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vendredi 24 octobre 2014

Quand les baudruches se dégonflent...

          

        
 
Les indociles sont des nazis. Les insultes volent bas contre ceux qui refusent d’obéir à la pensée obligée, de plus en plus contestée.

 L’unanimisme rageur qui a hurlé au blasphème après le dégonflage sauvage d’une baudruche qu’avait érigée, place Vendôme, l’Américain Paul McCarthy, a donné une idée de l’intolérance des matons au service de l’artistiquement correct.
Pourtant, l’acte d’insoumission anonyme contre cette "œuvre" elle-même subversive (un "sapin" en caoutchouc de 24 mètres de haut, ayant la forme d’un "plug anal") aurait dû être salué pour son égale provocation.
Mais l’art contemporain, sacralisé, ne goûte pas l’irrespect quand il en est la cible.
 La ministre de la Culture, Fleur Pellerin, a ouvert le feu en tweetant, samedi : "On dirait que certains soutiendraient volontiers le retour d’une définition officielle de l’art dégénéré." Comprendre : l’hitlérisme n’est pas loin.

Il est vrai que la prosternation devant cet art, qui s’expose depuis jeudi à la Fiac, doit beaucoup à son rejet par l’Allemagne nazie et la Russie soviétique, converties sur le tard au réalisme officiel (1).


Ces deux totalitarismes ont élevé malgré eux les imitateurs de Duchamp (son urinoir) et de Malevitch (son carré blanc sur fond blanc) au rang de résistants aux dictatures.
Depuis, l’inculture des classes supérieures, le blanchiment d’argent, la spéculation financière, l’investissement défiscalisé, la quête promotionnelle de grands groupes industriels (après François Pinault à Venise, Bernard Arnault a inauguré, lundi à Paris, sa Fondation Louis Vuitton) ont fait le reste.

La démarche libertaire, ouverte au premier culotté se décrétant artiste, s’est embourgeoisée.

 Un flot d’argent inonde désormais cet univers clos ; parfois pour le meilleur, le plus souvent pour le pire.

Cependant, comme pour toutes les impostures idéologiques, le glas sonne : l’intimidation intellectuelle, qui voudrait préserver de toute critique ce marché ouvert au n’importe quoi, touche à sa fin. (La suite ici)

(1) Jean-Louis Harouel, La Grande Falsification, Jean-Cyrille Godefroy, 2009

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