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jeudi 21 janvier 2016

Ceux qui critiquent l’armée de terre devraient se taire

                                                    

Le 21/01/2016
 
Il y avait autrefois en usage une infraction d'atteinte au moral des troupes. Parfois, on rêve qu'elle soit de nouveau appliquée.
   
L’armée de terre est victime de son succès : elle est très populaire, mais pourtant elle est une grande inconnue pour une immense majorité de Français.
Environ 1.000.000 de Français en âge de servir les armes (de 18 à 50 ans) ont reçu une instruction militaire de « terrien », c’est-à-dire aptes à une manœuvre de feux en grande unité organique (à l’exclusion, donc, de 95 % des gendarmes, aviateurs et marins qui manient des armements mais ne manœuvrent pas au sol). 200.000 hommes sont aujourd’hui en activité et environ 150.000 seraient rapidement opérationnels.
 Pour 60 millions de Français, l’armée de terre, le cœur terrestre de notre défense, est une terra incognita.
Alors fleurissent dans les dîners en ville, sur les blogs et les réseaux sociaux nombre de commentaires convenus, d’idées reçues, hélas, bien souvent chez ceux pourtant qui disposent d’une réelle sensibilité patriotique.
« Vigipirate ne sert à rien, les soldats n’ont pas de munitions, ce n’est pas leur métier, etc. »
Les premiers arrivés au Bataclan étaient les soldats de l’opération Sentinelle, armes chargées et approvisionnées.
On a vu à Valence l’efficacité de leurs reflexes.
Dans tous les quartiers ou l’armée a été déployée, la délinquance a diminué.
Dans une guerre contre-insurrectionnelle, l’enjeu est la population et il faut bien commencer par reprendre le terrain et tenir les carrefours un par un avant de prétendre descendre dans les caches d’armes et débusquer les cellules.

« Comment peut-on faire une sortie en montagne alors qu’il y a un risque d’avalanche ? Qui est responsable de l’embuscade d’Uzbin ? Pourquoi plusieurs libérations d’otages ont-elles échoué ? Qu’est-ce qu’on fout en Afghanistan, au Mali ? On devrait aller en banlieue, etc. »
D’abord, un légionnaire s’entraîne par tous les temps.
Ensuite, l’armée n’est ni une colonie de vacances pour jeunes désœuvrés, ni un sport étude.
 Donc oui, on s’y entraîne dur, même quand le risque d’avalanche est de 3 sur 5.
Croyez-vous qu’il n’y a pas de risque d’avalanche lorsque la légion est déployée au Kosovo, en Afghanistan ou ailleurs ?
Qui peut dire où il faudra déployer ces hommes demain ?
Ensuite, concernant le combat, chaque fois que l’armée de terre en général et les forces spéciales ont été engagées au feu, elles se sont brillamment comportées.

 En 1993, en Somalie, une unité d’appelés et d’engagés met par terre une cinquantaine de miliciens islamistes en une matinée, et ne subissent que des pertes légères.
En 2008, à Uzbin, les paras du 8e RPIMa sont pris dans une embuscade à 1 contre 10.
Ils subissent de lourdes pertes, mais lorsqu’ils se retirent du terrain, la katiba d’en face est décimée.
 En juillet 2013, un commando de 50 paras, en civil, équipés d’armes légères (pistolets et pistolets-mitrailleurs à munitions subsoniques), s’infiltre clandestinement en Somalie pour libérer un camarade.
Ils perdent 3 hommes.
En face, on compte une soixantaine de morts.
 Depuis mai 2013, les opérations Serval et Barkhane se soldent par des centaines de djihadistes tués.

Un soldat qui ne voudrait pas risquer sa vie pour son pays devrait changer de métier.
Un civil qui ne comprendrait pas qu’un soldat meure pour son pays devrait se taire.
Il y avait autrefois en usage une infraction d’atteinte au moral des troupes. Parfois, on rêve qu’elle soit de nouveau appliquée.

Oui, l’armée française subit des pertes à l’exercice et au combat, c’est le choix magnifique de ces hommes que de servir là où plus personne ne va.
Oui, l’armée est une grande muette, mais aussi une grande sensible.
Ne demandez pas à ces hommes de venir tout déballer sur un plateau chez Bourdin, Ruquier ou à « C dans l’air », ce n’est pas le genre de la maison.

 Leur hommage à eux est tout simple : se mettre au garde à vous devant les trois couleurs et sonner « aux morts ».

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