Pages

dimanche 13 décembre 2015

Éducation nationale : la médiocrité pour tous

                                                    

Le 13/12/2015
 
Même Jack Lang est contre cette réforme. C'est dire l'étendue du désastre qui s'annonce si nous ne faisons rien.
   
La réforme du collège ne passionne pas les foules, qui ont bien d’autres chats à fouetter.
Dommage car bien des maux de notre société trouvent leur origine dans les dysfonctionnements (et le mot est faible) de l’école.
On laisse faire et quand on constatera les dégâts on dira comme d’habitude : « c’est la faute des profs ».
  Sauf que 80 % des profs concernés sont contre cette réforme et tentent vainement de se faire entendre.
La première à refuser d’entendre le mécontentement des profs est bien sûr la ministre, qui n’a pas hésité à traiter de « pseudo-intellectuels » les opposants à sa réforme machiavélique, se mettant ainsi à dos la quasi-totalité de la profession.
 A l’occasion de l’une ou l’autre grève des enseignants, les médias se sont mollement emparés du sujet, évoquant la disparition des langues anciennes et des sections bilangues au collège.
Pas de quoi mobiliser beaucoup de parents d’élèves ni même de responsables politiques.

Or la réforme du collège ne fait pas que signer l’arrêt de mort du latin et des classes européennes. C’est bien pire.
Grosso modo, elle supprime tout ce qui fonctionnait encore à peu près au collège, sans résoudre les problèmes de fond.
Elle élimine 250 heures de cours sur les quatre années de collège et retire du temps d’enseignement aux disciplines fondamentales en les obligeant à consacrer des heures aux Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI), et à l’aide personnalisée.
C’est ainsi qu’un élève de 3e n’aura pas quatre heures de français (comme écrit sur le papier) mais deux heures de cours de français, une heure d’aide personnalisée (en classe entière) et une heure d’EPI.
Il fera donc plus d’Éducation Physique et Sportive (EPS) que de français.
Vu le niveau actuel des élèves en Français, on peut douter du bien-fondé de cette décision.
Cette réforme (et donc la ministre) démolit les structures d’aide aux élèves en difficulté : fini l’accompagnement éducatif, réorganisation des Sections d’enseignement général et professionnel adapté (Segpa), ces classes adaptées conçues pour les collégiens en grande difficulté scolaire et qui se verront intégrés dans des classes ordinaires déjà bien chargées.
 Extermination des langues anciennes, des sections européennes : haro sur ceux qui veulent travailler un peu plus que la moyenne.
 Et au cas où d’irréductibles intellos voudraient encore sortir du lot avec de bonnes notes, on supprime les notes.
 Couleurs pour tous.
Médiocrité imposée à tous.
 Un cauchemar ?
 Non, il y a quand même des choses rigolotes dans cette réforme.
Par exemple les emplois du temps qui changent chaque trimestre.
Histoire d’aider les élèves paumés à s’organiser.
Ou encore la fin du redoublement, pour faire des économies.

De surcroît, comme un malheur n’arrive jamais seul, cette réforme s’accompagne de nouveaux programmes.
Rejetés par le Conseil Supérieur de l’Éducation.
La cerise sur le gâteau.
 Mais ne baissons pas les bras.
Même Jack Lang est contre cette réforme.

C’est dire l’étendue du désastre qui s’annonce si nous ne faisons rien.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.