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jeudi 5 décembre 2024

Migrants : l’Algérie refoule et expulse sans complexe


Capture d'écran France 24 sur YouTube 
 
Capture d'écran France 24 sur YouTube

 

 

La France peine à refouler les migrants, puis à exécuter les OQTF prononcées par les préfets.

« Je pense qu’aujourd’hui, le taux d’exécution est très bas, moins de 10 % », rappelait le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, sur Europe 1 et CNews, le 24 septembre, Nos voisins algériens, eux, ne s’embarrassent pas de telles pudeurs.

Le 1er décembre, La Revue Afrique dévoilait sur X, vidéos à l’appui, que « l’Algérie a expulsé, aujourd’hui, des milliers de migrants subsahariens à travers ses frontières sud avec le Mali et le Niger ».

 

🇩🇿 🇲🇱 🇳🇪 FLASH | L’#Algérie a expulsé aujourd’hui des milliers de #migrants subsahariens à travers ses frontières sud avec le #Mali et le #Niger. pic.twitter.com/hueJOXW1TS

— La Revue Afrique (@larevueafrique) November 30, 2024

Si nos grands médias se montrent peu prolixes sur la question, l’Algérie est depuis bien longtemps coutumière d’opérations musclées de ce type, et à un rythme qui s’accélère, ces dernières années.

En juillet 2023, BV relayait les informations recueillies par Info Migrants, qui précisait que les « forces algériennes raflent les migrants chez eux ou dans la rue et les expulsent dans la foulée à la frontière ». Les 15 et 16 juillet, 1.300 migrants venus du Mali, de Guinée et de Gambie, parmi lesquels des femmes et des enfants, auraient ainsi été expulsés manu militari, sans eau ni nourriture. Et en 2022, déjà, plus de 24.000 personnes auraient été expulsées vers un poste frontière du Niger.

Dans de moindres proportions, semble-t-il, la Tunisie aurait opté, elle aussi, pour la manière forte depuis la réélection du président sortant Kaïs Saïed. Le 18 novembre dernier, Info Migrants alertait : « Les prisons sont remplies de migrants subsahariens » condamnés pour « séjour irrégulier ».

D’après Médecins sans frontières, l’Algérie aurait expulsé plus de 22.000 migrants subsahariens, en 2023. Alarme Phone Sahara a, depuis, compté « exactement 19.798 personnes refoulées de janvier 2024 à août 2024 ». Et ce, comme le rappelait BV, en vertu d’une loi de 2008 criminalisant l’immigration irrégulière.

Déstabilisation subsaharienne

Pourquoi cette politique anti-migrants est-elle mise en œuvre et se durcit-elle ? Pour bien comprendre, il faut prendre en compte l’ensemble des territoires concernés, au-delà de la seule Algérie. La plupart des flux refoulés par l’Algérie viennent de son voisin nigérien. Or, la situation a évolué, au Niger, depuis l’an passé. Le 26 juillet 2023, le président Mohamed Bazoum a été renversé par le chef de sa garde et séquestré dans le palais présidentiel. En novembre, le nouveau régime militaire a abrogé une loi de 2015 criminalisant le trafic des migrants.

Dans la foulée, sous la pression du régime, la France a achevé son retrait militaire du Niger et a fermé son ambassade à Niamey. Depuis, on assiste à un sordide jeu de ping-pong entre le Niger et l’Algérie, le premier envoyant régulièrement des flots de migrants vers l’Algérie, laquelle organise périodiquement des convois de retour à l’envoyeur. À chaque fois, le même scénario que celui montré par les vidéos de La Revue Afrique : des camions à bestiaux déversent des milliers de sans-papiers à la frontière avec le Niger, lesquels n’ont pas d’autre choix que de parcourir à pied, sous le soleil, les quinze kilomètres les séparant d’Assamaka, premier poste frontière nigérien. Parmi eux, de nombreux Sénégalais, ce qui ne suscite guère de réactions de la part de Dakar, surtout depuis que le pouvoir en place a été renforcé par sa large victoire aux législatives anticipées du 17 novembre.

Le 28 novembre, le président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, déclarait qu’il « n’y aura[it] bientôt plus de soldats français au Sénégal ». Autant dire que, la France absente, le trafic (dans tous les sens du terme) sur l’autoroute de la migration subsaharienne ne va cesser de s’accroître. Et si l’Algérie et la Tunisie durcissent désormais leur politique en ce domaine, la brèche ouverte en Libye depuis le renversement de Mouammar Kadhafi en 2011, avec l’appui des Occidentaux et notamment de la France, continue d’alimenter les flux.

Les plus grands bénéficiaires de cette anarchie migratoire grandissante sont évidemment les passeurs, esclavagistes contemporains, dont les trafics sont éminemment rémunérateurs et dont la tâche est grandement facilitée par des complices plus ou moins conscients en France : immigrationnistes ou « humanitaires » rémunérés sur fonds publics, sans parler des partisans des « valeureux » défenseurs des métiers en tension.

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