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lundi 13 novembre 2023

Israël étend la guerre aux derniers hôpitaux de Gaza

 

A man reacts as he carries a toddler into the Al-Shifa Hospital following the bombing by the Israeli military of a home in Gaza City's Mansura neighbourhood, in the eastern suburb of Shujaiya on November 4, 2023, amid the ongoing battles between Israel and the Palestinian group Hamas. - Thousands of civilians, both Palestinians and Israelis, have died since October 7, 2023, after Palestinian Hamas militants based in the Gaza Strip entered southern Israel in an unprecedented attack triggering a war declared by Israel on Hamas with retaliatory bombings on Gaza. (Photo by Bashar TALEB / AFP)


Tanupriya Singh, Ana Vračar
13 novembre 2023 
 
Une idée de l’enfer sur terre ? L’hôpital Al-Shifa est assiégé par l’armée israélienne. Bombardé à plusieurs reprises, le plus grand établissement médical de Gaza manque de nourriture, de carburant et de fournitures. Privées d’électricité, les couveuses sont hors service. Les personnes qui tentent d’entrer ou de sortir sont ciblées par des snipers. MSF condamne « l'arrêt de mort signé par l'armée israélienne à l'encontre des civils actuellement piégés dans l'hôpital Al-Shifa ». L’organisation exige un « cessez-le-feu inconditionnel et immédiat » et demande aux puissances occidentales ainsi qu’aux pays du Golfe d’user de leur influence diplomatique pour y parvenir. De son côté, l’Union européenne a condamné l’utilisation d’hôpitaux et de civils comme boucliers humains par le Hamas… (I’A)

L’hôpital Al-Shifa de Gaza est le plus grand établissement médical de la bande assiégée. Il a été contraint de suspendre ses activités dans la matinée du 11 novembre, faute de carburant. Des patients sont déjà morts, alors que les forces d’occupation israéliennes assiègent l’hôpital.

Des tireurs d’élite et des drones israéliens sont positionnés tout autour de l’hôpital et ont ouvert le feu au moindre signe de mouvement.

Abed Ghazal, militant palestinien du Mouvement populaire pour la Santé, a déclaré samedi qu’il était “ahurissant que les hôpitaux soient traités comme des cibles légitimes“. Tandis que Ghazal rendait compte de la situation, le personnel de l’hôpital et ceux qui y ont trouvé refuge continuaient d’être directement attaqués.

Désormais, le personnel d’Al-Shifa est contrait de prodiguer des soins alors qu’il n’a pratiquement plus accès à aucun matériel médical. Et les patients sont obligés de s’entasser dans les couloirs, a indiqué Ghazal. Depuis des semaines, de nombreuses infirmières et médecins travaillent sans s’arrêter et sans même avoir de nouvelles de leurs proches. La pression ne fait qu’empirer.

Le personnel d’Al-Shifa s’est engagé à rester aussi longtemps que les patients auraient besoin de soins. Mais il a vivement critiqué la réaction internationale sur ce qui se passe autour de l’hôpital. « La réaction internationale aux attaques contre Al-Shifa et d’autres complexes hospitaliers de Gaza est loin d’être suffisante », a commenté Ghazal. « La situation devrait être dénoncée pour ce qu’elle est. »

S’adressant à Al Jazeera, le directeur d’Al-Shifa, Muhammad Abu Salmiya, a déclaré : “Des patients meurent chaque minute, les victimes et les blessés meurent également“. Il a confirmé qu’un bébé placé sous couveuse était mort, tout comme un jeune homme placé en soins intensifs.

Le vice-ministre de la Santé de Gaza, le Dr Youssef Abu Alreesh, a informé le média que tous les générateurs et toutes les sources d’énergie de l’hôpital étaient hors service. L’hôpital Al-Shifa compte 39 nouveau-nés placés sous couveuse. Ils sont maintenus en vie par assistance manuelle, alors que les générateurs et les panneaux solaires ne sont plus opérationnels.

Peu après la panne d’électricité de samedi, la cour d’Al-Shifa a également été ciblée par des tirs d’obus, ce qui a provoqué un incendie. Les ambulances ne peuvent ni entrer ni sortir du complexe hospitalier.

Les forces d’occupation israéliennes ont bouclé les lieux, tandis que les bâtiments situés à proximité ont été bombardés sans interruption pendant plus de 12 heures depuis samedi matin. “Toute personne se déplaçant dans l’enceinte de l’hôpital est prise pour cible” fustige le directeur de l’hôpital. Salmiya ajoute qu’un membre du personnel médical a été abattu par un tireur embusqué alors qu’il tentait d’atteindre les bébés sous couveuse.

Quelques familles ont essayé de partir, mais elles ont été prises pour cible. À présent, leurs cadavres gisent à l’extérieur de l’hôpital », poursuit le vice-ministre Alreesh auprès d’Al Jazeera. Il ajoute que l’unité de soins intensifs de l’hôpital a également été touchée par des tirs de mortier.

Al-Shifa n’a plus d’électricité ni d’internet. L’hôpital est privé de carburant, de nourriture, d’eau et de fournitures médicales. Médecins sans frontières (MSF) a déclaré tôt samedi qu’ils n’avaient plus de contact avec aucun membre de leur personnel au sein d’Al-Shifa. L’association ajoute qu’il y avait dans l’hôpital des patients dans un état critique et incapables de se déplacer.

Prises au piège également, les milliers de personnes qui fuyaient les bombardements israéliens et qui étaient venues s’abriter dans la cour de l’hôpital.

Le directeur général du ministère palestinien de la Santé, Mounir Al-Barsh, a déclaré qu’une fosse commune devait être creusée samedi à Al-Shifa pour enterrer les corps d’une centaine de personnes décédées à l’hôpital : “Nous ne pouvons pas nous déplacer à l’intérieur ou à l’extérieur du périmètre de l’hôpital. Nous sommes encerclés, nous ne pouvons pas enterrer nos morts“.

Le porte-parole du ministère palestinien de la Santé, Ashraf al-Qudra, a indiqué qu’Israël avait bombardé l’hôpital Al-Shifa à cinq reprises entre le 9 et le 10 novembre. Une frappe israélienne sur le service d’obstétrique et la cour de l’hôpital aurait fait au moins 13 morts, tôt vendredi.

Selon l’agence de presse Wafa, les forces israéliennes ont largué le même jour sur les quartiers voisins d’Al-Shifa des bombes au phosphore blanc, pourtant interdites par les instances internationales.

Deux personnes ont également été tuées lors d’une attaque à proximité du centre médical Al-Nasr. L’attaque a forcé la fermeture de cet hôpital pour enfants. C’était pourtant la seule unité de soins pédiatriques spécialisés encore active dans le nord de Gaza, selon l’Organisation mondiale de la Santé.

Par ailleurs, dans un communiqué publié vendredi soir, le Croissant-Rouge palestinien a condamné l’attaque directe des forces d’occupation contre l’hôpital Al-Qods, notamment des tirs à balles réelles contre l’unité de soins intensifs. L’attaque a tué une personne et en a blessé 28 autres.

Les bombardements israéliens ont détruit les bâtiments et les rues dans les environs, coupant les voies d’accès à Al-Qods. Manquant de nourriture, d’eau et de fournitures médicales, l’hôpital enchaînait vendredi une cinquième journée d’isolement total.

Directeur de l’hôpital Al-Nasr et de l’hôpital pédiatrique Al-Rantisi, Mustafa al-Kahlout a déclaré à CNN que les installations étaient “complètement encerclées” et que des chars israéliens étaient positionnés à l’extérieur. L’hôpital Al-Rantisi a aussi été touché directement le 9 novembre. L’attaque  a provoqué des incendies et des dégâts, selon une mise à jour de l’OCHA des Nations unies. L’hôpital Al Awda de Jabalia a également été bombardé le 10 novembre lors de ce que certains appellent « une journée de guerre contre les hôpitaux ».

Selon un bulletin de l’OCHA des Nations unies publié le 10 novembre, 20 des 36 hôpitaux de Gaza ne fonctionnent plus en raison des attaques israéliennes. Israël a tué au moins 11 078 Palestiniens depuis le début de son bombardement génocidaire de Gaza, le 7 octobre. 27 490 autres personnes ont été blessées durant cette période.


Source originale: People Dispatch
Traduit de l’anglais par GL pour Investig’Action

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