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jeudi 1 mai 2014

Pour lutter contre le communautarisme, invoquons l’identité plutôt que la laïcité !

30 avril 2014 par  

Tribune VA 3 Pour lutter contre le communautarisme
 
Les revendications communautaires n’ont jamais été aussi élevées et concernent désormais tous les domaines de la vie sociale :

 port du voile à l’école, menus hallal dans les cantines scolaires et dans les prisons, horaires séparés dans les piscines municipales, mise à disposition d’un local pour la prière dans les entreprises, pressions pour obtenir qu’une femme soit auscultée par un médecin du même sexe à l’hôpital, demandes de certificats de virginité pour les femmes, refus de l’enseignement de l’histoire à l’école, exigences de jours fériés spécifiques correspondant aux fêtes religieuses de l’Islam, carrés musulmans dans les cimetières, etc… 
Face à de telles demandes dont la liste ne cesse de s’allonger, les pouvoirs publics répondent en invoquant la laïcité, qui place chaque religion sur un même pied d’égalité au nom de la neutralité de l’Etat.
Or, cette vision arithmétique de la laïcité ne prend pas en compte la défense de notre identité.
Tout juste nommée membre de l’Observatoire de la laïcité, Dounia Bouzar a ainsi proposé, (avant de se rétracter), la suppression de deux fêtes catholiques dans le calendrier des jours fériés pour les remplacer par une fête juive (Yom Kippour) et une fête musulmane (l’Aïd).
 Une demande qui vient en complément de celle déjà adressée il y a plusieurs années par Bertrand Delanoë. 

Qu’il faille accorder la liberté religieuse à tous les cultes n’est pas ici en cause.
C’est un impératif moral autant qu’une obligation juridique.
Mais la question déborde le champ cultuel pour s’étendre au domaine culturel.
En effet, le Christianisme – tout comme l’Islam – n’est pas qu’une religion ; c’est aussi une culture qui façonne nos mentalités, modèle notre art de vivre, oriente notre représentation du monde, influence notre conception du travail, rythme le déroulement du temps (calendrier grégorien, repos dominical), marque le patrimoine des villes et des campagnes, influence notre vision de la femme, notre définition de la politique, notre conception de la liberté, notre rapport entre le profane et le sacré, les choix de nos prénoms, etc…

 C’est toute une civilisation que véhicule le Christianisme, quel que soit la foi personnelle de ceux qui en vivent. 
Dans ce domaine, plus de neutralité possible.
On ne peut être neutre par rapport à une civilisation.
 La question qui se pose, se résout finalement à celle-ci : voulons-nous garder notre modèle de civilisation hérité du Christianisme, ou sommes-nous prêts, au nom d’une laïcité mal comprise, plaçant toutes les religions sur un même pied d’égalité, à accepter que notre civilisation soit mise en concurrence avec d’autres, dans un relativisme qui considère comme équivalent chaque modèle culturel ?
 Voulons-nous d’un marché des civilisations où chacun choisirait son jour férié, sa langue, ses habitudes alimentaires et vestimentaires, son calendrier, son système juridique, etc… en fonction de sa religion ?

Ce jour-là, le communautarisme aurait fini par avoir raison de la France !
 
Notre civilisation n’est pas à vendre sur l’autel de la laïcité.
 Car si l'on applique une conception intégrale (intégriste ?) de la laïcité, que subsiste-t-il de notre héritage ?
Veut-on supprimer tous les tableaux religieux du Louvre, tous les noms de village consacrés à un saint, toutes les mentions religieuses de l’histoire de notre pays ?
 Certaines mairies rencontrent depuis plusieurs années des difficultés à faire accepter une crèche de Noël sur le territoire de leur commune, au nom de la laïcité.

 La neutralité religieuse signifierait-elle le déracinement culturel ?
Veut-on créer la civilisation du vide qui deviendrait bien vite le vide de la civilisation ?
Si l’Etat est laïc, la France est chrétienne, disait le général de Gaulle.
 Et la neutralité religieuse ne devrait jamais conduire à l’effacement de notre civilisation au profit du multiculturalisme.
Non seulement, notre civilisation a des droits historiques sur notre nation, non seulement, elle promeut des valeurs universelles auxquelles nous sommes attachés, mais par-dessus tout, nous la chérissons parce que c’est la nôtre et qu’il en va de notre existence.

 Donc, si nous voulons lutter contre le communautarisme, invoquons notre identité et non la laïcité, selon l’antique adage : « A Rome, fais comme les Romains ! ».
 
Tribune publiée dans Valeurs actuelles du 30 avril 2014.

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