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vendredi 7 juillet 2023

Émeutes : le maire LR refuse de reconstruire les quartiers dévastés…

 

©Shutterstock

 Nicolas Gauthier 6 juillet 2023

 

À chaque fois, on prend les mêmes et on recommence. Les voyous brûlent leurs propres quartiers et l’on reconstruit derrière. 

Avec l’argent des contribuables ; ça aussi, ça ne change pas. Certes, il est coutume d’assurer que lorsque le bâtiment va, tout va. Mais de là à prétendre que notre société aille bien, c’est une autre paire de manches ou de baskets.

On dit nos compatriotes avides de changement et notre personnel politique prêt à nous l’offrir, sachant qu’il s’agit toujours d'un excellent produit d’appel pour tête de gondole. Au moins ne pourra-t-on pas reprocher à Julien Bachard, maire LR de Saint-Gratien (Val-d’Oise), d’avoir esquissé un pas en direction de ce même changement. Ainsi, dans une lettre envoyée à ses administrés du quartier des Raguenets, dont les décombres sont encore fumants après plusieurs nuits d’émeutes, il menace : « Tant que nous ne possèderons pas les noms, aucuns travaux de reconstruction ne seront engagés. Le seuil de tolérance est dépassé. »

Des réparations contre des informations

Comme on pouvait s’en douter, le tollé est immédiat. Surtout quand l’édile poursuit : « Qui va payer pour la remise en état de tous ces équipements brûlés, cassés, pillés ? Les Gratiennois ne sont plus prêts à payer pour des dégradations perpétrées par des bandes de mineurs que les parents ne surveillent pas et laissent agir sans réagir. » Ce qui se conçoit bien s’énonce généralement de façon claire et avec peu de mots. Si tel était le contrat, le voilà honoré.

Ensuite, l’émotion des consciences humanistes. Citée par Le Parisien de ce mercredi 5 juillet, une Gratiennoise s’interroge : « Ce qui s’est passé ces derniers jours est inadmissible. J’ai eu très peur et je comprends la colère du maire. Néanmoins, il aurait dû envoyer ce courrier à toute la ville et pas seulement ici. » Certes, quoique dans un souci d’efficacité il ne soit pas incongru d’envoyer prioritairement ledit courrier à ceux qui sont concernés de près plutôt qu’à ceux qui ne le sont que de plus loin. Même si, à la fin, tout le monde devra mettre la main à la poche. De son côté, un autre Gratiennois, manifestement encore plus déconnecté des réalités, s’insurge : « À part stigmatiser, cette lettre ne sert à rien. Pire, avec ce chantage à la délation, il y a un vrai risque que des gens balancent n’importe qui. » Voilà qui appelle au moins deux remarques.

La première, c’est que n’importe quel citoyen, témoin direct d’un acte délictueux, a le devoir civique d’en faire part aux autorités concernées.

La « délation », vocable ramenant immanquablement aux heures les moins lumineuses de notre Histoire, consiste à dénoncer les voisins pour ce qu’ils « sont ». Alors qu’ici, il s’agit d’alerter sur ce qu’ils « font ». La nuance est de taille. La seconde, c’est que sans le dire, ce maire courageux tente de briser la loi du silence régnant sur certaines enclaves. Tout comme le font les autorités italiennes depuis des décennies pour lutter contre une autre omerta. Ce qui présuppose qu’il faille protéger ceux qui osent dire tout haut ce que les autres taisent, les yeux grand fermés. Immanquablement, cela passe par l’anonymat des fournisseurs en renseignements et à leur éventuelle protection à venir.

Ce qui est fortuitement l’avis d’autres Gratiennois, ravis de cette initiative municipale d’un genre nouveau. Ce, au grand bonheur de Julien Bachard, qui confirme : « On appelle à des informations et elles commencent à arriver, car on ne peut pas toujours tout nous dire qu’on sait qui c’est et ne rien dire… Il y a un sursaut républicain. » Voilà qui relève du plus élémentaire des bons sens, sachant que dans ces quartiers gangrenés par la violence et les trafics, généralement le fait de minorités agissantes, la majorité des riverains, qu’ils soient ou non issus de l’immigration, n’en peut plus de vivre la peur tenaillée au ventre.

 

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