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mardi 3 novembre 2015

Le bac : un acharnement thérapeutique

                                                    


Le 03/11/2015
  
Le 27 octobre dernier, le Journal officiel a annoncé que les recalés au baccalauréat pourraient garder, pour l'année suivante, leurs meilleures notes, à condition qu'elles soient supérieures à 10.
    
Le ministère de l’Éducation dite « nationale » n’est plus qu’un garage où l’on colle des rustines là où les trous surgissent.
Le système, du reste, est déjà passablement dégonflé.
Le 27 octobre dernier, le Journal officiel a annoncé que les recalés au baccalauréat pourraient garder, pour l’année suivante, leurs meilleures notes, à condition qu’elles soient supérieures à 10.
Il leur est permis, de même, de s’inscrire de nouveau dans leurs établissements d’origine.
Les jeunes non scolarisés sont en effet nombreux.
En 1975, le nombre de candidats au bac était de 200.000.
Il est maintenant d’un million, dont beaucoup suivent le courant comme des cadavres.
 Il arrive que le quantitatif transmute le qualitatif.
On peut même dire que c’est probablement la loi de la modernité : le peuple a été transmuté en masse, la République en démocratie d’opinion, la variété de la presse en presse de variétés, l’art en spectacle et l’amour en plan sexe.
 Tout commence en mystique et tout finit en pathétique, voire en pâté, aurait pu dire Péguy.
Comme l’on sait, le mot baccalauréat provient lointainement de la désignation, au Moyen Âge, du bacheler, de l’aspirant à la chevalerie.
On y voit aussi l’évocation du laurier, signe de gloire, de talent, de reconnaissance.
On est donc en droit de se demander à quoi sert désormais un examen, élitaire à sa source, réputé pour sélectionner les meilleurs éléments de la jeunesse scolarisée.
D’aucuns ont supposé que dans une société où la déchristianisation a désertifié les relations sociales, où l’on ne s’engage plus que sur le bout du clavier, les adolescents ont besoin de rites d’initiation, dont le baccalauréat et le permis de conduire seraient des illustrations.
 Il se peut, mais qui ne voit que l’épreuve devient de plus en plus pipée, et ne correspond plus à rien de substantiel ?
 Les symboles meurent s’ils ne répondent pas à une réalité.

Or, le baccalauréat, il faut l’avouer, n’est plus rien.
 Il est devenu un simple brevet de fin d’études secondaires, cursus dont on sait la fragilité et les lacunes.
Le problème est qu’il serait aussi le premier diplôme des études supérieures.
Les conséquences de cette absurdité, qui consiste à envoyer à l’abattoir des dizaines de milliers de jeunes, dont beaucoup d’incultes, sont implacables.
 Il est évident qu’une mécanique aussi peu efficace, qui coûte 1,5 milliard, est arrivée au bout de son destin.

Le baccalauréat, qui est si cher au cœur des républicains nostalgiques, est à l’épicentre du tremblement tellurique qui semble abattre l’ensemble du système.

 La fuite en avant des technocrates de l’éducation, qui voudraient envoyer 60 % d’une classe d’âge à l’université, ne laisse pas espérer des solutions viables.

Peut-être faudrait-il que tout s’écroule pour que naisse une autre école, qui sauvegarderait, en les actualisant, les valeurs qui ont fait, jadis, la France.

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