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vendredi 24 novembre 2023

Crépol : pour en finir avec la récupération



 

 Marc Baudriller 23 novembre 2023

 

À gauche, c’est bien connu, on invente, on crée, on caresse le progrès dans le sens du poil en préparant les lendemains qui chantent. 

À droite, on donne dans la récupération

Cette vision de gauche manichéenne, dénoncée depuis longtemps par BV, apparaît dans toute sa nudité avec le drame de Thomas à Crépol. Une fois de plus, autour de ce meurtre barbare, on a vu refleurir les vieilles accusations et tourner la roue de l’esquive.

Premier acte, on n’en parle pas ou peu. Exemple : L’Humanité patiente jusqu'au 22 novembre pour parler sur son site Web de la nuit tragique du 18 au 19. Le président de la République met, lui aussi, plusieurs jours à réagir à ce meurtre. Mélenchon, monopolisé par le jardinier blessé (triste affaire et geste inexcusable par ailleurs), n’a toujours rien dit de Thomas. La loi du silence a fait ses preuves quand les Français s’abreuvaient à une poignée de médias de masse, mais aujourd'hui, les réseaux sociaux compliquent singulièrement la manipulation.

Fait divers ?

Deuxième acte : devant l’émotion des Français et la mobilisation des médias lucides, on en appelle à la « décence ». En clair, on tente d’étouffer l’indignation et la réflexion naturelle. Véran dénonce « une polémique politicienne ». Élisabeth Borne, à l’aile gauche de la majorité, attend plusieurs jours avant de faire état, à l’Assemblée, de violences « graves » et « inacceptables ». « Ce moment appelle à la retenue et à la décence, lance le Premier ministre au Sénat, le 22 novembre. Utiliser ce drame pour jouer sur les peurs, c’est manquer de dignité et de respect pour les victimes. » Elle annonce des renforcements des effectifs de police (déjà prévus), notamment dans la Drôme…

Surtout, ne pas réfléchir, ne pas chercher les causes, ne pas exiger de l’État un profond changement de politique. De la même manière, la gauche parle encore de « fait divers ». Pourtant, un fait divers ne porte pas de signification à l’échelle d’une société et d’un pays : si le meurtre de Thomas émeut les Français, c’est qu’ils le considèrent comme l’inverse d’un fait isolé, impossible à reproduire ailleurs. Rien à voir avec le petit Grégory ou Landru, qui n’appellent pas un changement de politique. Les Français ne voient pas, à Crépol, une information anecdotique mais l’émergence d’une coulée de lave, celle de la barbarie qui déferle sur leur pays.

Noyer le poisson

Troisième acte : retenir les informations le plus longtemps possible. Près d’une semaine après le drame, les Français ne disposent que d’éléments partiaux, épars, qui sentent la rétention d’information et la manipulation par omission à plein nez. La mère est française, l’auteur du coup de couteau fatal aussi… De la horde sanglante qui a courageusement fui avant de se faire arrêter à Toulouse, on ne connaît toujours, ce jeudi soir, ni les profils précis, ni les prénoms, ni les antécédents. On voudrait endormir l’attention et noyer le poisson qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

Lors du décès de Nahel en juin dernier, Macron n’avait pas traîné : il avait aussitôt écrit un message sur X, mettant en cause le policier. « Inexplicable, inexcusable », disait-il. L'Assemblée avait observé une minute de silence : rien de tel pour Thomas. Une simple cagnotte a été lancée par des Français pour venir en aide à sa famille. Cette fois, la gêne à gauche et au gouvernement est évidente, palpable. Il est vrai que personne ne prendra prétexte de la mort tragique de Thomas pour incendier des bâtiments publics ou piller des magasins.

Du reste, toute manifestation en France, hors la marche blanche sur place, est interdite. Et la gauche s’accroche à son accusation favorite, sa dernière défense : récupération. Une manifestation pour dire l’indignation des Parisiens après le massacre de la petite Lola ? Récupération. Une opération anti-immigration des Identitaires à la frontière italienne sans le moindre blessé ? Récupération. Une réaction politique de droite aux attentats islamistes qui endeuillent la France ? Récupération.

« Indignez-vous »

La gauche morale est toujours prête à dire ce qui est récupéré ou pas, ce qui est décent et ce qui ne l’est pas, ce qui est digne et ce qui est indigne, ce qui est citoyen et ce qui est infâme, ce qui est stigmatisant et ce qui est inclusif. Sa ligne fixe : surtout, que rien ne bouge.

« Indignez-vous », lançait le très gauchisant Stéphane Hessel. Ce magistère de l’indignation désigne depuis des décennies les causes obligatoires : ce fut le petit Aylan, enfant mort sur une plage, dont le cadavre fit des centaines de couvertures dans le monde. Personne ne s’indigna de cette photo. Avec Crépol, le magistère de l'indignation perd de son autorité. Il ne se relèvera pas.

4 commentaires:

  1. La seule réponse VENGEANCE

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    1. D'accord avec vous ,après l'Algérie ,ils veulent la France .

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  2. A force ce ne sont plus des faits divers, désolé ,se sont des enfants et petits enfants guerrier d'anti-France .
    On comprend, on a compris. Le gouvernement tremble. baisse le falzar ,Il y a donc deux France, celle qui bosse, paie des impôts, éduque ses enfants et l'autre biberonnée aux aides sociales qui trafique la drogue, tient des quartiers et sème la terreur. Pour la 1 ère seules les bougies sont autorisées, le silence est exigé. Pour l'autre c'est une minute de silence à l'AN, le respect dans la crainte. Dénoncer ces deux poids deux mesures c'est s'exposer à la censure voire la sanction.Le "pas de vagues" ressurgit ! Que l'extrême gauche déforme outrageusement la vérité, cela ne gêne pas les gouvernants. Que d'autres tiennent des propos dénonçant des actions de récupération très faciles à cibler. Quand la France va-t-elle PARLER VRAI ???

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    1. @ Pieds Noirs (👍) : Diviser pour mieux régner ... En plus , ils sont tellement débilles qu'ils laissent des traces partout où ils foutent la merde . Qu'ils soit jacobins où talmudique ils font partie de la même engeance . KC

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