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jeudi 27 juin 2024

[Exclu] Bellamy, Wauquiez, Pradié : engueulades, brouilles et tractations à LR


©Shutterstock
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Laurent Wauquiez rêve encore de l’Elysée mais, pour les LR, le défi de la reconquista devient chaque jour plus élevé.

 Emportés dans l’avion sans pilote de la dissolution, les LR opposés à l’alliance avec le RN donnent l’impression de frôler le crash aérien ou d’approcher du mur pleins gaz. 

On ne compte plus les coups de gueule en interne, les brouilles… et les départs.

La courageuse campagne européenne de François-Xavier Bellamy, brillante de l’avis général, n’aura rien changé à l’impasse dans laquelle s’enfonce un parti rongé par ses ambigüités, détruit de l’intérieur plus encore que de l’extérieur par les coups de boutoir du RN. Après Rachida Dati, passée de but en blanc de la droite sarkozyste au macronisme finissant, après Ciotti échappé en solitaire, c’est donc au tour d’Aurélien Pradié de quitter le navire ce mercredi 26 juin. L’ancien numéro deux des LR désavoue la démarche du président de son parti Eric Ciotti. Mais quitte justement ceux qui s’opposent à cette ligne : Bellamy, Wauquiez, Lisnard, etc. Comprenne qui pourra. Aurélien Pradié n’a pas pu être joint par BV mais il s’est confié à La Dépêche : « Eric Ciotti est une coquille vide, vendue aux lepénistes. Ceux qui seront passés au milieu de tout ça, en résistant, auront une force politique pour reconstruire », assure-t-il en pensant à lui, bien sûr. Il serait suivi d’une trentaine de députés.

Une soufflante de Wauquiez

Lui aussi se penche sur le bouleversement en cours du paysage électoral qui fait craquer toute l’armature des LR. Pradié ne croit pas à une majorité absolue du RN au soir du 7 juillet prochain mais ne fera pas d’obstruction anti-Bardella s'il rejoint Matignon et votera les lois proposées par le Premier ministre RN. « Il faut être capable de voter un texte quand il va dans le sens du pays, ce que j’ai toujours fait notamment en matière d’immigration », explique Pradié. De quoi agacer encore en interne...

Son départ est un caillou de plus dans la chaussure de Wauquiez, toujours silencieux dans les médias, mais très actif dans le parti et qui ne passe pas une journée sans préparer sa future campagne présidentielle. Le président du Conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes croit toujours à un trou de souris, à une voie ouverte par un échec du RN et un refus du macronisme comme de l’extrême gauche. La preuve ? Selon nos informations, Wauquiez a gratifié Bellamy, dont il est pourtant proche, d’une soufflante de légende lorsque le Versaillais tête de liste LR aux Européennes a précisé le 13 juin dernier, sur Europe 1, qu’il voterait RN au second tour des législatives s’il avait le choix entre le parti de Bardella et le Nouveau Front populaire. Si « je dois choisir, il est évident que je ferai tout pour empêcher que La France insoumise n’arrive au pouvoir dans ce pays », tranchait Bellamy. Pourquoi cette fureur ? « Wauquiez est dans une stratégie présidentielle, il ne peut pas accepter cette ligne sinon, c’est la fin de sa candidature », explique à BV l'entrepreneur Sébastien Laye, Ciottiste et candidat dans les Hauts-de-Seine face à Attal avec le soutien de Marion Maréchal. Laye était au courant de cet épisode.

Menaces de Manfred Weber, le patron du PPE

La même secousse liée au RN s’est produite dans les coulisses du Parlement européen. Au lendemain du schisme ciottiste, le patron du parti de centre droit PPE au Parlement européen Manfred Weber a lui aussi piqué un coup de sang et menacé d’exclure du PPE séance tenante les élus européens LR tentés par la ligne ciottiste : le général Christophe Gomart et l’agricultrice Céline Imart. D’où le rétropédalage par communiqué de Céline Imart, numéro deux de la liste Bellamy, qui avait, dans un premier temps, approuvé l’initiative de Ciotti. Contacté par BV, l’entourage de Bellamy évoque « une incompréhension » entre Weber et les LR. François-Xavier Bellamy et Céline Imart n’ont pas pu être joints. Au sein de la délégation européenne au Parlement européen, on confirme que la CDU, le parti de Manfred Weber, est très hostile à toute alliance de ce type, selon la presse allemande.

Très critique envers Von der Leyen, elle-même issue du PPE, durant la campagne, François-Xavier Bellamy, lui, n'a pas tout perdu : il a été élu vice-président du PPE au Parlement européen ce 19 juin, voilà une semaine, aux côtés de Manfred Weber. Dans la bataille, Bruno Retailleau, le président du puissant groupe LR au Sénat, fait profil bas, les sénateurs LR craignant pour l’instant les effets d’une alliance avec le RN. « Retailleau ne peut pas se permettre de franchir le Rubicon », explique une huile des LR. Pour l’instant, les élus LR anti-Ciottistes font donc le dos rond. Et réservent leur décision. Quitteront ? Quitteront pas ? « Ça dépendra du nombre de survivants de chaque côté après les législatives, explique notre cadre LR. On sait que cela va exploser mais on ne sait pas comment. Ni quand. C’est un parti qui ne parle plus aux gens », ajoute-t-il, un brin désespéré. Le défi de Wauquiez repose sur un parti rongé par la crise, qui fait encore illusion avec ses baronnies régionales mais ressemble de plus en plus au PS, à la dérive. Le prix à payer des déceptions accumulées durant des décennies, des calculs politiciens et, au fond, de l'oubli des intérêts de la France et des Français.

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