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jeudi 28 novembre 2019

LBD 40 : Beauvau change de fournisseur et commande plus de mille nouveaux lanceurs



LBD 40 : Beauvau change de fournisseur et commande plus de mille nouveaux lanceurs

© THOMAS SAMSON Source: AFP
Un policier tient un LBD40 dans ses mains, le 13 avril 2019 à Paris (image d'illustration).
Le ministère de l'Intérieur va dépenser 2 365 800 euros pour réassortir son stock de lanceurs de balles mono-coups et multi-coups qui viendront équiper la police et la gendarmerie.
 
Le fabricant suisse B&T n'a pas remporté l'appel d'offres.
                                   
Le marché avait été attribué en plein salon de l'armement Milipol à Villepinte où les concurrents étaient présents, mais l'information n'a été publiée que le 27 novembre : l'appel d'offres sur les très polémiques lanceurs de balle de défense, qui équipent les forces de sécurité intérieures françaises, a été attribué pour quatre ans à deux entreprises françaises les 19 et 20 novembre.

Des policiers prennent position à Nantes le 26 janvier (image d'illustration). 
 
Une association policière lance l'alerte : «Les grenades sont dangereuses, nos LBD sont dangereux» 
           
Le groupe suisse Brügger&Thomet (B&T), qui vend cette arme dite «moins létale», n'aurait donc plus la faveur du ministère français de l'Intérieur.
RT France a rencontré ce fabricant sur son stand au salon Milipol le 22 novembre pour lui demander s'il anticipait un changement de demande de la part des autorités françaises en matière d'armes de force intermédiaire.
Le fabricant avait répondu par la négative et pour cause : le marché était en réalité déjà attribué à la concurrence française.
La personne présente sur le stand a tout de même produit un communiqué écrit de B&T qui faisait savoir que, concernant les polémiques associées à son lanceur de balles de défense GL06, cette arme, quand elle est correctement utilisée (prenant pour exemple les polices cantonales suisses) présentait «un faible risque de blessures» parce qu'elle était associée aux bonnes munitions.
L'entreprise explique donc que le choix d'employer des cartouches d'une autre marque remettrait en cause la précision de son produit.

Dans ce même salon Milipol, sur le stand du fabricant français Alsetex du groupe Etienne Lacroix, qui vient de remporter cet appel d'offres pour 1280 lanceurs mono-coups de balles de défense (pour une valeur de 1 638 400 euros), un panneau prévenait d'emblée qu'aucune interview n'était possible et l'accueil des journalistes était plutôt succinct, à tel point qu'il a été poliment demandé à RT France de quitter l'espace réservé à l'exposant.
Mais les armes estampillées Cougar étaient bien exposées, avec leurs cartouches.
Quand RT France a fait remarquer à une personne responsable du stand que ces lanceurs ressemblaient plus à des lanceurs de balles de défense qu'à des lance-grenades lacrymogènes, il a été répondu que ce lanceur pouvait s'acquitter des deux fonctions.
Mais il s'agissait en réalité du nouveau produit qui équipera donc la police nationale et la gendarmerie pour les quatre années à venir dans les opérations de maintien de l'ordre. 
 
 
L'autre entreprise française qui vient de remporter cet appel d'offres commercialise pour sa part des lanceurs multi-coups (180 lanceurs six coups pour 727 400 euros selon l'appel d'offres).
Il s'agit de la manufacture Rivolier père et fils, située dans le département de la Loire. Malheureusement, la personne en charge des questions de sécurité et de défense de cette entreprise n'était pas disponible pour répondre aux questions de RT France... pas plus que les distributeurs français de l'entreprise suisse Brügger&Thomet (dont un nous a rétorqué : «Nous ne répondrons pas à ce genre de questions»), ni les personnes en charge de ces questions chez Alsetex, qui ont renvoyés vers la maison mère Etienne Lacroix, laquelle nous a conseillé : «Le mieux, ce serait de nous envoyer un mail»...


Policiers d'intervention à Lyon le 9 février 2019 à Lyon (image d'illustration). 
40 000 nouvelles grenades à main pour les forces de sécurité intérieure 
           
Beaucoup de questions pour peu de réponses donc, quand il s'agit de comprendre comment fonctionnent les fameux lanceurs de balles de défense mono-coups et multi-coups et comment les marchés sont attribués...
Et ce alors qu'il s'agit d'équiper la police et la gendarmerie françaises.
Les cartouches seront-elles les bonnes ?
La visée optique EOTech qui équipe le LBD 40 sera-t-elle toujours utilisée ?
L'entreprise suisse B&T s'est-elle lassée de ces polémiques embarrassantes ?
A-t-elle répondu à cet appel d'offres ?
Les fabricants ont-ils pris en compte la polémique sur les blessures occasionnées ?
La préférence nationale en matière d'armement est-elle finalement choisie au détriment des concurrents suisses ou allemands ?
Autant d'interrogations qui resteront en suspens tant que les fabricants d'armes dites «moins létales», selon le terme employé notamment sur le stand du fabricant suisse B&T au salon Milipol, opposeront une politique du silence aux demandes médiatiques.Pour mémoire, le Conseil de l'Europe, le Défenseur des droits et le Haut-commissariat aux droits de l'homme de l'ONU ont tour à tour alerté sur les mésusages constatés au cours des opérations de maintien de l'ordre opposées aux Gilets jaunes et aux casseurs, notamment depuis le mois de novembre 2018.
Plus de 20 personnes ont perdu un œil suite à des tirs de LBD 40 au cours de cette année de crise sociale.
RT France a rencontré des policiers spécialisés dans le maintien de l'ordre, une secouriste, le syndicaliste Alexandre Langlois et l'ancien commandant de police, Jean-Pierre Colombies pour évoquer ces sujets.
 

 
Antoine Boitel

Lire aussi : Conclusions de l'IGPN : l'usage du LBD et des grenades en forte hausse en 2018

RT France

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