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mercredi 9 mars 2016

Radicalisation : la police n'est pas épargnée


Éric Pelletier | | MAJ :

                                                                                                       
Exclusif
 
La préfecture de police de Paris recense désormais de manière hebdomadaire les « comportements de transgression du principe de laïcité ».                                                                    
La préfecture de police de Paris recense désormais de manière hebdomadaire les « comportements de transgression du principe de laïcité ». (Photo d’illustration/Baptiste Fenouil/REA.)

Diffusion de chants religieux en patrouille, refus de participer à une minute de silence ou de protéger une synagogue, voire incitation, sur Facebook, à commettre des attentats : la police est confrontée à des actes de gravité variable, en nombre limité, mais qui illustrent une progression préoccupante du fondamentalisme religieux dans ses rangs.

C'est un fait : la Grande Maison n'est plus imperméable au communautarisme.
Des comportements qui, en plus de malmener le principe de laïcité, posent de réels problèmes de sécurité.
Comme leurs collègues, les fonctionnaires en voie de radicalisation sont en effet équipés d'une arme de service et ont accès à la plupart des fichiers de police.

Même s'ils restent très marginaux, ces incidents mobilisent les services de renseignement et préoccupent la préfecture de police (PP) de Paris.
A tel point qu'elle recense désormais de manière hebdomadaire les « comportements de transgression du principe de laïcité ».
Une note confidentielle dont nous avons eu connaissance, rédigée à la fin de l'année dernière par la Direction de la sécurité de proximité de l'agglomération, détaille 17 cas, survenus entre 2012 et 2015 avec une accélération en 2014, au sein de la PP, forte de plus de 27 000 policiers et agents de surveillance.


Des fonctionnaires assez jeunes

La plupart des incidents portent sur l'exercice de la religion musulmane au sein des commissariats, notamment lors des prières quotidiennes.
Ou encore sur les signes extérieurs de religiosité, comme l'habillement.
Les femmes sont impliquées dans environ un tiers des affaires et affichent souvent une détermination plus marquée que les hommes.
Au moins quatre des affaires recensées concernent des convertis à l'islam.

Ces comportements sont souvent le fait de fonctionnaires assez jeunes, entrés en tant qu'adjoints de sécurité à la fin des années 2000 et qui ont ensuite réussi le concours interne.
Ils sont désormais policiers à part entière, gardiens de la paix ou brigadiers.
Aucun cas ne concerne les échelons supérieurs de la hiérarchie, officiers ou commissaires.
Est-ce un effet générationnel ?
 Les plus gros dérapages ont eu lieu sur les réseaux sociaux.

L'un d'eux, qui s'apparente à un appel au meurtre, a conduit l'auteur devant la justice.

Pour autant, ces exigences religieuses ne semblent pas relever d'une quelconque stratégie d'infiltration de groupes violents.
Pas de « cinquième colonne islamiste » identifiée : le parquet antiterroriste n'est saisi d'aucune procédure impliquant des policiers.
 Ces attitudes apparaissent tout d'abord comme des prises de position individuelles, parfois en lien avec des difficultés d'ordre personnel.
« Il faut être attentif aux termes employés, insiste le sociologue Farhad Khosrokhavar.
La radicalisation suppose un passage à l'acte violent.
C'est pourquoi je parlerais plutôt ici de fondamentalisme.
 Cette forme d'enfermement relève rarement d'une attitude mûrement réfléchie mais révèle une impulsivité et une fragilité mentale.
En se comportant ainsi, ces personnes savent qu'elles s'exposent à une sanction et, à terme, à une exclusion.
Il s'agit ni plus ni moins que d'un suicide professionnel. »

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