mardi 19 juin 2018
Vous vous souvenez de Mamoudou Guassama ? Normalement oui puisque tous les médias nous ont saoulé avec lui pendant plusieurs jours.
Pour ceux qui ne s'en souviennent pas, je vous refais l'histoire en vitesse.
Mamoudou est un jeune Malien d'à peine 20 ans qui a fui son pays, le Mali, car là-bas, c'est la guerre et qu'il y a tout plein de djihadistes qui traînent dans le désert et qui sont prêts à zigouiller ceux qui ne sont pas djihadistes.
Même que parce qu'il y a la guerre, le grand frère français, Hollande, il a envoyé des militaires pour aider l'armée malienne qu'est pas bien équipée et un brin incompétente.
Même que 22 militaires français sont morts pour aider le pays de Mamoudou; 22 morts, tout de même, c'est pas rien !
Bon vous me direz, ils font leur métier et puis si ils meurent en Opex, ils auront droit à une belle cérémonie aux Invalides...
Enfin bref, non seulement c'est la guerre mais en plus, au Mali, les gens et bien ils n'ont pas une thune pour vivre.
Alors comme le Malien moyen, il n'est pas con, Mamoudou, il s'est dit puisque c'est la guerre et que moi et ma famille on crève la dalle, je vais aller là où y a la paix et la paie sans rien faire ( en France, ils appellent cela les aides sociales, truc comme ça, y a même des bureaux qui font que ça: donner du pognon à ceux qui n'en ont pas, la CAF que ça s'appelle).
Ni une ni deux, Mamoudou il a fait son baluchon, il a emprunté à père, mère, frères et sœurs du pognon pour assurer le voyage et payer les passeurs: direction la France.
Au prix de mille et une péripéties, au péril de sa vie et moyennant rétribution des passeurs, n'est-ce pas, Mamoudou est arrivé en terre promise.
Au prix de mille et une péripéties, au péril de sa vie et moyennant rétribution des passeurs, n'est-ce pas, Mamoudou est arrivé en terre promise.
Bon okay, il ne s'est pas embarrassé du problème que pouvait poser le passage des frontières, il a réussi à gagner Paris clandestinement, clandestin, il fut donc pendant un ou deux ans, vivant d'aides diverses et variées et de menus expédients.
Mais un beau jour la chance lui a souri.
Alors qu'il se promenait dans la rue, il vit un bébé de 4 ans qui avait fait un double salto arrière à partir du 6ème étage d'un immeuble mais qui, malencontreusement, avait raté son atterrissage sur la balcon du 4ème se retrouvant du coup les pieds dans le vide à douze mètres du sol.
Le bébé était costaud puisqu'il tint ainsi pendant quelques minutes.
Mamoudou le clandestin, fort costaud lui aussi, n'écoutant que son courage (celui qu'il n'avait pas eu pour combattre les djihadistes), grimpa aussi vite qu'un singe pour porter secours au petit enfant.
Et hop, il sauva le bébé.
En bas de l'immeuble, les gens filmaient l'exploit et tous applaudirent quand l'enfant fut mis en sécurité.
Le pays tout entier n'en revenait pas, un tel acte de courage valait bien reconnaissance nationale. Mamoudou le clandestin costaud qui avait fui son pays fut reçu par le nouveau Président français.
Ils se causèrent et Jupiter, reconnaissant de facto que le Mali, ça craignait grave, fit du clandestin un réfugié politique en moins de temps qu'il ne fallut à Mamoudou pour grimper au 4ème.
On lui promit de lui donner la nationalité française dans les plus brefs délais et on lui fila un job précaire, mais un job tout de même, chez les Pompiers de Paris; cerise sur le gâteau, il reçut une jolie médaille élyséenne puis la médaille d'Honneur de la ville de Paris.
Double cerise, il se dit qu'une grande chaîne de télévision française aurait offert à Mamoudou le droit d'aller danser avec les stars.
Si le colonel Beltrame fut élevé au rang d'héros national, la Présidence de la République et les médias firent de Mamoudou l'ex-clandestin rentré illégalement en France un Super Héros !
L'histoire aurait pu s'arrêter là et Mamoudou refaire sa vie paisiblement en France; il avait maintenant des papiers et grâce aux largesses de ce nouveau pays ainsi qu'au regroupement familial, sans doute un jour, pourrait-il faire venir toute sa famille à Paris.
Et bien non, à tant d'honneurs français, le Mali se devait de répondre et d'honorer à son tour l'enfant du pays et tant pis si celui-ci avait déserté...
Si le colonel Beltrame fut élevé au rang d'héros national, la Présidence de la République et les médias firent de Mamoudou l'ex-clandestin rentré illégalement en France un Super Héros !
L'histoire aurait pu s'arrêter là et Mamoudou refaire sa vie paisiblement en France; il avait maintenant des papiers et grâce aux largesses de ce nouveau pays ainsi qu'au regroupement familial, sans doute un jour, pourrait-il faire venir toute sa famille à Paris.
Et bien non, à tant d'honneurs français, le Mali se devait de répondre et d'honorer à son tour l'enfant du pays et tant pis si celui-ci avait déserté...
Le Président malien décida donc de recevoir en grande pompe le déserteur; celui-ci, devenu réfugié politique français avec des papiers, pouvait maintenant retourner librement au pays, en avion, business class sans doute, une foule en délire l'attendrait à Bamako.
Et c'est bien ce qui se passa:
Il y avait tellement de monde que la berline de Mamoudou mit beaucoup de temps pour parvenir jusqu'au palais présidentiel où le Président local l'attendait avec impatience.
Mais après tout, ce n'est pas tous les jours qu'il était donné aux Maliens d'acclamer l'un des leurs. Ibrahim Boubakar Keïta pouvait bien attendre...
Ce qu'il fit de bonne grâce.
Et c'est ainsi que Mamoudou, l'ex-déserteur, ex-clandestin mais nouveau réfugié politique malien en cours de naturalisation française, put aller tailler une bavette avec son ancien Président:
Puisque devenu Français, l'histoire ne dit pas si Keïta a proposé à Mamoudou de redevenir malien en lui offrant une re-naturalisation express...
Sur ce retour triomphal au pays, curieusement nos médias, sans doute déçus de ne pas avoir été conviés aux festivités, furent des plus discrets; ce qui, vous en conviendrez, ne fut pas très sympa car avouez qu'une belle histoire comme celle-là, ce n'est pas tous les jours qu'on en a une.
Et tant pis si du début à la fin de cette histoire (sans doute provisoire), nombreux, très nombreux sont ceux qui ont cette impression bizarre d'avoir été pris pour des cons... aux premiers rangs desquels, peut-être, les familles des 22 militaires français tués en terre malienne...
corto74
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