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lundi 13 mai 2019

Otages : l’inconscience meurtrière ?

 
 
 


Depuis 2014, après l’opération Serval, nos soldats sont mobilisés pour contenir des menaces terroristes au Sahel dans une opération extérieure qui porte le nom de « Barkhane ».

Sans intention d’exposer ici les raisons – économique, politique ou sociétale – qui justifient la présence militaire française dans ce coin du globe, il apparaît essentiel de mettre en lumière le comportement irresponsable de ces touristes qui persistent à s’y rendre, malgré les nombreuses mises en garde du ministère des Affaires étrangères.

Ces deux Français, rapatriés aux frais de la princesse France – décidément peu avare des deniers de ses citoyens -, se sont engagés volontairement dans cette aventure en Afrique qui s’est bien terminée pour eux, accueillis bien vivants par le Président Macron sur la base militaire de Villacoublay. Malheureusement, pour les familles de nos deux militaires, Cédric de Pierrepont, né en 1986, et Alain Bertoncello, né en 1991, membres valeureux du prestigieux commando Hubert, groupe d’élite de nageurs de combats, ce sont deux cercueils qu’elles devront accueillir à leur tour.
Ces deux soldats avaient l’âge de nos enfants, ce qui rend leur mort encore plus cruelle.
Nous avons pour eux et, bien sûr, pour leurs familles une pensée toute particulière ; une pensée intense mêlée d’une grande colère, d’une sourde révolte même devant les causes qui ont mené à leur sacrifice.
Car il faut le dire sans adoucir les mots : si nos deux gars sont morts, ce n’est pas pour sauver notre patrie mais la vie de deux irresponsables qui ont, par leur inconsistance, provoqué délibérément la mise en danger d’autrui.
Ce n’est donc pas les honneurs d’un président de la République que ces deux Français auraient dû recevoir, mais ceux de la police afin d’être entendus sur les faits de « mise en danger de la vie d’autrui ».
L’article 223-1 du Code pénal réprime un délit qui est sanctionné de l’emprisonnement d’une année et de 15.000 euros d’amende.
Il est caractérisé par le fait d’exposer directement autrui à un risque immédiat de mort ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente par la violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement. En d’autres termes, nous explique Marc Puech dans son livre De la mise en danger d’autrui, la loi réprime l’anormalité d’un comportement qui expose autrui à un risque pour sa vie.
N’est-ce pas ce qui a été le cas de ces deux touristes, s’il s’avérait effectivement qu’ils ont délibérément ignoré les mises en garde du ministère des Affaires étrangères ?
En effet, depuis plusieurs mois, les MAE auraient mis en garde contre les risques dans cette région. Du reste, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, l’a rappelé samedi en pointant le fait que « la zone où étaient nos deux compatriotes était considérée depuis déjà pas mal de temps comme une zone rouge, c’est-à-dire une zone où il ne faut pas aller ».
On ne peut être plus clair.
Or, l’un des deux otages, Laurent Lassimouillas, a clairement reconnu, samedi soir, qu’ils auraient dû « prendre davantage en considération les recommandations de l’État et la complexité de l’Afrique ». Cela s’appelle un aveu de responsabilité, pour ne pas dire de culpabilité et vient en quelque sorte contredire ceux qui, aujourd’hui, remettent en cause les déclarations de Jean-Yves Le Drian afin d’absoudre les deux randonneurs.

Il est injustifié que des vies soient perdues dans des opérations périlleuses du fait de l’inconscience meurtrière de citoyens irresponsables.

Jean-Louis Chollet

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