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mercredi 4 mars 2015

Vladimir Poutine est-il un âne ?


 
 
Chaque fois qu’il est question du conflit du Donbass et des déculottées de l’armée de M. Porochenko, tout est bon pour dénoncer le machiavélisme du maître du Kremlin.
 
Le 04/03/2015
Monsieur Poutine est-il un âne ?
A priori non.
Chaque fois qu’il est question du conflit du Donbass et des déculottées de l’armée de M. Porochenko, tout est bon pour dénoncer le machiavélisme du maître du Kremlin.
 Ce qui, en soi, est contradictoire avec le statut supposé de minus habens dont le président russe se voit affublé depuis le vendredi 28 février au matin et l’annonce de l’assassinat du dissident Boris Nemtsov.
Car depuis cette date, Vladimir Poutine n’est-il pas dénoncé par toute la sphère occidentaliste pour avoir été l’instigateur de ce forfait ?
Or, seul un demeuré pourrait avoir donné l’ordre ou simplement laissé faire une telle « ânerie », non ?
 M. Poutine est au plus haut des sondages (85 % d’opinions positives) : dès lors, il faudrait être singulièrement diminué pour faire quoi que ce soit qui pourrait remettre en cause une telle faveur populaire.
C’est ce que remarque judicieusement le Parti communiste chinois (par le truchement d’un éditorial du Global Times), lequel considère que « l’assassinat de dirigeants de l’opposition est un acte insensé parce que l’indignation qu’il suscite ne peut que renforcer l’opposition au lieu de l’affaiblir ».
 D’autant que le parti libéral auquel appartenait la victime était en pleine perte de vitesse, voire en chute libre. La manifestation monstre du 1er mars n’a d’ailleurs réuni au mieux qu’une cinquantaine de milliers de protestataires que rassemblait beaucoup plus l’indignation que la peur. Preuve s’il en est que l’on peut encore manifester à Moscou, ce qui n’est pas toujours le cas partout ni toujours à l’Ouest.

Bref, s’il est un bénéficiaire à cet homicide, c’est bien l’opposition atlantiste, libérale et démocrate… calée sur le modèle promu par Washington et Manhattan.

Cependant, les Russes se souviennent encore, amèrement, des années Eltsine quand Boris Nemtsov – petit-neveu du bolchevique fanatique Iakov Sverdlov qui fit procéder au massacre de la famille royale et du tsar Nicolas II en juillet 1918 – était vice-Premier ministre [1997-98] en charge de l’Économie et qu’il participa, à ce titre, à livrer la Russie à la voracité des oligarques.

 C’est dire que, contrairement à ce que nous serine ici une presse consensuellement russophobique – nous parlons de la Russie poutinienne, orthodoxe, souverainiste et puissance émergente –, cet assassinat arrive à point nommé pour relancer une opposition en plein marasme, pour ne pas dire moribonde.
 Au final, cet assassinat n’est pas un simple fait divers mais un véritable séisme politique, à l’intérieur comme à l’extérieur.
 Alors même que la diplomatie russe était parvenue à faire respecter un cessez-le-feu au Donbass, cet événement risque de rallumer la guerre, cela en fournissant des arguments contre ceux qui, à l’Ouest, se montraient réticents à un soutien militaire de Kiev.

 Ou aux stratèges du regime change (changement de régime( qui ne verraient pas d’un mauvais œil se réunir les conditions en Russie d’un nouveau Maïdan.

Après tout, Boris Nemtsov avait largement soutenu, en 2004, la révolution orange ukrainienne, devenant même, en 2005, conseiller du président Iouchtchenko.

 Ce qui lui permettait alors d’affirmer que « d’ici cinq ans, le peuple ukrainien vivra mieux qu’en Russie… cela sans gaz ni pétrole. Dans à peu près sept ans [2012], l’Ukraine entrera dans l’Union européenne, et tous les Ukrainiens auront un passeport Schengen. »

On voit ce qu’il en est !

Boris Nemtsov a donc achevé sa carrière, rendant volens nolens un dernier service à la cause libérale – lire ultra-libérale -, à savoir avoir créé un traumatisme et une fracture suffisante pour déstabiliser à terme le régime.

Cela n’est guère réjouissant au moment où M. Netanyahou prêche la croisade contre l’Iran, allié de la Russie, au Capitole devant les membres attentifs d’un Congrès gagné à sa cause…

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