Pierre Bouchacourt, militant socialiste depuis 1986, a occupé diverses responsabilités de cadre du parti socialiste dans le Val d’Oise et a été élu municipal entre 2001 et 2014. Collaborateur d’élu(e)s durant près de 20 ans dans des villes populaires d’Ile-de-France et auprès d’élus nationaux, il travaille aujourd’hui dans le secteur privé.
Je me souviens de l’époque où une partie de mon temps était consacrée à trouver des chaises ou des salles pour une fête confessionnelle, à se mobiliser pour rendre possible l’installation d’abattoirs halal, à faire réparer le bout de trottoir devant le pavillon du président de telle ou telle communauté, à trouver du travail à leurs enfants…
A travailler avec les communautés, non pas les unes avec les autres pour donner du sens à la citoyenneté, pour essayer de dépasser les identités secondaires et ce quelles que soient les difficultés économiques et sociales, mais avec chacune d’entre elles, l’une après l’autre, indépendamment l’une de l’autre.
Comme d’autres, j’ai bien essayé de lutter, mais décidément pas assez et nous étions bien peu nombreux.
Bien des élus locaux, passé un discours républicain de forme, se sont engouffrés dans le clientélisme communautaire, à coups de subvention, à coups de passe-droit, à coups d’entorse à la laïcité.
Je repense au maire de la commune dont j’étais l’adjoint.
Un homme cultivé, passé par une grande école de la République, plusieurs fois directeur de cabinet de ministres, très à cheval sur les principes républicains, premier à dénoncer le communautarisme, mais qui, comme beaucoup d’autres, n’a pas résisté dans sa gestion municipale au quotidien.
Il a même eu comme principale fierté lors de son dernier mandat d’inaugurer en grande pompe une mosquée « où toutes les nationalités seraient représentées pour faire vivre un islam de la tolérance ».
Je repense avec malaise à ces courriers demandant sans honte de l’argent à l’organisation de la conférence islamique pour aider au financement de l’édifice alors que l’édile assurait, à qui voulait bien l’entendre, que « sa mosquée pour un islam de la tolérance ne bénéficie d’aucun autre financement que de celui des musulmans de l’agglomération ».
(…) J’ai vu tout ça émerger, se transformer, j’ai vu les revendications évoluer, se radicaliser, les croyants sincères heureux de pouvoir prier dans leur nouvelle mosquée se faire doubler par des fondamentalistes, les tracts distribués dans la « mosquée pour un islam de la tolérance » qui appelaient au djihad.
Et lorsque j’évoquais le problème, c’était « circulez, il n’y a rien à voir. Ma ville est une ville-monde, une ville de la tolérance.Une ville où chacun a sa place. »
Mais une ville où dans certains quartiers, une femme se met à porter le foulard, non pas par conviction mais pour être tranquille, une ville où après avoir construit une mosquée, on continue à immobiliser des salles municipales durant toute la période du ramadan.
Qu’importe aux grands élus, ces quartiers, ils n’y vivent pas.
Quant à ceux qui oseront porter un discours différent, ceux qui émettront des doutes sur cette politique, ce sont des racistes, des « islamophobes », des petits blancs réfractaires à la société métissée en train de naître alors même que ce métissage marque le pas justement à cause du repli en cours
.
Je me souviens de ces années, je me souviens des 7, 8 et 9 janvier derniers et je pleure.
Puissent les élus d’aujourd’hui et de demain résister à la tentation communautaire.
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