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mercredi 15 juillet 2015

Tesson - Les rêves éveillés de Hollande


Publié le | Le Point.fr


François Hollande et le général Pierre de Villiers le 14 juillet 2015 sur les Champs-Élysées. 


François Hollande et le général Pierre de Villiers le 14 juillet 2015 sur les Champs-Élysées. AFP pool©THIBAULT CAMUS

François Hollande est victime d'une incapacité à voir le réel et à s'y adapter comme en témoignent les errements de son intervention du 14 juillet.

Il rêve.
Il ne change pas, il rêve.
 Un rêveur éveillé.
 Il rêve la réussite du plan que Tsipras et l'Europe viennent de conclure au prix de difficultés inouïes.
 Il rêve une Europe réunie et renforcée, un budget de la zone euro, un gouvernement économique et, pourquoi pas, politique de l'Europe.
Il rêve la convergence entre l'Allemagne et la France : "il y a un lien" entre Angela Merkel et lui-même.
Il rêve les bonnes intentions iraniennes.
 Il rêve la paix universelle : "Décidément, le monde avance."
Il rêve la France, dont il se fait une "certaine idée", il rêve la patrie et son âme.
 Il rêve la croissance : "Elle est là."
Il rêve les moyens qu'il met en œuvre pour la renforcer : l'allègement des charges, la baisse des impôts, les économies, la liberté, l'égalité, la morale.
 Il rêve le rassemblement : "Ceux qui veulent venir sont les bienvenus."
 Il rêve sa propre autorité : "Vous connaissez des présidents aussi audacieux que moi ?"


Ce pourrait être un système, une méthode, une stratégie.

 Mais à ce point on ne peut pas le croire.
C'est de nature.
Un mélange de naïveté et d'orgueil.
 Une extraordinaire confiance en soi et en son destin.
 Et surtout de l'inconscience, une incapacité schizophrénique à voir le réel et à s'y adapter.
Et d'ailleurs, si le peuple ne le suit pas, si le peuple résiste à cette parole enchantée, il y a bien une raison.
Le peuple, lui, a compris que la question grecque n'est pas résolue, que l'Europe traverse une crise profonde, que les divergences entre la France et l'Allemagne sont graves, que la paix et la sécurité mondiales sont menacées, que la reprise économique est loin d'être assurée, faute que les décisions prises à cet effet par le gouvernement Valls ne soient pas à la mesure des intentions.
 Le peuple a compris que l'unité nationale est précaire, la majorité branlante et l'âme de la France molle.

Un manque de lucidité et de fermeté

Il rêve, aveugle et sourd devant ces évidences, prenant pour de l'audace sa vision pacifique, satisfaite et iréniste du monde.
 Mais qu'importent les bonnes intentions et la bonne volonté lorsque manquent la lucidité et la fermeté ?
 Il y a du fataliste chez lui.
S'il est vrai qu'il ne sera pas candidat à sa propre succession si le chômage reste à son niveau, que n'a-t-il consacré ses plus ardents efforts à en inverser la courbe ?
 On dirait que la parole, dans laquelle il excelle, le tient quitte du reste.
Comme le pape.
Mais le pape ne dispose que du pouvoir de l'esprit et ne répond que devant Dieu.


 François Hollande, lui, a tous les pouvoirs, et c'est devant le peuple français qu'il répondra de ses rêves inaboutis.


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