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lundi 3 juin 2019

Une nouvelle espèce : l’écolo-bio-bobo mondialisé






En ces temps où de nombreuses espèces sont menacées de disparition (hérissons, éléphants, rhinocéros, lémuriens, orangs-outangs et tant d’autres), et où l’on s’inquiète de la destruction de la biodiversité, une nouvelle espèce est, au contraire, en plein développement sociétal et médiatique : l’écolo-bio-bobo mondialisé.

Son habitat principal est celui des beaux quartiers des grandes villes.

Ennemi de la malbouffe, qu’il laisse au peuple populiste, l’écolo-bio-bobo se rencontre quotidiennement dans les magasins et les rayons bio, où il se nourrit de diverses graines et produits issus du commerce équitable ou de l’agriculture biologique.
Laissant aux gilets jaunes les barbecues graisseux, il recherche une nourriture saine et très chère, mais que ses moyens lui permettent de s’acheter.
Contempteur du carbone et des pollutions qu’il génère, il parcourt les villes, perché sur un Vélib’ ou une trottinette électrique et dénucléarisée, pour vaquer à ses occupations ou ses loisirs culturels.
Et il condamne sans appel le diesel, qu’il veut taxer, et toute production de fumée, ce qui ne l’empêche pas de prendre l’avion à longueur d’année pour ses activités commerciales ou pour aller passer ses vacances dans une île lointaine…
Défenseur de la planète, dont il a fait le centre de sa religion, l’écolo-bio-bobo participe à toutes les manifestations pour lutter contre les mouvements cosmiques et les changements climatiques, et il exhorte les jeunes à épouser sa cause.
Même si, en voyant défiler dans les rues ces cortèges d’adolescents et de niais en tous genres, leurs pancartes à la main, la planète doit bien rigoler…
Depuis les élections européennes, et le score inattendu de son gourou Jadot, les médias ne parlent plus que de lui et de sa prochaine alliance avec l’espèce des républicains en marche, à présent tournés vers un avenir radieux, une planète sauvée, un climat apaisé.
Déjà, les tractations pour obtenir petits plaçous et plats de soupe ont commencé, les appels du pied en vue des municipales se multiplient et l’écolo-bio-bobo se réjouit de cette nouvelle dynamique planétaire que lui annoncent les médias aux ordres…
Les carriéristes politiques, socialistes en perdition, momies communistes, centristes modernes, gauchistes divers et variés se frottent les mains car, avec l’aide de l’écolo-bio-bobo, ils ont trouvé une nouvelle ritournelle pour se recycler et récupérer les voix des gogos : sauver la planète, rétablir le climat, empêcher la fin du monde.
Et pour cela, ils demandent de l’écologie, encore de l’écologie, toujours de l’écologie ; oui, tous sont écologistes, et même Macron, et même La République en marche ; et l’écolo-bio-bobo est aux anges. Et il croit que l’ultralibéralisme va se régénérer dans la production d’énergies durables, éoliennes, panneaux solaires, voitures électriques, lesquelles feront la pollution de demain.
Cependant, l’écolo-bio-bobo oublie une chose que son précédent maître à penser, Nicolas Hulot, bien que candide jusqu’à plus soif, semblait pourtant avoir fini par comprendre, lors de son passage au gouvernement : c’est que l’ultralibéralisme mondialiste, issu du capitalisme le plus sauvage, est totalement incompatible avec l’écologie, il en est même le contraire parfait.
Son accomplissement repose sur le pillage de la Terre et le gaspillage des ressources, la destruction de la biodiversité, la croissance et la pollution indéfinies, avec ses océans de plastique et ses cargos chargés de pacotille.
Il génère expansion sans fin et surpopulation d’esclaves consommateurs, alors qu’un véritable projet écologique consisterait en une vie plus simple et, donc, une récession drastique, des circuits cours et l’abandon de tout un tas de biens inutiles.
Mais le jour où l’écolo-bio-bobo renoncera à ses gadgets nécessaires, sa vie confortable, ses vacances à l’autre bout du monde et toutes les jouissances sans entraves que lui offre le progrès indéfini par le gaspillage qui est au cœur de l’ultralibéralisme, une autre nouvelle espèce aura vu le jour : celle des poules qui ont des dents !

Tant vont les cruches à l’eau…

Jean-Pierre Pélaez

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