Dans la première circonscription de Haute-Loire, Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes et candidat putatif des Républicains pour la présidentielle de 2027, fait face à un adversaire de poids pour l'investiture législative : Alexandre Heuzey, l'un des désormais nombreux profils d'experts œuvrant pour le RN.
Alexandre Heuzey était jusqu'à peu inconnu du grand public.
Âgé de 50 ans, diplômé de droit et de science politique à l'IEP de Paris et lauréat du concours général des facultés de droit, il occupe depuis 2014 un poste d'administrateur au sein du Parlement européen. Après avoir passé dix ans à faire de la politique dans l'ombre, c'est à la faveur de la recomposition politique provoquée par les législatives anticipées qu'il décide de se lancer dans le grand bain. Pourquoi la Haute-Loire ?
Selon Laurent Wauquiez, Alexandre Heuzey serait simplement « un candidat parachuté » par le RN dans cette circonscription. L'intéressé s'en défend. Il déclare être tombé amoureux de cette région, il y a des années, dont il connaît les réalités. Lors d'un débat organisé par France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, le 19 juin, entre les candidats de sa circonscription, l'écologiste (NFP) Céline Gacon se prononçait en faveur de l'installation d'éoliennes le long des autoroutes. Réponse immédiate d'Alexandre Heuzey : « Il n'y en a pas, en Haute-Loire, vous êtes au courant ? »
Son parcours au Parlement européen, où il travailla au sein du groupe ID (Identité et Démocratie) sur les affaires économiques, monétaires et fiscales ainsi que sur les questions de politiques régionales, lui a permis, selon lui, d’acquérir de nombreuses connaissances pratiques nécessaires à un représentant efficace de la nation.
Un expert des affaires européennes
Concernant les déclarations de Laurent Wauquiez, il répond à BV : « Je pense que c'est assez affligeant, alors qu'on est à un tournant historique au niveau national, de s'adonner à des attaques personnelles. » Alexandre Heuzey n'est pas auvergnat, cependant, une différence notable existe entre les deux hommes : « Mes grands-parents étaient agriculteurs, ils tenaient une petite ferme. J'ai donc une certaine sensibilité au monde agricole, j'en connais les enjeux, contrairement à monsieur Wauquiez. » Il affirme qu'un vote pour lui serait plus utile qu'un vote pour son rival. En effet, il s'attend à ce que le RN gagne une majorité relative, si ce n'est absolue. Les LR, en revanche, seront en situation minoritaire : « Dans un groupe majoritaire, nous pouvons plus efficacement défendre les intérêts des Français. Mon adversaire, en revanche, serait complètement marginalisé dans l'évolution des textes. »
Alexandre Heuzey, s'il est élu, aura deux priorités, à l'Assemblée. La première est, évidemment, l'agriculture et il souhaiterait faire des finances publiques la seconde. « Ma valeur ajoutée serait à la commission des finances. Je faisais partie de celle du Sénat, il y a quinze ans, puis j'ai passé dix ans à la commission des affaires économiques, monétaires et fiscales du Parlement européen. C'est donc là que je serais le plus utile. »
Cette expérience au Parlement européen serait un plus pour le RN en cas de majorité absolue et d'accession au pouvoir, car le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella se heurtera sans doute à l'Union européenne pour appliquer certains points de son programme.Alexandre Heuzey se veut, malgré tout, rassurant : « Certes, renégocier certains traités sera difficile ; cependant, nous pourrions déjà changer beaucoup de choses à l'échelle nationale. » Il nous confie avoir appris à reconnaître la duplicité de certains LR en fréquentant les arcanes du Parlement de Strasbourg : « En France, LR tient des positions très proches des nôtres, mais la quasi-totalité des grands textes européens sont votés d'un commun accord entre le Parti populaire européen (où siègent les LR), le groupe socialiste et le groupe Renew (où siègent les macronistes). » Une chose est certaine : le scrutin du 7 juillet sera d'une importance capitale.
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