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lundi 15 juillet 2024

[EDITO] À 78 ans, Donald Trump a bluffé l’Amérique… et le monde entier



 

Il est des photos qui entrent dans l’Histoire : celle qui fait aujourd’hui la une du Time en fait sans nul doute partie. 

Evan Vucci, le photographe de Washington, Evan Vucci, qui l’a prise - déjà lauréat par le passé du prix Pulitzer - raconte avoir tout de suite compris que le hasard l’avait mis au bon endroit au bon moment, et qu’il fallait immortaliser ce moment qui serait historique.

 Comme l’ont été les attentats contre Kennedy, Reagan ou encore Jean-Paul II.

« Le candidat républicain à la présidentielle, l’ancien président Donald Trump, lève le poing alors qu’il est précipité hors de la scène après une tentative d’assassinat lors d’un rassemblement électoral à Butler, Pennsylvanie », c’est ainsi que le photographe commente la photo qu’il poste sur les réseaux sociaux. Rajoutez à cela, décor inespéré, un drapeau américain qui flotte sur fond de ciel bleu radieux, le sang qui balafre le visage du candidat républicain, coulant de son oreille blessée jusqu’à sa bouche, enfin la composition, pyramidale, comme si tous les personnages de la scène concouraient à hisser le drapeau, qui ressemble au légendaire « Raising the Flag in Iowa Jima » pris le 23 février 1945 par Joe Rosenthal. Avec Donald Trump dans le rôle du GI au centre.


 

Un cliché sur le vif qui dit tout de Trump... 

Dans cette photo, l’économiste et président de l’institut Sapiens Oliver Babeau voit, lui, « un tableau de descente de la croix du Caravage, étrangement mixée avec une résurrection ». De fait Donald Trump y fait figure de Phénix. À 78 ans, il se relève, écarte ceux autour de lui qui veulent le protéger pour montrer qu’il est toujours debout, et brandit sa main serrée en criant « fight ! » à la foule. La version américaine de la devise de Charette : « Combattu souvent, battu parfois abattu jamais ! ». Ce samedi en Pennsylvanie, comme depuis sa dernière défaite électorale. Il apparaît aux yeux de beaucoup, dans une Amérique très religieuse, comme protégé par la Providence. Le sénateur républicain de Floride Marco Rubio relaie cette photo avec la légende : « Got protected President Trump ». La propre fille de Donald Trump, Ivanka, sur X, dit croire que feue sa mère, l’ex-femme de l’ancien président l’a protégé. De quoi alimenter l’imaginaire mystique de ses concitoyens, qui voient dans ce brusque mouvement de la tête, juste avant l’impact, qui lui a sauvé la vie, le signe qu’il est béni de Dieu - les protestants croient à la prédestination - et qu’il a la Baraka. Il fait donc figure de victime, mais contrairement à Lincoln ou Kennedy, de victime chanceuse. Un double bonus. Il est Roosevelt lisant son discours en dépit de la balle qui vient de l'atteindre. Bref, si feu le meurtrier espérait lui nuire c’est donc doublement raté.

 

... mais aussi sur la violence politique en Occident.

 

Diaboliser tue. Car il y eu une victime collatérale. L'assassin a abattu - avant d’être lui-même éliminé - un pompier quinquagénaire, père de famille, qui protégeant sa femme et sa fille de son corps, a pris la balle à leur place, selon le témoignage de celles-ci. Et comment pourrait-il en être autrement ? Si Trump - ou chez nous Le Pen - est Hitler, tout le monde veut être Stauffenberg. Si ce sont des « bêtes immondes », il faut faire des battues pour les éradiquer - n’est-ce pas le mot qu’a utilisé Clémentine Autain ? - comme celle du Gévaudan. Comment, à force d’être rabâchées, s’étonner que ces anathèmes soient prises au premier degré ? Quand Rima Hassan cite, sur X, Fanon - « Pour le colonisé, la vie ne peut surgir  que du cadavre en décomposition du Colon » - , le message est reçu cinq sur cinq par certains, comment pourrait-il en être autrement ?

Il est assez troublant de constater que le député LFI Sébastien Delogu n’a pas trouvé d’autre commentaire - comme s’il s’agissait d’une blague un peu loufoque - que « dinguerie » (sic), pour commenter, toujours sur X, l’attentat contre Donald Trump.

Quant à Sandrine Rousseau, qui, en députée de la nation plus responsable, a condamné les faits, pensé aux victimes, et souhaité un prompt rétablissement à Donald Trump elle s’est attirée pour ce message de convenance des commentaires furieux du côté de l’extrême-gauche. Qui s’apitoierait sur le sort du diable ?

L’Amérique est violente, cela n’arriverait pas en France ? C’est déjà arrivé. Quand en 1976, Jean-Marie Le Pen, et sa famille ont été visés par un attentat à la bombe villa Poirier - « l’une des plus grandes explosions à Paris depuis la Seconde Guerre mondiale », peut-on lire sur Wikipedia -, la fillette Marine Le Pen, en chemise de nuit dans les décombres, comprend par « cette nuit d’horreur », « à l’âge des poupées » que son père, et les siens, n’étaient pas « traités à l’égal des autres » : « cela deviendra , dira-t-elle, un élément majeur de [sa] propre construction ».

En attendant, le Menhir américain de 2024 - convenons que beaucoup de similitudes de caractère pourraient être relevées - pèse infiniment plus lourd sur tous les plans que le menhir breton de 1976. Et cette photo, comme une allégorie de sa résilience et de celle de l’Amérique, abattue mais pas battue qu’il entend faire renaître, pourrait devenir le tremplin de sa prochaine victoire.

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