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samedi 28 septembre 2024

Huit anciens ministres contre la réforme de l’AME : de quoi je me mêle ?


Capture écran TF1 
 
Capture écran TF1

 

 

Ce lundi 23 septembre, le fraîchement nommé ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, était l’invité du journal de TF1.

 Sur le plateau du 20 Heures, il annonçait vouloir réformer l’aide médicale d’État (AME), « un dispositif permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d'un accès aux soins », comme indiqué sur le site service-public.fr.

Le nouveau locataire de la Place Beauvau a justifié sa démarche : « Nous sommes un des pays européens qui donnons le plus d’avantages et je ne veux pas que la France se singularise, que la France soit le pays le plus attractif d'Europe pour un certain nombre de prestations sociales, d'accès aux soins. »

L’AME, l’aide de trop ?

Rappelons que l’AME permet aux clandestins étant illégalement sur le territoire français d’être soignés et de bénéficier d’une « prise en charge à 100 % » dans la limite des tarifs de la Sécurité sociale. Un avantage qui, comme le laisse entendre le ministre de l’Intérieur, pourrait inciter un certain nombre d’étrangers à s’installer en France. Chose qu’il veut combattre et pour laquelle il risque d’avoir toutes les peines du monde, tant son intervention sur le sujet a suscité de réactions hostiles.

Huit anciens ministres de la Santé - fonction passée qui leur donne évidemment toute légitimité - ont signé une tribune dans Le Monde pour affirmer la nécessité de maintenir l’aide médicale d’État. Il s’agit d’Agnès Buzyn et d’Olivier Véran, tous deux exemplaires dans la gestion de la crise du Covid, de Roselyne Bachelot, qui a encore un bon stock de vaccins contre la grippe A à écouler, de François Braun, fort d’une expérience d’un an et seize jours à l’avenue Duquesne, de Frédéric Valletoux et d’Agnès Firmin-Le Bodo, qui ont fait encore mieux en y restant moins de huit mois, d’Aurélien Rousseau, en poste cinq mois, et de Marisol Touraine, dont la durée d’exercice et l’expérience font figure d’OVNI dans la liste.

Ces derniers soulignent que « l’AME ne concerne pas des soins de confort, susceptibles d’attirer une immigration dont les causes sont évidemment plus diverses et complexes ». Que dire, alors, des interventions pour oreilles décollées ou du remboursement de la contraception ? Ne s’agit-il pas, précisément, de soins de confort ?

…d’un système de santé exsangue

Autre argument avancé : « Toucher à l'aide médicale d'État va à rebours de la logique même des politiques de santé publique que nous avons mises en place. » Et alors ?

À voir l’état dans lequel ont été laissés l’hôpital public et la médecine de ville, il pourrait être assez tentant d’aller à « rebours » de ce qui a été fait auparavant.

Enfin, les anciens ministres affirment qu’affaiblir l’AME, « c'est exposer notre système de santé à une pression accrue de prises en charge plus tardives et donc plus graves et plus coûteuses ». N’est-ce pas, déjà, ce qui est en train de se produire avec les Français lambda qui cotisent mais ne peuvent plus payer leurs frais de santé car, pour eux, la prise en charge n’est que de 70 % ? Ces anciens ministres ont l’art de regarder les choses par le petit bout de la lorgnette et de se mêler de ce qui ne les regarde plus.

Le système de santé français va mal et ce n’est certainement pas en ne réduisant aucune dépense que cela changera. En 2024, le coût de l’AME devrait atteindre 1,2 milliard d’euros. En économisant sur ce poste, l’hôpital Georges-Pompidou n’aurait peut-être pas besoin de faire un appel aux dons pour financer son nouveau scanner. À méditer.

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