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mercredi 31 janvier 2024

Sous la pression des écolos, la France impose à ses paysans des normes ubuesques


 

Clémence de Longraye 30 janvier


« Nous ne sommes pas là pour emmerder le monde mais pour le sauver. » 

Alors que la France vit actuellement une importante crise du monde agricole, la déclaration de Marie Toussaint, candidate d’Europe Écologie Les Verts (EELV) aux élections européennes, sonne faux. Comme bon de nombre de ses collègues avant elle, l’élue écologiste tente, avec difficulté, de se défaire de la réputation anti-agriculteurs que traîne son parti depuis plusieurs années. Peine perdue… Sur les barrages, les paysans n’hésitent pas à pointer du doigt les responsables de leurs difficultés actuelles.

« Évidemment que les écologistes sont responsables de ce qui se passe dans le monde agricole, résume Étienne, agriculteur, sur X. Quand on parle de la crise, c’est autant financier que moral. On en a marre, de la pression qu’on nous met, aussi bien la pression administrative, sociétale et environnementale. Les écologistes, vous avez une énorme part de responsabilité dans la pression environnementale. Assumez. » Un coup de colère partagé par de nombreux agriculteurs qui dénoncent l’accumulation de normes adoptées par la France, sous l’influence de lobbies verts. Ainsi, comme nous le confiait un agriculteur aujourd’hui à la retraite, « à cause des écolos, c’est compliqué, aujourd’hui, d’être éleveur ou cultivateur. Ils sont toujours là à nous dire quoi faire, comment faire et on ne s’en sort plus, avec toutes ces règles à suivre ! »

Le zèle français

Acétamipride, diméthoate, S-métolachlor… tous ces insecticides, bien utiles pour les cultivateurs de blé ou de cerise, ont ainsi été interdits par Paris, sous la pression de nombreuses ONG environnementales. Le cas du glyphosate, plus médiatique, est emblématique de ce zèle tricolore. En 2017, une trentaine d’association écologistes intiment à Emmanuel Macron de voter contre la réautorisation de l’herbicide au sein de l’Union européenne. Deux ans plus tard, les autorités françaises, toujours poussées par les Verts, mettent en place un plan de sortie du glyphosate et bannissent, petit à petit, son usage sur les cultures françaises. Mais en 2023, Bruxelles tranche et, loin de suivre la politique française, autorise à nouveau le désherbant jusqu’en 2033. Autrement dit, Paris, sous l’influence d’ONG environnementales, a empêché ses agriculteurs d’utiliser le glyphosate. Pendant ce temps, leurs concurrents européens pouvaient y avoir recours sans problème. Une concurrence déloyale imposée aux agriculteurs français par leur propre gouvernement…

Même chose pour les néonicotinoïdes, pesticide interdit au nom de la protection des abeilles. La France est, aujourd’hui, le seul pays au monde à les interdire tous. Résultat : alors que les agriculteurs polonais, allemands ou tchèques peuvent les utiliser, la filière française de production de la betterave à sucre se retrouve menacée.

7.000 euros d’amende

Il n’y a pas que sur la question des pesticides que la France rivalise d’ingéniosité pour édicter de nouvelles normes toujours plus ubuesques. Laurent, éleveur, en témoigne. Sur certaines de ses parcelles, des fossés n’avaient pas été curés depuis vingt ans. Il y a deux ans, pour permettre à l’eau de s’écouler, il décide d’enlever lui-même les sédiments qui obstruent le passage. « On n'a rien déplacé, on n'a rien pollué », raconte-t-il à Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Mais cette initiative qui relève apparemment du bon sens lui vaut une visite de l’Office français de la biodiversité, quelques semaines plus tard. Convoqué, auditionné pendant plusieurs heures, l’éleveur se voit traiter « comme un délinquant ». La gendarmerie lui adresse finalement une convocation judiciaire. Préférant payer une amende forfaitaire de 300 euros, l’agriculteur évite le procès. « J’ai juste fait mon boulot », clame-t-il, alors qu’une nouvelle inspection est encore prévue sur ses parcelles. Une situation absurde que de nombreux agriculteurs connaissent malheureusement.


 

Et quand ce n’est pas une norme environnementale qui entrave le travail de l’agriculteur, l’administration se rappelle à lui. Un agriculteur raconte ainsi, sur les réseaux sociaux, avoir, lors de l’envoi de son dossier PAC (politique agricole commune), coché une mauvaise case indiquant l’existence d’une haie. Trois inspecteurs débarquent chez lui et l’accusent alors d’avoir arraché une haie qui n’a, en réalité, jamais existé. Images IGN à l’appui, l’agriculteur tente en vain de leur expliquer son erreur. Quelques semaines plus tard, accusé d’avoir arraché une haie - extrêmement protégée par toute une série de codes environnementaux et urbains -, il reçoit une amende de 7.000 euros. Après une longue bataille judiciaire, il finit par avoir gain de cause.

À force d’édicter de nouvelles normes, la France, d’une part, contraint toujours plus ses paysans mais, surtout, développe un modèle encore plus strict que celui imposé par l’Union européenne, tuant à petit feu son agriculture.

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