par T.G.
Shadi al-Waisi a été nommé ministre de la Justice dans le nouveau gouvernement qui dirige la Syrie après la fuite de Bachar al-Assad.
Depuis, deux vidéos datant de 2015 ont ressurgi sur Internet.
On le voit ordonner la mort de deux femmes au nom de la charia, à Idlib.
Des images qui font froid dans le dos. Deux vidéos circulant depuis quelques jours sur les réseaux sociaux montrent l’exécution en Syrie de deux femmes, accusées de prostitution. Ces images ne sont pas récentes : elles ont été tournées en 2015, à Idlib. Un homme présent lors de ces condamnations est en revanche dans l'actualité puisqu'il s'agit du nouveau ministre de la Justice.
Shadi al-Waisi a en effet été nommé dans le gouvernement mis en place par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) après la chute de Bachar al-Assad. Un groupe qu'il connait bien : selon le site de vérification Verify-sy, al-Waisi était il y a dix ans en poste à Idlib, bastion du HTS au nord de la Syrie. Derrière sa barbe épaisse, cet homme était alors un juge islamique.
#FactCheck A video claiming to show Syrian Minister of Justice Shadi al-Waisi reading execution sentences has circulated online. After thorough verification, including voice and facial matching, it was confirmed that the person in the video is indeed al-Waisi, who was a judge at… pic.twitter.com/0SbfhsTZ1e
— تَـأكّـدْ (@VeSyria) January 4, 2025
Sur la première vidéo, on le voit, aux côtés d'une femme à terre, prononcer une condamnation à mort "pour corruption et prostitution". Shadi al-Waisi apparait dans une autre vidéo, kalachnikov en mains, avec une femme qui se tient à genoux. Un combattant, récitant des versets du Coran, affirme alors qu’il y a une "preuve" de ses crimes qui lui ont fait répandre "la corruption sur terre". La femme, elle, demande à voir ses enfants, "une dernière fois, mes frères". Un troisième homme apparait, sort son arme et lui tire une balle dans la tête.
Selon Verify-sy, l'une des vidéos aurait été tournée à Maaret Misrin, une petite ville à 10 km au nord d'Idlib. Sur un mur, un aperçoit l’inscription "Front Al-Nosra", ce groupe djihadiste dont est issu le HTS. Autre élément mis en avant par le site pour affirmer qu'il s'agit bien de Shadi al-Waisi : une analyse des images, basée sur une comparaison des traits de l'homme mais aussi de sa voix.
Depuis que ces vidéos ont été exhumées, des appels à la démission se sont multipliés sur les réseaux sociaux. Un fonctionnaire, sous couvert de l'anonymat, a confirmé qu'il s'agit bien du nouveau ministre de la Justice, précisant que "c'était une autre époque". "Ce chapitre est clos", a ajouté le fonctionnaire, évoquant l'application de la charia dans la région d'Idlib.
En 2015, le Front Al-Nosra d'Abou Mohammad al-Joulani, le chef islamiste du HTS désormais au pouvoir en Syrie, appliquait la charia sur les terres qu'il contrôlait. Il faudra attendre l'année suivante pour observer une rupture avec Al-Qaïda. Le groupe a ensuite tenté de lisser son image et de présenter un visage plus modéré, sans trop convaincre les analystes ou encore les chancelleries occidentales, dont plusieurs classent toujours HTS comme un groupe terroriste.
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