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jeudi 3 août 2023

Meurtrier présumé d’Enzo bientôt relâché ? Le laxisme de la justice des mineurs


 

 

 Clémence de Longraye 2 août 2023

« Le tueur de mon fils est actuellement en prison, mais il y a de grandes chances qu’il ressorte avant son jugement. » 

Dans un entretien poignant au Figaro, la mère d’Enzo, poignardé à mort pour « un mauvais regard » dans la plus grande indifférence, se désole de l’état de la justice des mineurs en France. « Imaginer qu’il puisse ressortir avant son jugement est pour moi insupportable. C’est inconcevable qu’il puisse continuer à voir sa famille, ses amis, à faire la fête et à vivre alors qu’il a retiré la vie [de mon fils] », regrette-t-elle. Car si le jeune suspect, âgé de 15 ans, a été interpellé et placé en détention provisoire, il peut d’ores et déjà formuler une demande de libération.

Le Code pénal des mineurs est très clair. La détention provisoire, le temps de l’enquête et d’un éventuel procès, doit rester l’exception. Lorsque le mineur poursuivi est âgé de 13 à 16 ans - ce qui est le cas du meurtrier présumé d’Enzo -, il ne peut être placé de façon provisoire en prison que dans un nombre de cas très limité. À savoir : s’il ne respecte pas son contrôle judiciaire ou s’il est soupçonné d’un crime. Mais là encore, « si le mineur est soupçonné d’un crime, il peut, en cours d’instruction, être emprisonné temporairement pour une durée de 6 mois qui peut être prolongée jusqu’à un an maximum », précise la loi. Quand on sait que le délai moyen d'une affaire ayant fait l'objet d'une instruction est de trois ans et demi, il y a donc de fortes chances pour que le meurtrier présumé d’Enzo soit remis en liberté avant un éventuel procès. Dès maintenant, le jeune suspect peut demander au juge des libertés et de la détention une remise en liberté. Une profonde injustice pour la famille d’Enzo. « J’appelle à l’aide pour que l’État revoie sa vision » de la justice, clame la mère du jeune adolescent sur ses réseaux sociaux. « Par respect pour les familles de victimes, faites bouger la justice. Ne laissez pas sortir un tueur avant son jugement », demande-t-elle.

Un sentiment d’impunité

Derrière ce sentiment d’une justice clémente - voire laxiste - envers les mineurs délinquants se cache une doctrine éducative plutôt que répressive. Ainsi, le site du service public nous apprend qu’« un mineur délinquant risque principalement d'être sanctionné par une mesure à vocation éducative plutôt que par une peine (amende, travail d'intérêt général, prison) ». Résultat : bien souvent, la condamnation semble bien peu proportionnée au mal infligé... « Ma fille de douze ans a été violée par un adolescent de 15 ans. Il a juste eu une lettre d’excuse à faire », s’indigne ainsi un père de famille au micro de RMC. De même, à Cannes, les adolescents, âgés de 14 et 15 ans, qui avaient violemment lynché Angèle, une octogénaire, ont écopé de seulement un an de prison avec sursis probatoire. « Une non-sanction au vu de la gravité des faits avérée », selon David Lisnard. Pour le maire LR de Cannes, cette sanction « ne respecte pas la victime et ne protège pas la société ». Et que dire de ces adolescentes qui avaient jeté de l’acide sur un policier, en 2018. Si l’une d’elles a été mise en examen, les deux autres ont été remises en liberté avec un simple rappel à la loi. La mineure poursuivie, âgée de 13 ans au moment des faits, « ne pourra faire l’objet d’une condamnation pénale […] étant donné son jeune âge », précisent les journalistes du Journal du dimanche. Plus récemment, après les émeutes qui ont embrasé la France au début de l’été, si quelques peines de prison ont été prononcées, la plupart des jeunes délinquants s’en sortent avec un stage de citoyenneté, quelques heures de travaux d’intérêt général, des restrictions de circulation temporaire ou un simple couvre-feu. Des sanctions loin d’être dissuasives… Et ce, malgré la demande de fermeté formulée par le garde des Sceaux.

Conséquence première de ce laxisme, l’ultra-violence ne cesse d’augmenter chez les jeunes. Harcèlement, trafic de drogue, conduite dangereuse, provocations contre les forces de l’ordre, agressions sexuelles, rixes mortelles, voire assassinats… Les adolescents, de plus en plus jeunes, forts de cette impunité, sombrent dans la barbarie. L’une des premières solutions serait sans nul doute d’abaisser la majorité pénale, comme le demandent une majorité de Français. La seconde serait de redonner à la justice son pouvoir répressif.

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