BHL, c’est un peu
BHL, c’est un peu comme Freddy, le croque-mitaine des Griffes de la nuit.
À chaque épisode, il est laissé pour mort, afin de mieux revenir ensuite.
Là, c’est au théâtre. Et pas n’importe où : à Sarajevo, il devrait, ce 27 juin, inaugurer la première d’« Hôtel Europe », long monologue destiné à être déclamé par le plus que talentueux Jacques Weber qui, en la circonstance, devait manifestement avoir un arriéré d’impôts à régler avant visite des huissiers.
La température est donnée par Le Point :
« Enfermé dans sa chambre d’hôtel, l’homme a pour tout compagnon un ordinateur et navigue sur Internet. Des images glanées sur la Toile sont projetées sur le plateau, aussi bien le texte d’un philosophe qu’un bout de conférence de Semprun, une image de réfugiés syriens à Lampedusa, une archive de la guerre de Bosnie. »
Bon, on a compris que ce n’était pas du Max Pécas.
Et BHL de poursuivre :
« Qu’avons-nous fait du rêve européen de nos pères, d’où vient que ce rêve soit en train de se désenchanter et peut-être de se désintégrer et que faut-il faire pour qu’il reparte, pour qu’il ressuscite et redevienne d’actualité ? »
Bigre, car évidemment, le « philosophe » confirme qu’il s’agit d’une
« pièce pessimiste parce qu’évidemment le personnage est accablé par cette montée de souverainisme, de populisme qui tourne le dos à l’idéal européen et qui selon moi précipite les peuples d’Europe dans la misère et dans le chaos si cela allait à son terme, et c’est en même temps un texte qui indique une voie et une espérance possible, c’est le coup de théâtre de la fin de la pièce. »
Bref, une sorte de trois en un, comme avec les shampooings.
Contre la montée des « populismes », la lotion BHL, dont Le Monde a récemment assuré la publicité :
« Il faut imaginer, face au double défi de l’extrême droite triomphante et de la crise qui, de fait, frappe nos concitoyens, un gouvernement d’union nationale rassemblant, qu’ils viennent de droite ou de gauche, des hommes et femmes de bonne volonté résolus à mettre entre parenthèses la guerre, désormais fratricide, des républicains. »
Que de concepts inédits et, mon Dieu, où va-t-il donc chercher tout ça ?
Pour « l’idéal européen de nos pères », lotion démêlante en forme de piqûre de rappel, administrée le 24 mai dernier par Marie-France Garaud, lors de l’émission « Ce soir (ou jamais !) » et présentée par Frédéric Taddei :
« Jean Monnet était un agent américain, payé pour détruire les États européens. […] D’ailleurs, maintenant que tout cela a été déclassifié, on sait combien il était payé. »
Alors, BHL qui plaide pour l’Europe, c’est un peu comme un Al Capone qui aurait voulu ramener l’ordre à Chicago.
Quant au reste, BHL… de quoi s’arracher les cheveux.
Car il n’y a décidément qu’en France qu’un tel imposteur puisse encore jouer les rameneurs. Remember Jean-Baptiste Botul, philosophe imaginaire né sous la plume d’un journaliste du Canard enchaîné, le temps d’un canular.
Et repris raide comme balle par l’éternel vieux jeune homme à chemise échancrée sur maigre bréchet.
D’où ces mots, dans Le Nouvel Observateur du 8 février 2010 :
« Une simple vérification sur Google aurait d’ailleurs pu alerter le malheureux BHL, le même Botul y est en effet aussi répertorié pour avoir commis une œuvre au titre prometteur : « Landru, précurseur du féminisme ». […]
Toutes proportions gardées, c’est un peu comme si Michel Foucault s’était appuyé sur les travaux de Fernand Raynaud pour sa leçon inaugurale au Collège de France .
Ce n’est pas très gentil pour Fernand Raynaud.
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