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mercredi 29 novembre 2023

Agression à main armée à Saint-Martin-Petit : «Ils auraient pu y passer, comme Thomas à Crépol»


L'agression a eu lieu à la salle des fêtes de Saint-Martin-Petit.

 

[Mise à jour le 21/11/2023]
 
« Nous aurions pu y passer, comme Thomas, à Crépol, » réalisent a posteriori les jeunes agressés à Saint-Martin-Petit et les parents. On n’est plus en sécurité nulle part.  
 
L’agression qui s’est déroulée à Crépol, dans la Drôme fait remonter les craintes des victimes de celle qui a eu lieu à la salle des fêtes de Saint-Martin-Petit. (©Le Républicain 47)
 
 L’agression violente dans une salle des fêtes à Crépol, dans la Drôme, samedi 18 novembre, a éveillé de douloureux souvenirs en Gironde et dans le Lot-et-Garonne. « Ça aurait pu être nos enfants », soupire cette maman, dont le fils a été agressé à Saint-Martin-Petit, le samedi 30 septembre, dans des circonstances comparables.

« Cette violence est insupportable ! Nous ne sommes plus en sécurité nulle part. Il faut qu’il y ait un mort pour que ça fasse la une des journaux, mais ça se passe maintenant tous les week-ends, partout. Regardez, nous, il n’y a que le Républicain qui en a parlé. »

Les victimes de l’agression à main armée, dans ce petit village paisible du Lot-et-Garonne, de jeunes rugbymans de Langon, elles, sont en colère, à cause de Thomas, la jeune victime iséroise, joueur de rugby, comme eux, venu pour faire la fête dans un lieu paisible, comme eux.

Voici quelques jours, les familles ont reçu les avis d’audience, suite à l’interpellation de huit suspects par les gendarmes du Lot-et-Garonne. Cinq ont été déférés à la justice et seront jugés, dont deux mineurs et trois adultes, placés sous contrôle judiciaire.

Violente agression à la salle des fêtes

Course poursuite en voiture, chasse à l’homme et agression à main armée, une vingtaine de jeunes de Gironde et du Lot-et-Garonne ont vécu une nuit d’épouvante entre samedi 30 septembre et dimanche 1er octobre, à Saint-Martin Petit.

Il s’agissait au début d’un anniversaire, les 18 ans de Hugo* petit gars du Stade Langonnais, qui avait invité ses copains dans la salle des fêtes de son village du Lot-et-Garonne. La soirée touchait à sa fin, après minuit, quand une première voiture s’est présentée sur le parking entre la mairie et le lieu de la réception.

Un type est sorti de la voiture, témoigne Tom*. Il s’est avancé derrière la salle, là où il y a un barbecue, je crois, et il est revenu, énervé. Il s’est embrouillé avec un de nos copains et il est parti en proférant des menaces : on va tous vous crever, on va revenir avec des flingues !

Après le départ des intrus, les amis se concertent, inquiets pour certains, les autres, un peu abasourdis et incrédules. « On s’est dit qu’ils ne reviendraient pas… »

Orange mécanique à Saint-Martin-Petit

Une vingtaine de minutes plus tard, trois véhicules, dont une BMW, faisaient irruption à grand bruit. C’est alors que la fête a basculé en scène d’Orange mécanique, le célèbre film de Stanley Kubrick.

« J’ai vu les copains se réfugier dans la salle et on s’est retrouvés à trois à l’extérieur. J’étais un peu en retrait, poursuit Tom. Trois mecs sont sortis de la voiture qui était dans mon champ de vision. Il y en avait un qui portait un pistolet, du genre automatique. Il a braqué mon pote. »

J’ai cru que j’allais le voir mourir. Un autre, en deuxième ligne, portait aussi un flingue, et le troisième, une sorte de machette, ou une scie, je ne sais pas trop, j’étais obnubilé par le flingue, pointé sur mon ami. 

Tout à coup, une bouteille est brisée avec fracas et les trois amis s’enfuient. Deux vers un champ, qu’ils traversent pour trouver refuge derrière le muret d’une maison, à une centaine de mètres ; le troisième dans une autre direction.

Trois autres jeunes également restés à l’extérieur se débandent, eux aussi, dans d’autres directions.

Une attente interminable

« Nous sommes restés planqués derrière le mur. On entendait des voitures et des menaces. On a tapé à la porte de la maison dans le jardin de laquelle on était réfugié. Nous étions paniqués. Finalement, le petit monsieur nous a ouvert, »  poursuit Tom*

Le troisième garçon qui s’était enfui dans une autre direction a été rejoint par d’autres. Ensemble, ils ont trouvé un abri dans une grange, dont ils ont forcé une fenêtre.

La confusion durera de longues minutes, près d’une heure. Tom prend des nouvelles via son mobile et on lui en donne de Maxence*, pris de convulsion et qui a vomi. Le garçon ne révélera que lors de sa déposition, le lundi : « les mecs lui sont tombés dessus et ils l’ont menacé avec un couteau, » relate son copain.


Panique dans la salle des fêtes

Dans la salle des fêtes, les jeunes en panique appellent leurs parents et des amis à la rescousse. Ils alertent la Gendarmerie. Certains sont de Langon. Un père se précipite dans la nuit. Le papa et la maman de Hugo*, qui habitent sur place, sont prévenus et se déplacent.

Entre le jeune qui dispose d’un véhicule, un ami venu à la rescousse et des parents, débute l’opération d’exfiltration. Chacun se jette dans une voiture. Le père est pris au col par les jeunes, pendant que la maman démarre, sa voiture chargée de fugitifs. Trois véhicules des agresseurs la prennent en chasse.

Je n’ai pas voulu emmener la racaille chez nous, alors je suis partie vers la lumière. Ils ont tapé dans la voiture. Je ne m’en suis pas rendue compte. Nous l’avons vu après. Je ne sais pas comment j’ai fait pour prendre la fuite, je suis passé entre deux voitures, raconte la maman, des larmes dans les yeux.


Trois voitures prennent les jeunes et une maman en chasse

Dans Sainte-Bazeille, elle bifurque et parvient à semer ses poursuivants. Tout le monde se retrouve au domicile, sain et sauf, mais choqué d’un tel déferlement de menaces et de violence.

Les gendarmes finissent par débarquer sur les lieux de l’agression. Ils font les premières constatations et recueillent les témoignages à chaud.

Il m’a posé le flingue sur la tête, relate l’ami de Tom, presque détaché. Je crois que ne je ne me suis pas rendu compte de ce qu’il se passait. 


Rendez-vous en Gendarmerie

Dimanche après-midi, la gendarmerie de Sainte-Bazeille recevait les premières plaintes et témoignages des jeunes. Lundi, la plupart d’entre eux n’étaient en état de reprendre les cours. Physiquement indemnes, les convives étaient sous le choc. Les gendarmes leur ont recommandé de rencontrer des psychologues.


Enquête en cours,

L’enquête est en cours. Les faits sont « très compliqués à dénouer, on a rarement autant de victimes », confient le gendarmes. Mais les agresseurs sont en passe d’être identifiés.

Les victimes se demandent encore ce que leurs agresseurs sont venus faire à la salle des fêtes de Saint-Martin-Petit, commune de 600 habitants en rase campagne. Alors elles émettent des théories.

« Ils sont arrivés à la salle des fêtes et ils se sont rendus immédiatement derrière, dans un petit coin. C’est ensuite que le gars s’est énervé. On aurait dit qu’il était venu chercher quelque chose et qu’il était énervé de ne pas l’avoir trouvé. C’est ensuite qu’il s’est embrouillé avec notre pote. »

Le club de rugby dans lequel jouent la plupart des victimes a organisé dans la semaine une forme de cellule psychologique. Beaucoup se sont vus prescrire des ITT de 7 à 11 jours, en raison du traumatisme subi ou pour des blessures survenues en prenant la fuite.

*Prénoms d’emprunt.

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