
Sa pédagogie est à base de répétition.
Elle a été une fois pour toutes définie de manière admirable par Raymond Aron.
L’État-nation doit être respecté à l’extérieur et en paix à l’intérieur.
S’il n’est pas cela, il n’est rien.
Il risque même assez vite de cesser d’être un État-nation pour devenir un lieu chaotique ou un ring de boxe.
Le Président Macron, son entourage, sa petite bande d’amis personnels, ses conseillers, son Premier ministre, les conseillers du Premier ministre et la petite bande du Premier ministre forment – avec les médias du système – une espèce de cercle défini par Michel Maffesoli comme étant l’infosphère.
Dans cette sphère cohabitent ceux qui donnent le pouvoir de parler et ceux qui ont le pouvoir de parler.
C’est-à-dire le monsieur qui possède la télé et les journaux et qui parle au nom du gouvernement.
Ces gens-là ont perdu le sens du régalien.
Ils sont à leur aise à la cité de Londres et à Wall Street.
En revanche, ils ne sont pas à leur aise lorsqu’il s’agit du régalien.
En France, le régalien est d’autant plus important, car c’est l’État qui a créé la nation et non le contraire.
À l’origine, c’était une espèce de petit haricot au nord de Paris, entre Saint-Denis et Soissons.
Mille ans après, l’État-nation est devenu la France.
Dans notre mentalité nationale et dans notre inconscient national, le régalien est extrêmement important.
Il ne faut jamais l’oublier.
Un ministre un peu voyou du général de Gaulle disait : « Il y a deux choses auxquelles il ne faut jamais toucher en France, la Corse et la Justice. »
Ce sont deux incarnations du régalien.
Il faut faire très attention lorsqu’on touche à ça, car cela peut aller très vite, comme on a pu le voir avec les gilets jaunes.
N’ayant pas le sens, le goût ou même la perception de ce qu’est le régalien, le Président considère que tout cela n’a pas grande importance.
Quand il nomme un médiocre, M. Castaner, comme ministre de l’Intérieur, ou Mme Belloubet à la tête de la Justice, il utilise la phrase culte de la Macronie « J’assume ».
À force « d’assumer », on a des drames.
Voilà ce qui se passe à l’heure actuelle.

Selon vous, le problème de ce pays est le tandem Castaner-Belloubet ?

Non, car ils ne se sont pas nommés seuls.
Il est évident que si c’est pour les renvoyer à leurs chères études et qu’on les remplace par deux pires, cela n’a aucun sens.
Il faut que le président de la République prenne conscience de l’importance des phénomènes du régalien.
En ce moment, tous les grands titres de la presse de province sont sur la sécurité.
Quand ce n’est pas un malheureux paysan qui tire un coup de douze sur un des pillards qui tournent autour de son exploitation, car il en a marre de se faire voler, c’est autre chose…
À partir du moment où vous ne faites plus attention à la sécurité, la sécurité se rappelle à vous.

Notre population est-elle livrée à elle-même ?

Certaines personnes en ont marre et prennent le fusil de chasse.
Il ne faut pas s’étonner si cela recommence.
Le sentiment d’injustice est d’autant plus fort lorsque les racailles des cités hors contrôle mettent le feu à peu près partout, font des déprédations immenses, brûlent des centres sportifs, des bâtiments administratifs et des annexes de mairie pour des millions d’euros.
Naturellement, les arrestations sont très rares.
Je collectionne des centaines de communiqués suivant de telles exactions.
Ils se terminent pratiquement tous par la même phrase : « Il n’a pas été procédé à des arrestations. » Que fait M. Macron ?
Comme il ne peut pas arrêter des racailles, il arrête des Français.

Cet agriculteur champenois a été la victime collatérale de cette politique.
Les gens finissent par faire justice eux-mêmes…

Toute la France est la victime collatérale de cette politique.
Vous n’imaginez pas le nombre de cambriolages, d’agressions, de vols et de pillages dans tous les azimuts.
Tous les gens qui subissent cela payent des impôts pour ne pas que ce genre de choses arrivent.
Plus important, l’État-nation a le monopole de la violence légitime.
C’est sa singularité.
Il est le seul dans le pays dont il recouvre et qu’il gouverne à avoir l’usage de la violence.
Avant, tout le monde avait l’usage de la violence.
Mais dès que l’on a eu un État un peu sérieux, stable et durable, on lui a dévolu cet usage-là.
On lui a dit « On ne se servira plus de nos armes, quand quelqu’un rentrera sur notre champ, on ne fera plus justice nous-même, on vous donne ce pouvoir-là en notre nom et on vous paye pour le faire ».
Voilà l’État-nation.
Ce n’est pas fixer les salaires de nuit des infirmières ou le jour d’ouverture des soldes.
C’est en paix à l’intérieur et respecté à l’extérieur.
C’est connu depuis des siècles.
Au lieu de s’occuper de tout et de rien, M. Macron voudrait bien s’occuper de ce qu’il se passe ici et maintenant.
À la fin et immanquablement, les gens se font justice eux-mêmes.
Puisque la vraie justice n’est plus là et que Mme Belloubet s’occupe d’autres choses, les gens se font justice eux-mêmes.
Voilà ce qui se produit en ce moment.

Selon vous, y a-t-il, en France, un droit au blasphème ?
Êtes-vous Mila ?

Je ne suis pas dans ce genre de réactions sentimentales.
Je n’ai pas à être Charlie ou Mila ou n’importe quoi.
Il y a une loi et une Constitution, dans ce pays, et elles sont respectables.
Elles ont été votées par la majorité des gens en la matière.
On a réussi à trouver une espèce d’équilibre admirable au début du XXe siècle avec la loi sur la laïcité.
Mon camarade Bauer, franc-maçon de haut rang, et les évêques sont contents de cette loi.
Elle est, pour eux, un équilibre admirable.
Alors, respectons-la !
C’est bien, de faire de nouvelles lois, mais c’est encore mieux de respecter et de faire respecter celles qui existent.
Cette jeune femme Mila a tort de s’emporter et d’injurier comme cela, mais si elle a une opinion négative sur cette religion-la ou sur une autre, elle a le droit de le dire.
Xavier Raufer

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