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jeudi 7 mars 2024

[ÉDITO] Agriculture : Observatoire de la haie, Pacte de la haie, le macronisme incorrigible


 

 

Marc Baudriller 06 mars 2024

Le journal Rivarol, qui avait révélé l’affaire de l’Observatoire, avait qualifié Mitterrand de « garde des Sceaux… de haies », après que le garde des Sceaux de la IVe République avait enjambé une haie pour se réfugier dans le jardin de l’Observatoire à Paris, en octobre 1958. 

Le qualificatif peut désormais passer à Emmanuel Macron et son ministre de l’Agriculture pour la création du nouvel Observatoire de la haie. 

Une initiative largement relayée, emblématique des sept péchés capitaux de la Macronie vis-à-vis de la ruralité. Contacté par courriel, ce 6 mars, le ministère de l'Agriculture n'a pas répondu à nos questions à l'heure où nous publions.

1 – La marque du tout administratif

C’est précisément ce que dénoncent les agriculteurs : la mainmise sur les politiques qui les concernent au quotidien d’écologistes fous de réglementations et de normes et coupés du réel. Comme par hasard, le Pacte en faveur de la haie, qui comprend le fameux Observatoire, est « intégré à la planification écologique et porté par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire copiloté avec le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires ». On sent tout de suite que ça va être simple, peu coûteux en fonctionnaires, efficace et surtout soucieux de l’intérêt des agriculteurs.

2 – Faire semblant d’écouter pour avancer le calendrier

Répondre aux mobilisations agricoles et aux nombreux débats qui ont émaillé cette séquence ? Jamais ! Il s’agit du recyclage d’un projet écologiste, plutôt positif du reste dans son objectif – un gain net du linéaire de haies de 50.000 kilomètres entre 2020 et 2030 -, mais sans lien avec les demandes des agriculteurs. Le ministère le rappelle lui-même, ce Pacte en faveur de la haie a été présenté le 29 septembre 2023, avant les manifestations. Après combien de sollicitations européennes, de tractations, réunions, confessions de lobbies ?

3 – Détruire et subventionner

C’est une histoire connue : l’État a poussé l’agriculture à l’industrialisation, agrandissant considérablement les surfaces exploitées par un seul agriculteur, poussant à la productivité et la mécanisation. Résultat : les haies sont devenues gênantes et ont disparu. Pour refaire le chemin inverse, l’État remet donc de l’argent sur la table : 110 millions d’euros pour le Pacte haies, y compris l’Observatoire. Encouragements, dégâts, subventions : la mécanique administrative dans toute sa splendeur.

4 – L’empreinte du jargon vert

Les bonnes intentions sont là. « Face à l’urgence agricole et écologique (la jonction des deux mots en dit long…), l’État se dote donc de moyens incitatifs pour lever les freins techniques, économiques et réglementaires à la pérennisation et au développement des haies », écrit le ministère de l’Agriculture. Mais voilà, la simplification promise « sera en faveur de gestion dynamique dans le temps et dans l’espace et de la valorisation des haies tout en préservant les services écologiques qu’elles fournissent ainsi que leur multifonctionnalité ». Cela ne va pas être si simple que cela… Pascal Canfin, sors de ce texte ! En clair, les agriculteurs pris à la gorge sont priés de faire dans leurs champs le boulot pensé par des lobbies écologistes citadins bien nourris.

5 – Une planification aux accents soviétiques

Ah, ce « dispositif d’aide à la plantation et à la gestion durable des haies […], première mesure ouverte du volet agricole de la planification écologique » ! L'agriculture et les Soviets. Pour le fameux Observatoire de la haie, il s’agit donc de resserrer le contrôle des champs. L’administration doit savoir, au mètre près, l’évolution de chaque haie créée ou raccourcie dans chaque parcelle des quatre coins de France. Pas vraiment l’esprit de liberté et le relâchement des contrôles réclamés par les agriculteurs.

6- La préférence pour la complexité

On ne se refait pas. La Macronie a donc pondu un plan d’action en faveur de la haie de… 45 pages et 29 mesures ! Elles vont de notre Observatoire des haies à un Comité de pilotage présidé par l’État, soit « une gouvernance opérationnelle inclusive et efficace » ! Bon courage aux agriculteurs !

7– La roue implacable de l’idéologie

On a tenté de bien faire, de simplifier un peu les mesures, mais on ne change pas un cheval de trait en galopeur star des champs de course. Ceux qui, parmi les agriculteurs, avaient encore l’espoir d’être écoutés constateront, avec le Plan haies, que Macron n’envisage la résolution des problèmes que par de l’horlogerie fine administrative sans jamais, au grand jamais, remettre en question l’agenda écologiste et européiste. En dépit des promesses faites aux agriculteurs, la main sur le cœur, au Salon de l'agriculture, rien n’a changé.

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