Le 12/04/2016
Marie Delarue
Tous les journalistes le savent : Ségolène Royal est l’une des personnalités politiques qui ment avec le plus d’aplomb. Une seconde nature.
Je le dis calmement mais très fermement : oui, c’est faux. »Ainsi parle Ségolène Royal, comme hier son collègue Cahuzac.
Froidement, les yeux dans les yeux et la main droite levée.
Juré craché par terre, elle a géré sa région mieux que personne et tous ceux qui prétendent aujourd’hui, preuves chiffrées à l’appui, qu’elle l’a conduite à la ruine ne sont que de fieffés menteurs.
Des hommes qui la jalousent.
Qui envient sa réussite, ses belles jambes, ses dents refaites, son chignon de dame patronnesse et son portefeuille ministériel.
Tous les journalistes le savent : Ségolène Royal est l’une des personnalités politiques qui ment avec le plus d’aplomb.
Une seconde nature.
Elle s’engage et se désengage avec la même conviction, pose des lapins, se dédit, affirme tout et son contraire.
L’important, pour elle, est de le faire avec panache.
Le reste – la vérité et l’action – ne sont que des accessoires pour sa mise en scène.
Alors, quand le nouveau patron de la nouvelle région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, M. Alain Rousset (PS), déclare en février dernier qu’« il y a un problème spécifique picto-charentais », concrètement 132 millions d’euros d’impayés, répartis en « 62 millions en investissement et 70 millions en fonctionnement », la madone du Poitou pousse des hauts cris.
Son successeur, Jean-François Macaire, a pourtant reconnu les faits sans qu’il soit besoin de lui mettre un couteau sous la gorge, et son propre remplaçant désigne alors la coupable : « Tout ceci est le résultat de la gestion chaotique menée par Ségolène Royal. Des investissements hasardeux faits loin des compétences de la région et soi-disant placés sous le signe du volontarisme politique. »
Clair et net.
Analyse que vient de confirmer le rapport du Cabinet Ernst & Young rendu jeudi et derrière lequel Ségolène Royal affirme voir un complot.
Forcément, puisqu’elle fait tout bien et même mieux.
Dans une défense digne des cours d’école autrefois, elle dénonçait ainsi dimanche au « Grand Jury » LCI–RTL–Le Figaro toute cette odieuse cabale menée contre elle : « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose. »
Et d’accuser Alain Rousset – élu socialiste, rappelons-le – de vouloir « comme tout nouveau dirigeant, noirci(r) le tableau de son prédécesseur pour apparaître comme le sauveur ».
« Ce qui est recherché dans cette mise en cause, c’est l’affaiblissement d’un membre du gouvernement » – comme s’il n’était pas déjà à terre, ce gouvernement !
Et d’avancer un mensonge de plus : « Cela ne porte pas sur une période où j’étais aux commandes mais je veux défendre ma région. »
Bien au contraire, c’est très exactement sa gestion qui est mise en cause.
Mais elle tempête.
Pas question, pour Ségolène Royal, d’être responsable de quoi que ce soit, c’est forcément la faute des autres, et si son successeur Macaire a reconnu l’état calamiteux de la région Poitou-Charentes, c’est parce qu’il y a eu « harcèlement moral sur les uns et sur les autres ».
Le supplice de la goutte d’eau ?
Des coups de Bottin sur la tête ?
Des chatouillis sous la plante des pieds ?
À moins que ce ne soit la menace de la voir revenir ?
Mais Ségolène s’étrangle.
Elle va poursuivre Alain Rousset en diffamation.
Et aussi Ernst & Young ?
Et peut-être la Cour des comptes ?
C’est que les griefs sont précis : « emprunts toxiques », « insoutenabilité budgétaire », « gestion pas maîtrisée ».
Et les méthodes pour planquer la chose, pires encore : des crédits-bails pour camoufler l’ampleur de la dette – « il est autorisé d’en sortir le montant total du bilan pour n’affecter, année après année, que celui des remboursements », comme le rappelle Le Point.
Candidate aux présidentielles de 2007, Mme Royal chantait partout sa chanson : « Je vais essayer de généraliser à l’échelle nationale ce que nous avons fait à l’échelle régionale. »
Et sans doute l’aurait-elle fait !
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