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vendredi 17 mai 2024

[TRIBUNE] Européennes : LR à la peine


union européenne

 

Bruno Retailleau estime qu’Emmanuel Macron est favorable à une Union européenne fédérale. 

C’est une erreur d’appréciation. De fait, le président de la République est favorable à un État européen supranational et uniformisateur, même pas à une Europe fédérale où les compétences de l’État fédéral et des États fédérés seraient clairement délimitées. 

L’Union européenne, telle qu’elle est gouvernée depuis des décennies, considère qu’il n’y a, en fait, aucune limite à l’extension de ses compétences dès lors que les États membres acceptent de les abandonner entre ses mains. Et de façon définitive, selon la jurisprudence de la Cour de justice de l’UE. Ce qu’ils ont fait avec une régularité d’horloge, traité après traité. Avec le soutien sans faille de sa famille politique qui les a soutenus « et porté sur tous les fonts baptismaux », pour reprendre la formule d’Éric Ciotti.

Et si personne ne veut de cette Europe-là, pour reprendre les propos de Bruno Retailleau, l’oligarchie des partis dits de gouvernement, elle, l’appelle de ses vœux. Faut-il rappeler, une fois encore, que le traité de Lisbonne, qui revenait à très peu de chose près au projet de traité portant Constitution pour l’UE rejeté par référendum, a été soutenu par une écrasante majorité des députés LR ! Ciotti et Larcher en tête, aux ordres de Sarkozy. Nous en revenons toujours à la même inconséquence qui consiste à déplorer les effets des choix politiques faits par sa propre famille politique et avec constance en matière européenne.

Mais là où la plaisanterie n’est plus drôle du tout, c’est lorsque le président du groupe LR du Sénat suggère que le meilleur moyen de défendre les intérêts de la France est de siéger au Parti populaire européen (PPE). Or, cette formation proclame dans ses statuts la « volonté commune de fonder une Union européenne fédérale ». Projet qu’il reproche à Macron... Comprenne qui pourra.

Au demeurant, le manifeste dudit PPE pour les présentes élections européennes demande la transformation de l’UE en « démocratie parlementaire à part entière », c'est-à-dire en État. Et pour aller plus loin encore dans la transformation en État à part entière, le même document de campagne demande l’instauration d’un « ministre des Affaires étrangères de l’Union européenne », proposition qui avait été rejetée par le référendum de 2005.

Pour ne pas s’arrêter en si bon chemin, ce même manifeste réclame la fin de l’unanimité en matière de sanctions internationales. Ce qui signifie que la France pourrait être contrainte d’adhérer à des sanctions internationales auxquelles elle ne serait pas favorable ! Pour ceux qui croient encore que LR est héritier du gaullisme, ce pourrait être surprenant. Mais depuis Jacques Chirac, l’invocation des mânes de De Gaulle n’est qu’une figure de rhétorique pour ce qui concerne l’Union européenne.

Il existe une logique et une dynamique politiques dans le fait d’adhérer à une formation politique favorable à la transformation de l’Union européenne en « démocratie parlementaire à part entière » dans « la volonté commune de fonder une Union européenne fédérale ». L’alternative est donc la suivante : ou bien LR ment au PPE, ou bien LR ment à ses électeurs. Il est impossible d’être favorable à « une Union européenne fédérale » à Bruxelles et hostile à celle-ci à Paris ! Dans les faits, la famille politique de LR, au moins depuis Jacques Chirac, s’est ralliée à l’idée d’une intégration toujours plus forte au sein de l’Union européenne pour la transformer en véritable État supranational. Elle a toujours soutenu les traités qui allaient en ce sens, à part quelques dissidents tels Philippe Séguin ou Charles Pasqua.

Dès lors, il n’est pas surprenant que LR soit à la peine. La cohérence et la clarté sont nécessaires à une vie démocratique honnête. Les électeurs ne sont ni idiots ni fous. Ils perçoivent très bien les ambiguïtés des positionnements politiques. Généralement, ces ambiguïtés sont les préludes des trahisons ou des renoncements.

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