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mardi 18 mars 2014

Crimée : quand l’Occident légitime la violence.

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Le 18 mars 2014

 
 
Barroso et Van Rompuy – eux qui n’ont jamais été élus par personne – parlent de « référendum illégitime dont les résultats ne seront pas reconnus ».
« La Russie est une station-service déguisée en État ! »
C’est avec cette comparaison ridicule que le sénateur républicain John McCain a évoqué le référendum organisé ce week-end en Crimée, une consultation qu’il a par ailleurs qualifiée de « farce de mauvais goût ».
 Il a en outre appelé le président Obama à fournir à l’Ukraine une assistance militaire incluant des armes sophistiquées, à redéployer des missiles en Tchécoslovaquie et en Pologne et à entamer des négociations pour la future intégration de la Moldavie et de la Géorgie dans l’OTAN.
 Songez que ce va-t-en-guerre grotesque et inculte aurait pu être l’actuel résident de la Maison-Blanche… Sans commentaires !


En Europe – noblesse oblige –, on respecte davantage les formes, mais le fond est bien du même acabit.
 François Hollande parle de « pseudo-consultation », Laurent Fabius de « consultation illégale ». Quant à Barroso et Van Rompuy – eux qui n’ont jamais été élus par personne –, ils parlent de « référendum illégitime dont les résultats ne seront pas reconnus ».

Or, ces résultats sont sans équivoque.
 À ce niveau de « oui » — plus de 90 % avec une participation de plus de 80 % —, le verdict est sans contestation possible : la Crimée veut quitter l’Ukraine et revenir dans le giron de la mère patrie russe.

Rappelons que, a contrario, pour « l’Occident », le renversement de Viktor Iouchtchenko n’a souffert aucune contestation – bien au contraire ! –, même s’il était le président légitime régulièrement élu et même si son départ a été la conséquence d’émeutes sanglantes déclenchées par ses adversaires politiques.

Imaginons la situation inverse.
 Un gouvernement ukrainien ouvertement soutenu par l’Union européenne, renversé par les partisans d’un rapprochement avec la Russie.
 La région la plus occidentale de l’Ukraine, celle de Lvov, l’ancienne Lemberg, se proclame indépendante à une écrasante majorité et demande son rattachement à l’Union européenne.
Aurions-nous entendu le même discours dans les médias occidentaux ?
 À l’évidence non, le précédent du Kosovo en témoigne.

La morale de l’histoire est limpide.
 Peu importent le droit, le verdict des urnes et les précédents de l’Histoire !
 La raison du plus fort reste encore et toujours la meilleure et, selon le camp où vous vous situez, votre action sera légitime ou non.
Écossais (le 18 septembre 2014) et Catalans (le 9 novembre 2014) sont maintenant prévenus.

Et pourquoi s’arrêter aux référendums ?
 Une déroute des partis pro-européens aux élections de mai prochain porterait un coup terrible non seulement à l’Union européenne mais à l’OTAN.
 Croyez-vous que le pouvoir en place se laissera faire ?

Le précédent du traité de Lisbonne avait ouvert une boîte de Pandore, les élections ne servent-elles plus qu’à donner une apparence de légitimité à une idéologie imposée de force par la propagande d’État ?
 
 Si l’indépendance de la Crimée est empêchée de se traduire dans les faits, si les indépendantistes écossais et catalans – dans l’hypothèse où ils sortent vainqueurs – se voient déniés leur victoire, alors tous les ingrédients de la guerre civile seront réunis, cent ans pile après le drame de Sarajevo.

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