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mardi 24 septembre 2024

Quand Sarah Knafo dénonce le scandale de l’aide au développement


sarah knafo

 

 

Où faire des économies ? Telle est la question qui agite, actuellement, le petit milieu politico-médiatique. 

À peine nommés, les ministres de l'Économie et des Comptes publics devront en effet s'atteler à boucler l'épineux budget 2025, dont l'examen au Parlement doit débuter au plus tard au 1er octobre, pour une promulgation au 1er janvier suivant. Il faut donc d’urgence trouver ses sous et chacun a sa petite idée sur le sujet.

Interrogée, vendredi 20 septembre, sur RMC Story, Sarah Knafo a livré quelques pistes. « C’est un sujet qui me passionne. J’étais magistrate à la Cour des comptes, c’était mon métier d’épingler les ministères et de voir où il y avait des dépenses, a ainsi débuté la députée européenne. Est-ce que vous savez, par exemple, qu’on donne 800 millions d’euros à l’Algérie en aide publique au développement ? Est-ce que vous savez qu’on donne, chaque année, 120 millions d’euros d’aide au développement à la Chine, c’est-à-dire à la première puissance économique du monde ? On l’aide à se développer alors qu’on est train de faire des appels aux dons pour financer des scanners à l’hôpital Georges-Pompidou. »


 

Sarah Knafo ne croit pas si bien dire. Notre pays se montre en effet extrêmement généreux envers certains pays, ceux situés au sud de la Méditerranée en particulier. Alors que l’Afrique comptait déjà pour plus de la moitié de l’aide publique au développement (APD), soit 4,4 milliards de dollars par an, Emmanuel Macron s’engagea dès le début de son mandat à faire encore « mieux » et redoubla d’efforts pour dépenser l’argent du contribuable : 1 milliard d'euros pour les PME africaines en 2017, 1,4 milliard pour le métro d’Abidjan en 2018, 135 millions pour les femmes entrepreneures africaines en 2019, 120 millions pour le développement du Niger en 2022, 1 milliard pour la décarbonation de l'Afrique du Sud en 2022, 100 millions pour le développement du numérique au Nigeria en 2024… Autant d’argent dont nos services publics en déshérence auraient cruellement besoin.

La dette postcoloniale

Comment expliquer cette invraisemblable altruisme ? La députée Reconquête y voit le fruit d’un système de pensée dépassé, non actualisé. « La France croit encore qu’elle est dans son rôle des années 60 d’aller aider les puissances émergentes du monde entier, mais qui n’a pas compris que la Chine n’était plus une puissance émergente, mais la première économie du monde. » C’est très certainement juste. Peut-être est-il permis d’y voir également le comportement d’un pays animé d’un immense sentiment de culpabilité ?

Depuis la fin du XIXe siècle, l’Occidental est persuadé d’être chargé du destin de l’humanité.

Il croit devoir apporter bonheur et progrès aux peuples du monde entier. C’est le « Fardeau de l'homme blanc », tel que conceptualisé par l'écrivain britannique Rudyard Kipling. Plus récemment, cet homme blanc s’est mis en tête qu’il était aussi responsable des malheurs de ses semblables. Son hybris le pousse à plaider coupable de tous les crimes dont on l’accuse et à s’acquitter d’une pseudo « dette coloniale ». C’est ainsi qu’il faut comprendre les subsides astronomiques et sans cesse croissants que l’État français accorde au continent noir. « Notre objectif : faire plus pour l’Afrique », tweeta Emmanuel Macron, le 18 mai 2021. « Nous avons une dette envers l’Afrique », déclara-t-il encore, quelques mois plus tard.


 

Cette idée d’un péché dont on pourrait s’absoudre en distribuant des espèces sonnantes et trébuchantes est bien naïve. En réalité, plus la France sort le chéquier, se met à genoux et se couvre la tête de cendres, moins elle est respectée. Certains peuples n’ont que mépris et haine pour ceux qui passent leur temps à s’excuser. « Sur le sujet de l'Algérie et des pays africains à qui on donne des milliards d’euros chaque année, je vous mets au défi d’aller me trouver la contrepartie que la France en retire. On n’obtient même pas d’eux le fait de reprendre leurs clandestins ! », observe Sarah Knafo.

C’est juste, hélas. Notre générosité envers le Sud ne nous vaut rien en retour, pas la moindre reconnaissance. Au moment où notre pays manque cruellement de liquidités, il serait bon d’en prendre conscience.

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