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jeudi 22 août 2013

Roms: “Ils ne veulent ni s’assimiler, ni même nous respecter…”

22 Août 2013  Par
 
 Reportage. Vols, criminalité, incivilités, sur fond d’angélisme des autorités, d’angoisse des petits élus et de détresse des habitants : choses vues en Loire-Atlantique. Photo © AFP
 
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« Personnellement, j’étais très content de l’arrivée des Roms dans notre quartier. J’avais envie d’aider ces gens stigmatisés, de découvrir leur culture nomade avec sa musique, ses hommes libres, ses femmes aux robes multicolores… Et puis finalement, après quatre ans de voisinage, j’ai acheté un fusil… »

Aujourd’hui, Pascal, 42 ans, s’apprête à quitter Rezé, commune de l’agglomération nantaise où il vit depuis 1983 : « Ils ont agressé mon fils. Ils réveillent les voisins en déchargeant des monceaux de ferraille à 4 heures du matin. Par 30 °C, nous vivons fenêtres fermées : pour récupérer du métal, ils font fondre les gaines des câbles électriques, qui dégagent une odeur épouvantable, les chapardages se multiplient. La police décourage le dépôt de plainte s’il n’y a pas effusion de sang.
 Les associations vous soupçonnent de racisme. Les politiques font l’autruche. »
Les histoires comme celles de Pascal ne se comptent plus en Loire-Atlantique.
Alors que le problème rom sera au coeur des élections municipales de 2014, la métropole nantaise, avec son mélange de bons sentiments, d’impuissance et de cynisme politicien, incarne l’échec de la gauche et son angélisme en matière d’intégration.

Dès 2005 — date de la préadhésion de la Bulgarie et de la Roumanie à l’Union européenne —, Jean-Marc Ayrault, alors maire de Nantes, a encouragé l’arrivée de Roms à coup d’aides sociales et de traitements de faveur (lire encadré page 12).

Profitant de l’aubaine et de l’élargissement européen, en 2007, les “fils du vent” se ruent vers l’eldorado du bocage.
 Mais, en 2010, face à la montée de l’exaspération populaire, Ayrault décide de se débarrasser du boulet tsigane en dispersant les camps dans les communes voisines.
 Les petits élus doivent gérer, seuls, les incivilités des Roms et la colère de leurs administrés. « Nous avons été mis devant le fait accompli, sans consultation, sans moyens, sans rien », raconte Antoine Chereau, maire de Montaigu.

La situation s’aggrave avec la circulaire Valls, en août 2012, qui impose, avant le démantèlement d’un camp illégal, un “diagnostic social” contraignant les maires à reloger les expulsés et à leur fournir un emploi.
 Résultat : 1 500 à 2 500 Romanichels squattent désormais l’agglomération nantaise, soit 10 % de la population rom résidant en France, selon l’estimation — minimaliste — du Conseil de l’Europe (l’ONG La Voix des Rroms les évalue à un demi-million de personnes).

À Bouguenais-les-Couëts, près de l’aéroport de Nantes, une centaine de nomades s’est approprié un champ.
Certains prennent le soleil dans des canapés en cuir alignés le long des caravanes.
 Des enfants jouent au milieu d’empilements de réfrigérateurs.
 Une Gitane burinée nous raconte sa misère quand arrivent cinq monospaces surchargés.
 Les dix malabars qui en sortent, manifestement gênés par notre présence, refrènent leur hostilité en découvrant notre statut de journaliste.
 Passant outre leur cargaison hétéroclite, ils prétendent même nous renseigner sur l’explosion des rapines dans le secteur : « C’est Roumains ! Roumains, très voleurs. Nous, Roms… Roms gentils ! » Entre 2011 et 2012, les cambriolages en milieu urbain ont augmenté de 50 % dans le département.
 En moyenne, l’agglomération subit 15 cambriolages par jour ! En moins de dix minutes, certains voleurs raflent l’argent liquide, le matériel électronique ou les bijoux en or, faciles à revendre.
 Un modus operandi qui porte la signature de gangs roms.
[...]
Pour Gilles Retière, maire de Rezé et président de Nantes Métropole, l’intégration passe par le logement : « Il faut des appartements, des maisons. »
 Antoine Chereau ne partage pas cette opinion : « En 2009, une dizaine de Roms aidés par des militants associatifs ont loué des maisons à Montaigu. Ils sont plus de 100 aujourd’hui, dans des lieux inadaptés à leur nombre, à vivre d’aides sociales tout en roulant dans de grosses cylindrées. Le relogement des Roms n’est pas la solution. Ceux qui prétendent le contraire vivent coupés des réalités. »

Un commerçant du cru raconte :

 « Ils ne veulent ni s’assimiler, ni même nous respecter ! Ils vivent dans la rue, y font la cuisine, sèchent leur linge… Pour eux, nous n’existons pas. Vols et incivilités sont monnaie courante, déchets et excréments s’amoncellent. C’est le tiers-monde ! Notre patience a trouvé ses limites quand ils ont tendu des cordes à travers la rue pour faire sécher des saucisses… »

 Par deux fois, le maire de Montaigu a écrit à Manuel Valls pour demander de l’aide. Il attend toujours une réponse. [...]

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