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dimanche 25 février 2024

Macron contraint d’annuler son « Grand débat » au Salon mais il a remis le feu à la grange !


 

 

Frédéric Sirgant 24 février 2024

« Grand dégât », « Fiasco » : la presse rivalise de termes flatteurs pour décrire l'hallucinante initiative d'Emmanuel Macron d'organiser au Salon de l'agriculture un nouveau « Grand débat » avec, parmi les invités, les ...Soulèvements de la Terre. 

Vous savez, cette organisation d'extrémistes écolos qui dévastent les champs et les installations agricoles, comme à Sainte-Soline, l'an dernier. Une organisation que Gérald Darmanin disait vouloir dissoudre.

Emmanuel Macron n'a peur de rien, pourvu que triomphe la magie de son « en même temps » auquel il semble encore croire, de plus en plus seul visiblement. Les Soulèvements de la Terre : un jour parias, un jour invités sur tapis rouge. Comme pour l'affaire de l'arc républicain. Souplesse, contradictions, improbable synthèse hegelienne entre terroristes écolos et agriculteurs dont l'incarnation se serait nommée Emmanuel Macron. Le grossier meccano élyséen a explosé. Et les refus se sont multipliés.

Michel-Édouard Leclerc, lui aussi invité en tant que représentant de la grande distribution, a eu des mots très durs, sur X : « Je n’ai pas attendu l’annonce foireuse d’un "grand débat" pour échanger avec des agriculteurs de nos régions. Je ne participerai pas à ce que j’estime être une grossière manipulation », ajoutant qu'il n'avait pas « vocation ni à jouer l’idiot utile d’une opération de diversion, ni à être l’otage de stratégies politiciennes liées aux prochaines élections européennes ».

Mais ce sont évidemment les représentants des agriculteurs qui ont décliné cette invitation offensante avec colère, même après l'exclusion des Soulèvements de la Terre. Sur le réseau X, le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a fulminé : « Les conditions d’un dialogue plus apaisé ne sont pas réunies et la dignité des agriculteurs est bafouée par cette démarche qui porte le sceau de la provocation. Dans ce climat d’exaspération, et face aux risques de débordement, nous demandons à ne pas tenir ce débat. »

Même fin de non-recevoir chez le président des Jeunes Agriculteurs, Arnaud Gaillot, qui a affirmé, sur RTL : « Je serai au Salon, mais pas au débat. » Pour lui, « une ligne rouge a été franchie ». Auprès de l’AFP, la Coordination rurale (deuxième syndicat représentatif de la profession) a affirmé qu’elle n’enverrait pas non plus de représentant national.


 

Un Arnaud Rousseau qui renchérissait sur BFM TV : « La politique, c’est autre chose que de la com' ou du show. Et dans le moment où l’on est, [cette invitation] renvoie l’image aux agriculteurs que finalement rien n’a été compris de leurs problématiques. »

Il y a à peine dix jours, lors de la sortie de crise, j'avais été surpris par la déclaration de cette même Coordination rurale au sortir de son entrevue avec Emmanuel Macron par la voix de Serge Bousquet-Cassagne : le chef de l'État avait « pris la mesure de la situation ». La formule était étonnante : sept ans à l'Élysée, sept ans d'affaissements réguliers de la situation de nos agriculteurs, et le président de la République découvrait la situation alarmante des agriculteurs ? Il y avait certainement beaucoup de com' derrière tous ces mots de sortie de crise et d'apaisement.

Et Emmanuel Macron, comme à chaque fois, a pensé pouvoir surfer sur cette vague de com'. Botte de paille, cul des vaches, discours, éléments de langage. Tout à son ivresse (et à ses arrière-pensées politiciennes), il a pensé pouvoir pousser davantage ses pions : un grand débat, vite ! Et avec Les Soulèvements, s'il vous plaît ! Quelle déconnection ! Quel mépris des agriculteurs ! Et du réel. Dans la journée de vendredi, l'Élysée a justifié ce rétropédalage par une erreur de communication. Et dans la soirée, le débat a été annulé. Venue à la rencontre des agriculteurs aux Invalides, Marion Maréchal a dénoncé « un bras d'honneur fait aux agriculteurs, mais aussi aux gendarmes ».


 

Ce que révèle ce fiasco du grand débat, c'est que non, Emmanuel n'a rien compris, rien appris de ces sept semaines de révolte ni de ces sept années à l'Élysée. Rien compris de la crise existentielle que vivent les agriculteurs, rien compris de leur colère, alors que tous les observateurs (services de renseignement, agriculteurs eux-mêmes) indiquaient bien que le feu n'était pas éteint. Vendredi soir, plusieurs actions des agriculteurs étaient organisées dans la capitale. Et samedi matin, c'était quasiment l'émeute à l'intérieur du Salon, avec des échauffourées entre CRS et agriculteurs.

Au Salon, Emmanuel Macron est seul, seul avec sa « grossière manipulation ». C'est bien à une fin de règne que nous assistons.

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