Pages

lundi 23 octobre 2023

[Chronique] Obono, LFI, l’islamo-gauchisme et la violence politique


 

 

Stéphane Buffetaut 22 octobre 2023

Les propos de Danièle Obono selon lesquels le Hamas est « un groupe politique islamiste qui a une branche armée […] qui résiste à une occupation » a provoqué un tollé dans la classe politique.

 M. Darmanin et l’association Jeunesse française juive ont engagé des actions judiciaires à son encontre pour « apologie du terrorisme ». Que l’on soit scandalisé par le propos étant donné l’horreur des crimes commis par les bandes du Hamas, véritables « colonnes infernales », est plus que légitime. Que l’on en soit étonné est étonnant.

Mme Obono et ses amis appartiennent à une mouvance révolutionnaire néomarxiste-léniniste et nombre de membres de LFI se revendiquent de Robespierre, y compris Mélenchon (entretien du 10/1/2017 pour Hérodote). Or, pour ces révolutionnaires, la lutte armée et l’élimination des adversaires sont légitimes. D’où le fait qu’ils comptent pour rien les ignominies de la République jacobine ou celles du communisme dont les victimes se montèrent à 100 millions de personnes pour le XXe siècle (Le Livre noir du communisme, Robert Laffont 1997).

Mme Obono applique donc sa lecture léniniste et wokiste à la situation de la Palestine et d’Israël dans un discours « décolonial » de la dialectique dominants/dominés, totalement hors de propos en l’occurrence. Le conflit entre Israël et la Palestine est en effet beaucoup plus complexe que cette vision binaire simpliste. Surtout, l’action terroriste du Hamas traduit d’abord une guerre de civilisation entre un islam conquérant - il l’a toujours été - et ce que l’on appelle la civilisation occidentale qu’incarne Israël. Le sort des Palestiniens, qu’il faudra un jour régler de façon équitable, est instrumentalisé pour nourrir cette guerre islamique armée dont l’instrument est la terreur.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que pour la gauche révolutionnaire, il y a de bons morts (les ennemis de classe) et de mauvais morts (les « camarades » tués par ceux qui ne voulaient pas se laisser conduire à l’abattoir révolutionnaire et résistaient). Or, il est légitime de résister, y compris par les armes, à l’établissement des régimes totalitaires. Il est très dommage, pour la Russie et l’humanité, que les Russes blancs n’aient pas vaincu Lénine et Trotski ou que Tchang Kaï-chek n’ait pas défait Mao. Comme on ne regrettera jamais assez que la révolution national-socialiste n’ait pas été étouffée dans l’œuf lorsqu’on le pouvait encore.

Jean-Paul Sartre, dans un entretien avec Michel-Antoine Brunier du 20 février 1973, pour le journal Tout va bien, expose très clairement ce qui reste le fond de la pensée révolutionnaire. À la question suivante : « Sans parler de combats de rue ou d’action à force ouverte, vous restez personnellement un partisan de la peine de mort politique ? », Sartre répond : « Oui […] un régime révolutionnaire doit se débarrasser d’un certain nombre d’individus qui le menacent, et je ne vois pas d’autre moyen que la mort […] Les révolutionnaires de 1793 n’ont probablement pas assez tué. »

Dans cette perspective, les positions de LFI, mâtinées d’antisionisme, ne sont guère surprenantes. Pour être honnête, dans un entretien du 11 octobre 2016 avec Toute l’histoire, Jean-Luc Mélenchon s’était déclaré opposé à la lutte armée, non pour des raisons morales mais pour des raisons pratiques, car les meilleurs révolutionnaires y laissaient la vie et que « la lutte armée n’a jamais rapporté la victoire, sauf dans le seul cas de Cuba ». Il pourrait lui être rappelé que Castro a fait cinq fois plus de victimes que Pinochet et que Cuba croupit toujours sous le joug d’une dictature communiste absurde et particulièrement totalitaire.

La posture morale de la gauche en général, et de la gauche révolutionnaire en particulier, est une des pires impostures de notre temps. Il est impensable que, pendant des décennies, une droite conformiste avachie et peureuse se soit soumise à cette imposture. Rien dans son Histoire, dégoulinante du sang des ses victimes, n’autorise la gauche révolutionnaire, marxiste-léniniste ou trotskiste à faire la morale à quiconque. Le temps de la soumission est révolu. Mme Obono aura au moins servi à ouvrir les yeux de ceux qui se laissaient aveugler.

1 commentaire:

  1. " Ce voir obligé de supporter cette épouvantable chose , et du domaine de l'insoutenable ; Vivement le grand jour ! KC "

    RépondreSupprimer

Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.