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lundi 20 mai 2024

L’offensive russe sur Kharkiv et la pénurie de soldats ukrainiens vont-elles imposer la paix ?


Capture d'écran Capture d'écran

 

 

La guerre en Ukraine semble être passée au second plan de l'actualité.

Certainement la faute aux drôles de guerres françaises qui viennent de se réveiller, cette semaine, à Incarville et en Nouvelle-Calédonie. La faute, aussi, au tournant que semble prendre le conflit et au changement de ton que l'on perçoit dans les médias français.

Sur le terrain, l'offensive russe autour de Kharkiv, quels qu'en soient les objectifs réels (gains territoriaux, création d'une zone tampon comme l'affirme Poutine, choc psychologique sur l'opinion ukrainienne voyant la grande ville de Kharkiv [1,4 million d'habitants] menacée ou ouverture d'un second front intenable pour l'Ukraine), pose réellement problème à l'Ukraine. Les évacuations de civils las de la guerre se multiplient. Le président Volodymyr Zelensky, dans un entretien exclusif à l'AFP, a dit s'attendre à une offensive d'ampleur : « Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça, c'est leur première vague. » De fait, les Russes ont engrangé leurs plus importants gains territoriaux depuis 2022, avançant par le nord et par l'ouest, comme le constatent les envoyés spéciaux des médias français. Une Russie en position de force menaçant la deuxième ville du pays, n'est-ce pas la situation idéale pour un Poutine cherchant à imposer une paix à ses conditions ?

La presse semble pencher vers cette option, à la voir relater sans fard (cette fois...) les difficultés structurelles de l'armée ukrainienne.

Structurelles, c'est-à-dire, d'abord, démographiques. Ce conflit qui a surpris par sa mortalité digne des tranchées nous a rappelé qu'une guerre, même à l'âge de l'intelligence artificielle et des drones, est une affaire d'hommes. Or, le combat pourrait cesser, faute de... combattants. Et de combattants ukrainiens. Alors que la Russie alimente ses forces de 30.000 nouvelles recrues par mois, l'Ukraine voit ses brigades se vider et son recrutement se tarir. D'où la loi que vient de promulguer Zelensky, ce samedi, qui abaisse l'âge de la conscription à 25 ans. Or, le général Desportes, que les lecteurs de Boulevard Voltaire connaissent bien, estime, sur France 24, que c'est « une mesure nécessaire, mais qui était attendue depuis trop longtemps et qui a été prise de manière trop tardive ».

En effet, les témoignages de gradés ukrainiens se multiplient dans la presse occidentale sur la pénurie de soldats que n'arrivera pas à compenser la loi. France info rappelle les propos du commandant en chef de l'armée de terre ukrainienne Oleksandr Pavliouk : « Peu importe l'aide que nous recevons [...], la quantité d'armes dont nous disposons : nous n'avons pas assez de personnes », ajoutant cette évidence curieusement oubliée par notre Président à nous et nos commentateurs jusqu'à ces derniers jours : « Un drone ne vole pas tout seul. » Un autre officier cité est encore plus cash : « Nous manquons chaque jour de soldats. Nous manquons de personnel [...] car pour une raison ou une autre, la mobilisation n'est pas au rendez-vous. » La presse occidentale se résout subitement à nous fournir quelques chiffres de la démographie implacable. Ainsi, selon le quotidien britannique The Financial Times, « en mars 2022, l'âge moyen d'un soldat ukrainien était environ de 30 à 35 ans [...] Un an et demi plus tard, cette moyenne a augmenté de dix ans pour atteindre les 43 ans en novembre 2023. » On ne nous dit pas encore le nombre de soldats ukrainiens morts ou blessés, mais il semble considérable, vu la situation décrite. L'armée ukrainienne est épuisée, fatiguée, vieillissante. Les témoignages recueillis par Europe 1 vont dans le même sens : « Dans toutes les brigades, il manque 40 % d’effectifs. » Un officier ukrainien ajoute : « On fait face à une vague de désertions parmi les jeunes conscrits. »

S'acheminerait-on enfin vers des négociations de paix ? C'est ce que croit savoir Europe 1, pour qui « les chancelleries occidentales sont en train de préparer une action diplomatique coordonnée pour convaincre Volodymyr Zelensky d’accepter le principe de négociations ». Il semble bien que le conflit soit à un tournant. Il reste à espérer que Zelensky comme Poutine se montrent à la hauteur de l'enjeu, tout comme les Occidentaux. Et que notre Président cesse sa politique de gesticulations pour tenter de redonner à la France un peu de sa crédibilité perdue : ses menaces d'intervention, alors qu'aujourd'hui il y a le feu dans ses prisons et en Nouvelle-Calédonie, semblent plus que jamais irresponsables et ridicules.

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