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samedi 16 mars 2024

Le RN majoritaire à l’Assemblée en cas de dissolution ? Le sondage secret qui fait waouh !


 

 

Nicolas Gauthier 15 mars 2024

Un secret ne le demeure jamais bien longtemps. 

La preuve par ce sondage Ipsos commandé par Les Républicains, en décembre 2023, et qui se retrouve, ce 15 mars, dans les colonnes de L’Obs. Établi sur un panel de quatre mille personnes sondées, il est donc de ceux que l’on peut prendre un tant soit peu au sérieux.

Sérieuses, ses conclusions le sont tout autant. Ainsi, en cas de dissolution de l’Assemblée nationale, le Rassemblement national pourrait obtenir entre 243 et 305 sièges. La majorité absolue se situant à 289 sièges, le mouvement présidé par Jordan Bardella serait donc en droit et capacité de cohabiter avec l’Élysée.

Une NUPES en peau de chagrin

Un scénario d’autant plus plausible que le nombre de députés macronistes passerait entre 117 et 165 sièges, contre 246 aujourd’hui. Plus à gauche, la NUPES – ou plutôt ce qu’il en reste, sachant qu’elle s’en va dispersée au scrutin européen de juin prochain – devrait se contenter d’une maigre représentation : entre 55 et 79 sièges, contre 131 obtenus en 2022. Du côté des Républicains, le statu quo serait de mise, leur possible étiage se situant entre 44 et 60 députés, contre 62 à ce jour.

Une dissolution de l’Assemblée nationale permettrait donc au parti d’Éric Ciotti de conserver ses troupes, tout en le privant de son rôle de faiseur de roitelet. Mais quelle est la latitude politique d’un mouvement qui comptera bientôt plus d’élus que d’électeurs ? Surtout quand on sait que sa base populaire est partie vers le RN, son électorat progressiste chez Renaissance et son homologue conservateur tiraillé entre Reconquête et le Rassemblement national. Résultat ? Ce n’est pas sur lui qu’il faudra compter pour renverser la table. Ces choses écrites, deux observations s’imposent.

La première est que ce sondage reflète, finalement, l’actuel état de l’opinion française, corroborant au passage d’autres sondages relatifs aux élections européennes à venir, confirmant inlassablement les mêmes tendances.

Un Jordan Bardella qui vient de passer la barre fatidique des plus de 30 % d’intentions de vote. Une Valérie Hayer qui reste autour de celle des 20 %. Et le reste qui s’en va à la pêche aux moules ou cueillir les fraises, entre mélenchonistes à la peine, écologistes à la ramasse, frères ennemis, LR et Reconquête se battant pour des restes de miettes. Le seul à surnager ? Raphaël Glucksmann, candidat Place publique, sorte de Parti socialiste n’osant même plus dire son nom. Il est vrai qu’il n’est pas le pire du troupeau ; cela se voit et les Français ne s’y trompent manifestement pas.

Un sondage qui éclaire bien des attitudes

La seconde est que ce sondage secret, façon Polichinelle sorti du tiroir, explique aussi beaucoup de choses. Tout d’abord, le peu d’entrain des Républicains à faire tomber le gouvernement en place, alors que son groupe parlementaire lui permettrait une telle attitude digne de l’homme du 18 juin 1940. Mais si se prétendre gaulliste est une chose, se conduire en tant que tel en est une autre. Puis cette Macronie au bord d’une perpétuelle crise de nerfs. Laquelle tente, de panthéonisation du couple Manouchian à constitutionnalisation de l’avortement, en attendant celle de l’euthanasie tout en accusant Marine Le Pen d’incarner une sorte de cinquième colonne russe, de diaboliser cette dernière, forcément coupable de tous les maux à venir, juste histoire de faire oublier les erreurs gouvernementales passées.

Quand un gouvernement, naguère donné pour « jupitérien », en est réduit à de tels expédients, c’est dire à quel état de déliquescence il est parvenu. En d’autres temps, de tels effets de manche auraient peut-être pu fonctionner. Mais aujourd’hui, et ce, à l’instar du crime, l’imposture ne paye plus.

Il y a quelques semaines, l’Élysée anticipait sur le fameux « effet waouh » en propulsant le jeune Gabriel Attal à Matignon. À en croire ce sondage, voici un autre « effet waouh » qui est en train de lui revenir en plein visage, pour demeurer poli.

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