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mardi 16 juillet 2013

Le PS ne suscite aucun désir .

 

 
Charlotte Chaffanjon
Le Point.fr - Publié le

Le parti majoritaire ne parvient pas à trouver sa place dans le paysage. Les socialistes désignent un coupable : le patron, Harlem Désir.

Il y a un sujet qui met d'accord tous les socialistes, ou presque. Et c'est contre lui. Harlem Désir. Voilà un nom qui déclenche soupirs d'exaspération, yeux levés au ciel, longs silences ou rires amers. Au choix. Le premier secrétaire du PS, élu en octobre dernier lors du congrès de Toulouse, n'est pas parvenu à être le rassembleur qu'aurait souhaité faire de lui François Hollande. Il ne divise pas non plus. Au mieux il indiffère. Au pire il agace.
Les reproches volent en escadrille dans les rangs des parlementaires, députés et sénateurs. Et chez les dirigeants du parti, qui, hormis un petit groupe de privilégiés, ne parviennent pas à communiquer avec le patron. Harlem Désir serait trop fermé à la discussion, trop mollasson dans la riposte face à l'opposition, trop lent à organiser les futures échéances électorales, au premier rang desquelles les municipales. Véritable crash test pour la majorité, elles se dérouleront en mars 2014. "Le dilemme est simple : on ne peut pas aller aux municipales ni aux européennes de 2015 avec Harlem Désir, mais on ne peut pas le changer avant le prochain congrès [en 2015, NDLR]. Alors tout le monde regarde ses pompes, à commencer par ceux qui l'ont fait roi", décrypte un responsable socialiste.

"Personne n'est satisfait"

Ceux qui l'ont fait roi, ce sont les ministres constituant la bande des quatre : Manuel Valls, Vincent Peillon, Pierre Moscovici et Stéphane Le Foll, avec l'aval de François Hollande. Alors que le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et l'ancienne patronne du parti, Martine Aubry, plaidaient pour que ce soit Jean-Christophe Cambadélis qui obtienne le job, ces quatre ambitieux ont oeuvré pour installer Harlem Désir, jugé moins susceptible de leur barrer la route dans le futur.
"Ils sont tous sur la ligne : On a déconné, on ne comprend pas, on ne s'attendait pas à ça", poursuit ce dirigeant du PS, qui assure que l'inertie du parti n'arrange personne. Même si le rôle de la formation est extrêmement difficile à définir en période de pouvoir, alors que le gouvernement monopolise la parole et l'attention. "Personne ne dit que c'est facile, mais là, ça ne va pas du tout. Personne n'est satisfait du fonctionnement du parti, de l'animation et de l'orientation", souffle un député qui pourtant voulait y croire, au début.

"Parti soviétique aux ordres"

Un responsable du PS, en conflit permanent avec Harlem Désir, n'en revient toujours pas de s'être vu barrer la route de la tribune lors d'une convention nationale. "Il m'a encore interdit de parler. Il a fallu que je casse la table pour y arriver. Le PS est devenu un parti soviétiques aux ordres." Chez les députés, on n'est pas beaucoup plus enthousiaste. "Harlem vient parler devant le groupe une fois par semaine. Il fait son discours. Personne n'écoute. Et après, on fait ce qu'on veut", raconte un élu de premier plan, qui assure : "Le groupe est plus musclé que le parti. C'est ici que les décisions se prennent."
"La solution, c'est l'exfiltration ministérielle", souffle un responsable socialiste. Un autre déroule un scénario précis, synthèse de ce qui se murmure depuis plusieurs mois. "Au congrès de 2015, c'est Stéphane Le Foll qui va remplacer Harlem. Jamais Hollande ne laissera se dérouler une campagne présidentielle avec le PS dans l'état dans lequel il est." L'actuel ministre de l'Agriculture, proche du président, dont il a été le directeur de cabinet durant onze ans rue de Solférino, dément pour l'instant vouloir prendre la succession d'Harlem Désir.

"Le PS aurait pu exploser, mais ça tient"

L'intéressé, qui n'est pas friand des rencontres avec les journalistes et qui est de toute façon un champion assumé de la langue de bois, fait le dos rond et laisse son entourage proche le défendre. "Le parti fait le boulot. Sur des sujets aussi difficiles que le traité européen ou l'accord sur la flexibilité du travail, le PS aurait pu exploser comme en 2005, mais ça tient", note un soutien du premier secrétaire. "Le PS est là sur trois axes, la mobilisation, l'organisation de débats et la préparation des élections", jure-t-on.
La rentrée des socialistes se fera à La Rochelle, du 23 au 25 août, pour l'université d'été, comme chaque année. Harlem Désir sera leur hôte à tous.
 

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