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jeudi 18 avril 2024

[ÉDITO] Comme un sentiment d’insécurité : sans doute « en raison du contexte actuel »


 criminalité violences

On va dire que c’est la faute aux réseaux sociaux, que d’aucuns qualifient d’« égouts » de notre société.

 Cela dit, les égouts ne font pas que transporter et évacuer ce qu’on leur a déversé en amont.

 Des réseaux sociaux qui se concentrent sur les turpitudes de notre société en mettant de côté tout ce qui va bien. Parce qu’on est bien d’accord : tout ne va pas si mal. On va nous sortir les statistiques « qui vont bien » pour nous démontrer que, finalement, la violence n’augmente pas tant que ça, notamment depuis 2017 (année prise à tout hasard…) et que, si l’on prend le carré de l’hypoténuse divisé par le nombre d’habitants, rapporté au nombre de condamnations prononcées dans les juridictions pénales, on devrait même être rassuré. Qu’on trucidait - et pas de la plus jolie manière - à tous les coins de rue, au Moyen Âge, que des bandits de grand chemin, au coin d’un bois, faisaient la peau des colporteurs allant de ville en ville. Bref, faudrait relativiser. Et surtout, surtout, ne pas « faire le jeu de l’extrême droite ». Ça, c’est important. C’est même essentiel. Il n’empêche.

Il n’empêche qu’il n’y a pas besoin de plonger son nez dans ces « égouts sociaux ». La bonne vieille presse quotidienne régionale suffit. On est bien d’accord, une « PQR » qui n’a pas spécialement la réputation d’être vendue à l’extrême droite. Ou alors, on a raté un truc. En moins d’une semaine, la chose ne serait pas dramatique, on serait tenté de dire que c’est un véritable festival.

Crier « Allah akbar » dans une cathédrale

On va commencer gentiment. La petite touche « festive », si vous voulez. Dimanche dernier, concert de musique sacrée dans la cathédrale de Metz. Des jeunes d’origine turque interpellés après que l’un d’eux a crié « Allah akbar ». « Mauvaise blague et fin d’une polémique », titre Le Républicain lorrain. Le chanoine de la cathédrale relativise et ne porte pas plainte « en raison du contexte actuel ». C’est-à-dire ? Il nous semble que, justement, « en raison du contexte actuel », une plainte n’aurait pas été du luxe. Mais bon. De jeunes blondinets se seraient pointés, un vendredi matin, dans une mosquée en gardant leurs baskets et en criant « Sus aux Sarrazins », on imagine qu’on en aurait un peu plus entendu parler et qu’« en raison du contexte actuel », Gérald Darmanin aurait fait spécialement le déplacement. Mais relativisons encore. Jadis, les galopins jetaient des crapauds dans les bénitiers. Le coup du « Allah akbar » n’est que la version remasterisée « pour notre temps », comme dit la dame chargée de lire la prière universelle à la messe. Surtout ne rien voir d’autre. Dans ces colonnes, Marie-Camille Le Conte revient sur cette affaire.

Rodéo et refus d'obtempérer

Passons de la Lorraine à l’Alsace. Schiltigheim, ville de 35.000 habitants près de Strasbourg. Lundi, rapporte le quotidien les Dernières Nouvelles d’Alsace, un individu de 17 ans, à proximité d’un collège et d’une école, fait du rodéo avec sa moto. Un policier municipal tente de l’arrêter mais le motard fonce sur le fonctionnaire, qui s’en tirera avec une fracture et des entorses. La maire écolo de Schiltigheim déclarait, mardi soir, au micro de TF1, alors qu’elle annonçait qu’elle portait plainte contre le motard : « Il y a besoin d’un acte de réparation. » Un acte de punition serait peut-être plus approprié.

Coups de poing, claques, griffures

Autre fait, très différent mais, au fond, tout aussi révélateur de notre société qui se « dépolice », « s’ensauvageonne », se délite. Cette fois, c’est à Marseille que cela se passe. La Provence raconte. Une directrice d’école a été prise à partie par une mère qui n’était pas contente que son enfant n’ait pu participer à une sortie scolaire, faute d’autorisation parentale dûment signée. La grande sœur se mêle à la dispute : coups de poing, claques, griffures. Bilan : cinq jours d’incapacité totale de travail pour la directrice. Des enfants ont assisté à la scène. L’école est un sanctuaire, dit-on. Brochant sur le tout, le quotidien régional rapporte que la mère a porté plainte pour racisme. Sans commentaires.

Tabassé à mort

On monte d’un cran dans la violence et la sauvagerie en prenant la direction du Nord. À Grande-Synthe, plus exactement, petite ville de 20.000 habitants. France Bleu raconte : « Un homme de 22 ans décède après un passage à tabac près de Dunkerque, un mineur en garde à vue. » La victime travaillait dans un centre socio-éducatif. Le maire socialiste Martial Beyaert débite le discours habituel lorsqu’on est de gauche : « Dans ces moments difficiles pour notre ville, je vous demande de garder votre sang-froid et de ne pas céder aux injonctions, aux dérapages, sur les réseaux sociaux et dans la vie de tous les jours. » Il ne manque que le mot « amalgame ».

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