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mardi 10 septembre 2024

Algérie : réélection contestée d’un président anti-France


@Radio of Algeria/Wikimedia Commons @Radio of Algeria/Wikimedia Commons

 

 

Abdelmadjid Tebboune a été réélu président de l’Algérie, remportant, ce samedi 7 septembre, les élections avec un score léonin de 94,65 % des voix, selon les chiffres avancés par l’Autorité nationale indépendante électorale (ANIE).

 

 Face à lui, Abdelaali Hassini Chérif, le candidat islamiste (Mouvement de la société pour la paix, MSP), recueille 3,17 % des vois, et Youcef Aouchiche, le candidat de l’opposition laïque (Front des forces socialistes, FFS), 2,16 %.

Un scrutin contesté par l’opposition algérienne

Une victoire écrasante, mais qui pâtit d'une légitimité et d'un taux de participation contestés : 48,03 %, selon l’estimation officielle de l'ANIE. Mais au sein de l’opposition algérienne, les doutes fusent. On s’étonne que la participation soit passé de 26 % (à 17 heures) à 48 % (à 20 heures). Pour Atmane Mazouz, président du parti d’opposition laïque (Rassemblement pour la culture et la démocratie, RCD) ayant choisi de boycotter l’élection, « la désertion des urnes [était] telle que les centres urbains donnaient l’impression de villes mortes ».

Abdelaali Hassani Cherif va même jusqu’à contester les résultats de l’élection : « Je ne reconnais pas ces résultats », déclare t-il, ce lundi 9 septembre, en conférence de presse. Une dénonciation partagée, puisque les trois candidats à la présidentielle publiaient, dans la foulée, un communiqué conjoint dans lequel ils tenaient à informer « l’opinion publique nationale des imprécisions, des contradictions, des ambiguïtés et des incohérences qui ont été relevées dans les chiffres lors de l’annonce des résultats provisoires par le président de l’ANIE » Mohamed Charfi.

Mais pour Abdelmadjid Tebboune, la campagne fut « propre ». Le quotidien étatique El Moudjadid reprend ainsi le discours présidentiel, qualifiant, pour sa part, l’élection de « démonstration citoyenne ».

Emmanuel Macron - protocole diplomatique oblige - a tendu la main à son homologue algérien, tentant de renouer le dialogue avec Alger, après la reconnaissance houleuse, en juillet dernier, de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Depuis le palais de l’Élysée, le Président français adresse au président Tebboune « ses plus vives félicitations » et ses « meilleurs vœux de succès ». Il salue également « la relation exceptionnelle qui la lie à l’Algérie, dans tous les domaines ».

Mais alors que la France s’attèle à renouveler les « liens d’amitié qui unissent la France et l’Algérie », la presse algérienne s'empresse d’entretenir l’hostilité avec Paris, perpétuant inlassablement les dividendes de la rancœur mémorielle. C’est, du moins, ainsi qu’a réagi la chaîne d’État algérienne TV2, ex-Canal Algérie, qui n'a pas manqué l’occasion d’insulter la France, une énième fois, alors que le pays signataire des accords d'Évian « vit l’une des pages les plus noires de la Ve République ». Une riposte, alors que de l’autre côté de la rive méditerranéenne, les médias français, eux, s’interrogent sur les conditions de la réélection du président algérien.


Riposte algérienne véhémente à l'égard de la France

Sur le plateau, la journaliste se défend contre les critiques de la presse française, assénant des propos véhéments à l'encontre de la France : « L’Algérie est un grand pays de libertés, stable et prospère […], très loin de la colonie de misère dont vous [les Français] avez été chassés […] » Et de poursuivre, avec des mots teintés de ressentiments : « L’Algérie est beaucoup mieux lotie que la France […] L’Algérie des années 2020 est un pays dotée d’institutions légitimes et stables au moment où la France est devenue un pays ingouvernable. » La journaliste adresse également une pique virulente, s’agissant de l’état préoccupant de l’endettement public français : « L’Algérie est un pays qui n’a pas un centime de dette, au même moment où la France, avec plus de 3.000 milliards de dette, figure dans le top 5 des pays les plus endettés en Europe ». Pour TV2, « la France est devenue la risée du monde. ». « La risée du monde... » De quoi approfondir les liens bilatéraux franco-algériens de manière constructive… Nourrissant, une fois de plus, la rhétorique victimaire algérienne, elle avance, sur un ton présomptueux : « L’Algérie n’est pas un protectorat et elle ne le sera jamais. C’est le serment fait aux martyrs de la guerre de libération nationale. »

À quand, la fin du privilège algérien ?

Des propos qui, pour Gérard Araud, ancien ambassadeur de France aux États-Unis et en Israël, attestent de la voie, sans issue, où mènent les efforts de réconciliation, réitérés depuis tant d'années, mais sans résultat positif, de la diplomatie française à l’égard d’Alger. « L’Histoire nous apprend qu’il est vain pour la France de vouloir améliorer ses relations avec l’Algérie. Le régime algérien a besoin d’alimenter régulièrement des controverses contre notre pays pour refonder sa légitimité et faire oublier son autoritarisme et son inefficacité », conclut-il.

Cette impasse algérienne et ce refus de coopérer, Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France à Alger sous les présidences Sarkozy et Macron, les dénonçait sans langue de bois, auprès de BV. La solution, pour l'ancien ambassadeur ? Que la France rétablisse le rapport de force, en posant notamment la question de la pertinence de l'accord de 1968.

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